La forêt Shiratani Unsuikyo sur l’île de Yakushima (préfecture de Kagoshima) est également appelée la « forêt de Princesse Mononoké ». Et pour cause, c’est elle qui aurait inspiré Hayao Miyazaki, qu’on ne présente plus, pour les décors de son long-métrage animé du même nom sorti en 1997. Découverte.

Parmi les thèmes abordés dans Princesse Mononoké, outre un féminisme marqué, la défense de la Nature est l’un des plus vivaces : les esprits de la forêt se révoltant contre la destruction de cette dernière et attaquant les humains responsables. Parfois, à voir l’état du monde, on aimerait que ces esprits existent… S’il doit exister une forêt à l’atmosphère envoûtante quelque-part dans le monde, susceptible de faire croire à la présence d’êtres surnaturels imaginaires en son sein, alors la forêt Shiratani Unsuikyo remporte sans conteste les suffrages. Les réalisateurs de Princesse Mononoké ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en y puisant l’essentiel de leur inspiration.

Cette forêt de cèdres est située sur l’île de Yakushima, au sud de Kyûshû, une région réputée pour son activité sismique. Hormis Okinawa, il s’agit d’une des îles les plus méridionales de l’archipel. Elle s’étend sur un peu plus de 4000 mètres carrés et 1300 mètres au dessus du niveau de la mer. Un climat subtropical a favorisé développement de la flore de l’île. Ici vivent des arbres millénaires loin de la folie humaine.

Et si la région semble avoir été intouchée par l’Homme, ce n’est en réalité pas vraiment le cas. À l’ère Edo (1603-1868) la construction de bateaux, pour lesquels le bois de cèdre était prisé, avait menacé de la faire disparaître. Mais elle fut restaurée à l’époque moderne et désignée comme parc national nippon. Une appellation qui lui assure depuis d’être totalement protégée contre toute nouvelle exploitation et destruction. Elle fut ensuite inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Source : instagram

La partie la plus célèbre de la forêt, qui a servi de modèle pour Princesse Mononoké, est une zone dense, à forte concentration en souches arbres et recouverte d’une mousse d’un vert vibrant. Cet endroit, nommé « kokemusi-mori », est fascinant de part toutes les nuances de verts qu’il propose. Parmi les arbres, on compte des spécimens qui sont parmi les plus vieux du Japon. Il est bien sûr interdit de couper ces cèdres millénaires et sacrés à qui l’on donne le nom de « Yakusugi ». L’un des arbres les plus vieux du monde a d’ailleurs planté ses racines à Shiratani Unsuikyo : on le nomme « Jômon Sugi » et son âge est estimé entre 2170 et 7000 ans. Mais il vous faudra marcher une dizaine d’heures pour avoir la récompense de le voir.

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Il est aujourd’hui possible de découvrir la forêt Shiratani Unsuikyo grâce à des parcours de randonnée aménagés moyennant un droit d’entrée de 300 yen (2,50€ environ) – forfait permettant de participer à la préservation des lieux. La forêt est d’ailleurs un lieu prisé des japonais depuis l’ère Edo. La parcourir, c’est aussi imprimer ses pas dans l’Histoire. Trois itinéraires d’une durée de 1h, 3h ou 4h sont proposés, mais nul besoin d’être un randonneur chevronné pour s’y rendre. Aller jusqu’au rocher Taiko (taiko iwa) par le chemin le plus long vaut particulièrement la peine de part la vue extraordinaire offerte qu’il offre sur le cœur de la forêt. Durant la balade, les randonneurs chanceux, mais surtout calmes et respectueux des lieux, pourront apercevoir des daims et des singes sauvages. À noter aussi que la forêt, difficile d’accès et éloignée de la capitale, n’est pas envahie de touristes, attirant principalement des Japonais amoureux de la Nature. On y croise ainsi rarement d’autres personnes, ce qui renforce l’immersion. Sachez enfin que les habitants de la région sont réputés pour être très accueillants.

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C’est probablement en ces lieux « magiques » qu’Hayao Miyazaki imagina ces mots d’introduction au film d’animation Princesse Mononoké : « C’était il y a bien longtemps, dans une contrée lointaine, jadis recouverte de forêts. En ce temps-là, l’esprit de la nature veillait sur le monde sous la forme d’animaux gigantesques. Hommes et bêtes vivaient en harmonie. Mais les siècles passants, l’équilibre se modifia, les rares forêts que l’homme n’avait pas saccagé furent alors protégées par des animaux immenses qui obéissaient au grand esprit de la forêt. C’était le temps des dieux et le temps des démons. »

S. Barret


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Sources : thevintagenews.com / japoncinema.com / tofugu.com / yesyakushima.com / japan-guide.com /