Pour éviter de l’abattre, la nouvelle gare a été tout simplement construite autour… Démonstration qu’un équilibre entre développement et respect du vivant est possible quand la population le souhaite et l’exige.

C’est une histoire vieille de 50 ans qui fait toujours parler d’elle. En 1972, les autorités de la ville de Neyagawa (au nord d’Osaka) ont décidé que la gare datant de 1910 devait être agrandie pour s’adapter à la hausse de la population et du trafic ferroviaire. La gare d’origine avait été construite à coté d’un camphrier unique vieux de 700 ans qui, comme la population, n’a cessé de croitre au fil des années !

L’ancienne gare de Kayashima en 1968

Problème : l’arbre beaucoup trop proche gênait les travaux d’expansion qui avaient été programmés. Car le développement industriel passe avant tout, les autorités ont alors envisagé de le raser. Et c’est ce qui serait arrivé sans la mobilisation de la population locale qui le vénérait, l’associant à une divinité locale et à un sanctuaire. Le tollé provoqué a finalement fait reculer les autorités, et les plans de la nouvelle gare ont été remaniés pour que l’arbre soit intégré dans le cœur du nouveau bâtiment. Aujourd’hui, de nombreuses années plus tard, il est possible d’admirer ce compromis urbain unique en son genre.

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L’arbre en question est considéré comme sacré par de nombreux Japonais et des rumeurs se sont propagées quand il fut question de l’abattre : quiconque touchait à l’arbre serait ainsi blessé. On raconta qu’un homme fut pris de fièvre après en avoir coupé une simple branche le jour même. Un serpent blanc, lié à des divinités shintoïstes, aurait été vu enroulé autour du tronc. On rapporta également que de la fumée s’élevait des branches du camphrier. Signes de la colère de l’arbre aux yeux de certains. Le mythe créé par ces rumeurs urbaines aura finalement permis de sauver l’écorce de l’arbre.

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À la fin des travaux en 1980, un autel shinto a même pris place à son pied (voir photos). Les voyageurs peuvent y prier après s’être purifiés dans un bassin d’ablutions installé à cet effet. L’arbre fut ceint d’une corde sacrée « shimenawa », signe que ce lieu est le territoire d’un kami (divinité shinto) et qu’il ne peut donc être détruit. Un panneau en explique l’histoire aux visiteurs de passage. La structure lumineuse et atypique vaut le coup d’œil.

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Une telle histoire aurait sûrement moins de chance de se produire dans un pays où le peuple n’est pas autant superstitieux et respectueux de la nature que le sont les Japonais (shintoïsme oblige). Cependant, le reste du Japon souffre de l’étalement urbain au point où même le très respecté Hayao Miyazaki s’est engagé pour préserver la Fuchi no mori d’un projet de construction, fameuse forêt ayant inspiré à l’auteur Mon voisin Totoro. il y a là un exemple édifiant qu’un équilibre entre le développement et le respect du vivant est possible ailleurs : il suffit d’en avoir la volonté ! Le reste n’est que de la technique palpé de décisions politiques. En tout cas, la gare de Kayashima s’enorgueillit désormais de son architecture unique au monde qui a su respecter la présence de ce gigantesque arbre.

S. Barret


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Sources : mymodernmet.com / spoon-tamago.com / julymcatee.com