Au Japon, quand l’ancien rencontre le neuf, on assiste à un concert détonant de beauté et d’originalité. Pleinement conscient de cette atout singulier, le gouvernement de Tokyo a axé toute sa communication sur ce paradoxe culturel à travers des clips qui mettent en parallèle modernité et tradition.

« Arts, cuisine, architecture, cette ville est une constante source d’inspiration. »

Quand le nouveau rencontre l’ancien – Tokyo Tokyo, marque et site officiel du gouvernement de la métropole, parie sur ce paradoxe unique pour attirer les touristes du monde entier à visiter la capitale. « Arts, cuisine, architecture, cette ville est une constante source d’inspiration. » souligne le site. Et ce n’est pas faux, partout où le regard se porte, on est frappé par la capacité des japonais à intégrer leurs traditions à la modernité. Pour vous en convaincre, une série de vidéos a été produite afin de mettre en perspective la modernité de Tokyo et ses traditions, et ainsi faire la promotion de la région. Deux visages pour une même ville, d’où : Tokyo Tokyo.

Ainsi ces vidéos nous invitent à découvrir une originalité culturelle et/ou une nouvelle zone de Tokyo à travers ces deux aspects d’apparence contradictoires. Par exemple, à Asakusa, la Tokyo Skytree coexiste avec la pagode du temple Sensô-ji. Ou encore le Maneki-neko (chat porte bonheur) en face d’Hello Kitty… C’est certain, le contraste est saisissant ! Un paradoxe que seul le Japon semble en mesure d’assumer ?

Un compromis marketing ?

Attention cependant à ne pas percevoir cette réalité avec naïveté. En effet, au Japon comme ailleurs, les traditions sont en net recul dans toutes les strates de la société. Outre le fait que les campagnes se vident au profit des métropoles, rares sont les artisans à pouvoir remettre le flambeau de leur spécialité à la jeune génération, attirée par la stabilité du salariat et des grandes entreprises. Par ailleurs, l’industrialisation galopante et la grande offre de divertissements « modernes » a généré les mêmes effets qu’en occident avec un recul de l’activité artisanale ou des pratiques culturelles locales.

À titre d’exemple, le nombre de geishas est en constante diminution, passant de 17 000 au début du XXème siècle à environ 2000 de nos jours (dont environ 250 à Kyoto). Il en va de même en matière d’architecture. L’appel de la modernité et les coûts importants d’entretien poussent les habitants à raser les anciennes habitations au profit de constructions contemporaines, de plus en plus inspirées du style occidental. Dites adieu aux tatamis et style nippon dans la plupart de ces nouvelles constructions. Comment s’assurer que le Japon traditionnel ne devienne pas une vitrine artificielle vidée de sa substance ? Les japonais eux-mêmes vont-ils faire perdurer ce fragile équilibre entre traditions et modernité ?

Si le phénomène semble inévitablement engagé, ceux qui portent au corps les traditions japonaises n’ont pas dit leur dernier mot. Sur le site officiel de Tokyo Tokyo, vous pouvez retrouver la série de courts reportages produits par le National Geographic.

PARTAGER