Installé depuis plusieurs années au Japon, Phil Couture, artiste peintre de talent, est tombé amoureux de la culture traditionnelle nippone. Les Maiko et Geiko qui déambulent à Kyoto, l’un des symboles majeurs du pays, sont devenues le sujet de prédilection de son Art. Le style à la fois épuré et très réaliste de ses tableaux sont à l’image de la sérénité qui nous saisit au regard de ces femmes au visage blanc. Dans une interview exclusive, l’artiste nous livre son admiration pour le pays du Soleil-Levant.

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Phil Couture – Meiko Katsuna

Phil Couture est né en 1984 à Drumondville, au Canada. Comme beaucoup de créatifs, son parcours d’artiste n’était pas tracé d’avance. Inscrit à l’âge de 16 ans dans une école d’art, il nous confie qu’à l’époque il est découragé par le style qui y est dispensé, trop abstrait : « l’art enseigné à l’école était trop abstrait, ce qui me lassait et m’a finalement poussé à quitter la formation ».

Ce n’est que quelques années plus tard qu’il renoue avec l’envie de peindre et de dessiner le monde : du jour au lendemain, il prend l’habitude de se rendre dans une clinique vétérinaire où il passe plusieurs heures par jour à reproduire des animaux. Désabusé par son expérience scolaire, il considère « avoir appris plus en visitant les musées à travers le monde qu’en classe ». Il nous explique que c’est surtout grâce à l’observation qu’il a acquis ses savoirs. Aujourd’hui, il réside à Kyoto, au Japon. « S’il y a bien une chose que j’ai appris à apprécier depuis que je suis ici, c’est l’esthétique et la simplicité japonaise, ainsi que l’imperfection et la modestie » s’empresse t-il d’indiquer.

C’est avec un émerveillement palpable qu’il nous parle de notre pays. Selon lui, le Japon est « l’un des pays les plus sûrs, les plus propres et les plus intéressants » qu’il n’ait jamais eu l’occasion de visiter. À plusieurs reprises, il souligne la richesse culturelle de l’archipel ; mais c’est en particulier la ville de Kyoto, là où il a déposé ses valises, qui lui tient à cœur. D’autant que dans cette région, connue par les touristes pour sa proximité avec la nature et les traditions, de nombreux arts japonais sont nés. Phil s’est naturellement épris des Geiko (et Maiko, leurs apprenties) qui circulent en ville au point d’en faire son dernier sujet de prédilection. Reproduites avec un réalisme saisissant, elles deviennent à travers l’huile les témoignages d’une culture unique.

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Phil Couture
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Phil Couture – Katsune (gauche)

Les Geisha, sources de mystères et de fascination

Ce n’est pas un hasard si Phil Couture s’est spécialisé dans la peinture de Geisha. Kyoto est la ville traditionnelle des Geisha (spécifiquement nommées « Geiko » à Kyoto) et c’est ici qu’elles sont les plus nombreuses. Elles habitent dans des hanamashi (花町), textuellement, des villes de fleurs. La plus connue d’entre elles, de part ses nombreuses Matchiya préservées, est celle de Gion. Le métier unique au monde de Geisha est né au début du 18ème siècle, soit relativement récemment dans la longue histoire du Japon. Nombreuses autrefois, elles ont pratiquement disparu aujourd’hui. En 1980 elles étaient plus de 17 000 mais leur nombre s’est rapidement réduit à 200 environ sous le poids de la modernité. Pendant leur période d’initiation, généralement entre la 15ème et la 20ème année de vie, on les appelle Maiko (舞妓). Particularité, jusqu’au début du 19ème siècle, le métier était également pratiqué par des hommes.

Littéralement, Geisha (芸者) signifie « personne qui pratique les arts » ! Ces dames de compagnie offrent leurs services artistiques à de riches clients, pour qui elle dansent, jouent de la musique et proposent des jeux. Le rôle des Geisha ne s’arrête pas là : elle doivent également posséder une bonne culture générale afin de pouvoir participer à tous types de conversation. Trop souvent, le métier de Geisha est associé à celui de prostituée dans l’imaginaire occidental. Contrairement à un cliché répandu, les Geisha n’ont jamais officiellement exercé la prostitution. Comme pour n’importe quel individu, l’acte sexuel n’est pas exclu avec une Geisha, mais à titre privé, sans obligation ou échange d’argent. Pourtant, certains continuent de répandre la rumeur selon laquelle il s’agirait « d’escort-girls » de luxe.

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Phil Couture
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Phil Couture

Il n’est pas possible de rater une Maiko dans la rue. Le regard est inévitablement happé. Elles sont vêtues d’un kimono luxueux, généralement de couleurs vives, et leurs cheveux sont très soignés. Malgré le prix élevé de cet habit, elles en possèdent toujours plusieurs, précieusement gardés. C’est à la manière dont est nouée leur ceinture qu’on distingue d’ailleurs une Geisha d’une Maiko, ainsi qu’à la couleur de leurs lèvres. Leurs coiffures sont également impressionnantes : les Geisha arborent les traditionnels chignons japonais. Ces coiffures singulières sont réalisées par un spécialiste chaque semaine. Afin de ne pas l’abîmer, les danseuses mettent un reposoir sous leur nuque pendant la nuit. Quant à leur maquillage blanc, caractéristique, il est fait à partir de poudre de riz naturelle.

Je tente d’inclure le nom de chaque femme que je peins (…). C’est une odyssée difficile pour devenir geisha et je veux honorer chaque maiko que je peins. – P. Couture

Comme chez d’autres visiteurs, le séjour de Phil Couture au Japon n’est pas sans impacts sur sa manière de voir le monde et de travailler son art. Phil, dont les œuvres originales sont disponibles sur Etsy, signale en particulier qu’il a appris à mieux apprécier les détails du quotidien depuis qu’il est au Japon. Selon lui, cette manière de voir le monde est propre aux habitants du pays. Et, effectivement, les japonais sont connus pour leur souci des petites choses qui font une grande différence. Il ajoute que la beauté des détails est une invitation à « ralentir et à apprécier les petits riens du quotidien ». Un appel à la simplicité volontaire ?

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Phil Couture – Maiko Ayaha
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Phil Couture
Phil Couture
Phil Couture

Sources : fascinant-japon.com / ici-japon.com / kanpai.fr / philcouture.com / wikipedia.org