La gastronomie japonaise est reconnue à travers le monde. Dans « Bento Harassment », ce sont ces petits repas du quotidien qui sont mis en avant et donne du sel à un film touchant sur la relation parent-enfant.

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Bento Harassment est un film de Tsukamoto Renpei inspirée d’une histoire vraie et d’un blog.

L’histoire se déroule sur l’île isolée de Hachijojima, au large de Tokyo. Ici, pas de train, pas de konbini mais des volcans ! Nous y suivons Kaori (Shinohara Ryoko), une mère célibataire qui élève comme elle peu sa fille lycéenne Futaba (YOSHINE Kyoko). Celle-ci est entrée dans une phase rebelle et décide de l’ignorer complètement. Kaori décide alors de prendre des mesures pour communiquer avec elle et se venger. Elle se met à créer des messages dans les bento de sa fille.

C’est dans la boîte !

Le long-métrage se focalise sur une particularité quotidienne toute nippone : le bento. Il s’agit d’un petit panier repas qui est préparé par les parents pour leurs enfants, ou entre conjoints ou amoureux. Dans une boîte, vous trouverez un repas tout fait à déguster.

Important dans la culture japonaise, il est un modèle d’équilibre, avec du riz, des légumes, des viandes et poissons qui se complètent parfois pour donner vie à une scène. Bien sûr, c’est une grande marque d’attention et sa préparation demande du temps.

Bento Harassment

C’est autour de cette « coutume » que tourne le scénario de Bento Harassment. Puisque la communication ne se fait plus avec sa fille, Kaori passe ses messages par le biais des repas. Il faut voir la tête de Futaba quand elle les découvre. Même si cela la gêne, ce moment devient chaque jour une attraction dans sa classe. qui vont tant ennuyer sa fille. Pourtant, au lycée, les plats de sa mère font fureur.

Surtout, que la jeune Japonaise le veuille ou pas, les bento les rapprochent.

À la croisée des chemins

Bento Harassment se déroule en effet à un moment charnière de la vie des deux femmes. Futaba va entrer au lycée. Elle commence à se poser des questions sur son avenir… et sur les garçons. Pour sa mère, il faut réussir à se faire une place entre les émotions qui vont chavirer le cœur de sa fille.

Bien qu’elle ait deux emplois, elle trouve quand même le temps de faire ces bento. Y voit-elle les prémisses d’une transformation sur laquelle elle ne possède aucun contrôle ? Celle d’une adolescente ayant jusque-là besoin de sa mère en femme indépendante qui peut-être l’oubliera ?

Le long-métrage est un beau portrait de ce moment charnière qui éclabousse la vie de tous les parents. En écho, nous suivons également la relation d’un veuf tokyoïte avec son fils à l’école primaire qui pense encore que sa mère reviendra. Là encore, le bento sert de messager entre les deux.

Et si le film se veut chargé en émotion, il n’en oublie pas de nous raconter son histoire de manière bien originale.

Des ingrédients d’origine incontrôlée

Là où le film trouve son caractère unique, c’est en effet dans sa conception et sa mise en scène hautement créative. Tsukamoto Renpei s’amuse ainsi énormément et se permet toutes les fantaisies. Tout à coup, les SMS s’invitent au milieu de l’écran. Puis un doigt vient swipper l’écran. Certaines fois, les personnages s’incrustent dans des bulles de couleur pour faire des réflexions. Une autre, un faux générique démarre au milieu du film. Et là où il s’amuse encore plus, c’est quand il anime image par image l’intérieur des bento !

Ces moments de folie permettent au film de trouver son ton, tout en servant à merveille son sujet. Ces digressions narratives s’imbriquent effectivement dans l’histoire avec logique sans jamais sembler incongrus.

Comme Takano Tofu, Bento Harassment est une belle comédie émouvante et créative. Le film vous mettra souvent la larme à l’œil, mais vous fera tout autant éclater de rire. Le duo Kaori/Futaba fonctionne à merveille. D’un côté la mère courage un peu excentrique. De l’autre, la fille renfrognée et presque muette. Les étincelles sont partout à l’écran à chacune des scènes qu’elles partagent ensemble.

Le long-métrage est à découvrir gratuitement en streaming sur le site du Japan Film Festival du 31 octobre 2025 au 03 février 2026.

– Stéphane Hubert