Le Mainichi Shimbun, le plus ancien journal japonais, a sorti une édition particulière de son quotidien : après l’avoir lu, il suffit de le mettre en terre, l’arroser, et quelques jours plus tard, des pousses puis des fleurs en jailliront.

Fondé en 1872, le Mainichi Shimbun est l’un des plus gros quotidiens vendu au Japon. Chaque jour il s’en écoule près de 5,5 millions d’exemplaires répartis en deux éditions (environ 4,5 millions pour celle du matin et 1 million le soir). Déjà distingué par le prix Pulitzer, il se démarque par des actions qui vont au delà des mots inscrits dans ces colonnes, sa devise l’exprimant clairement : « Le Mainichi n’agit pas uniquement en informant mais aussi en résolvant des problèmes d’ordre mondial ». À cet effet, il a notamment soutenu une campagne de dons en faveur de populations souffrant de la soif en 2014. Sa visibilité et cet engagement sérieux pour les questions environnementales furent sans nul doute des atouts décisifs pour l’agence de publicités Dentsu qui a travaillé avec le journal pour élaborer un « Green Newspaper » : le « Journal Vert ».

Un journal 100% écologique et recyclable a ainsi été mis au point. Il est imprimé sur du papier recyclé auquel on a incorporé de minuscules graines de plantes et de fleurs (coquelicots, mufliers, pâquerettes,..) qui ne gênent en rien la lecture. Certes, ce n’est pas la première fois que l’on incorpore des graines à du papier, le concept existe déjà en France et aux États-Unis sous les noms respectifs de « Growing paper » et « Botanical Paper Work » mais c’est la première fois qu’il est employé sur l’Archipel et dans un journal. De plus, adapter ce procédé à un papier aussi fin, pour un volume aussi important et un résultat 100% bio est une première mondiale. Une fois lu, il suffit de mettre le journal en terre dans un pot ou dans le jardin, d’arroser et d’attendre quelques jours que les graines germent ! Pas besoin de fertilisant car l’encre contenue dans le papier est d’origine végétale et joue le rôle d’engrais. C’est si simple qu’un enfant peut effectuer seul cette opération sous forme de jeu.

L’écologie à la japonaise pour les enfants et les adultes

Poursuivant sur sa lancée éducative, le journal en a profité pour s’inviter dans les écoles, offrant de sensibiliser les jeunes écoliers japonais à l’écologie et au recyclage. L’initiative peut paraitre relativement superficielle dans un pays connu pour sa société de surconsommation effrénée, son suremballage légendaire, le gaspillage des baguettes jetables (quoique de ce coté des solutions pointent) pour ne citer que ces quelques exemples. Mais le journal Mainichi Shimbun entend bien montrer la voie de la transition aux japonais.

Lancée pour la première fois à la date symbolique du « Midori no Hi » (Fête de la verdure célébrée le 4 mai), l’expérimentation avait été un succès : 4,6 millions d’exemplaires de cette édition spéciale avait trouvé preneur. Depuis, elle est régulièrement renouvelée : des exemplaires sont distribués gratuitement en nombre limité lors d’occasions spéciales. Et si l’on espère que tous les journaux auront été reconvertis en parterres fleuris, on souhaite tout autant voir ce genre d’initiative se développer et dépasser le cadre de la simple opération de communication évènementielle en soutien à une presse papier sur le déclin.

S. Barret


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Sources : lefigaro.fr / recyclingpoint.infoinfluencia.net