En 2015 sortait discrètement le film d’animation « Miss Hokusai » qui retrace l’existence de O-Ei Katsushika, l’une des quatre filles du mondialement célèbre peintre Hokusai. Aussi talentueuse que son géniteur, O-Ei passera beaucoup de temps dans l’intimité de son atelier, perfectionnant sa technique et l’aidant parfois dans la réalisation de certaines de ses œuvres. Aujourd’hui encore, le mystère reste entier quant au nombre exact des œuvres réalisées de sa propre main. Le film, quant à lui, est un petit bijou visuel et profond comme seul le Japon semble pouvoir en produire.

Plongée dans l’art des estampes japonaises

Avec Miss Hokusai, c’est tout le Japon des XVIIIème et XIXème siècles (entre les ères Horeki et Kaei — moments de la naissance et de la mort d’Hokusai) qui revit sous nos yeux émerveillés. Le long métrage d’animation, plongeant dans l’univers des estampes japonaises de l’époque d’Edo (le Tokyo d’antan), nous fait revivre intensément une effervescence artistique qui bat son plein.

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Le monde du créateur de La Grande Vague de Kanagawa et des Trente-six vues du Mont Fuji y est retranscrit, nous laissant découvrir un personnage concentré sur son art, incroyablement créatif. Mais l’histoire consiste surtout en une biographie romancée de O-Ei Katsushika, jeune fille douée qui avance dans l’ombre de son père. Il s’agit d’ailleurs d’une adaptation du manga historique Sarusuberi, de Hinako Sugiura, réalisée par Keiichi Hara.

Les événements s’enchaînent, entre fantaisie, poésie et éléments biographiques. L’histoire est aussi celle d’une jeune fille qui se cherche, auprès d’un père dont la renommée marquera pour les siècles à venir la culture japonaise. Tout aussi passionnée que son père par leur art, O-Ei s’appliquera à se faire un nom à elle, tout en travaillant à ses côtés. Cependant, si sa technique est reconnue, ses dessins seront jugés comme manquant de sensualité. Le film revient également sur la vie de famille du peintre, notamment sa relation à une autre de ses filles, qu’il passera une bonne partie de sa vie à éviter, par peur de la maladie qui touchait l’enfant.

Une artiste dans l’ombre de son père

L’histoire de la véritable O-Ei est tout aussi intéressante que celle qui nous est contée par le dessin animé. Il s’agit là d’un personnage étonnant, précurseur de son époque. O-Ei peint, s’adonne aux plaisirs de l’alcool et du tabac, fréquente des milieux masculins habituellement fermés. Elle se donne corps et âme à son art, et envoie balader les qu’en dira-t-on dans un Japon où la femme n’est toujours pas l’égale de l’homme.

Si ses travaux sont aujourd’hui exposés dans certains musées, notamment au Museum of Fine Arts de Boston, O-Ei Katsushika a longtemps vécu dans l’ombre de son père, l’immense Hokusai. Parmi les nombreuses œuvres de l’ukiyo-e, il semblerait qu’à ce jour seulement une dizaine d’œuvres lui soient attribuées, un nombre certainement sous-estimé selon des experts.

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Il semblerait pourtant qu’à la fin de sa vie, Hokusai ait beaucoup collaboré, et été aidé par sa fille. Les dix dernières années de sa vie, notamment, ont été particulièrement prolifiques. C’est d’ailleurs à cette époque que La Grande Vague de Kanagawa fait son apparition. Certains se questionnent alors : dans quelle mesure O-Ei Katsushika a participé à ces travaux sans que ce soit rendu officiel ? Après la mort de son père, son nom semble avoir disparu. O-Ei n’a malheureusement jamais monté sa propre école.

Des historiens se sont penchés sur la question épineuse de cet étrange retour à l’ombre, incapables d’élucider le mystère avec exactitude. « De sa vie, on ne connaît pas grand-chose, elle a presque été gommée par l’Histoire », tels sont les mots du réalisateur du film qui lui est consacré. Quoi qu’il en soit, l’artiste au coup de pinceau exceptionnel a bien mérité aujourd’hui sa place dans les musées, au côté des œuvres de son maître et père pour l’éternité.

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Sources : spoon-tamago.comchaari.wordpress.com / telerama.fr