La période tant attendue des vacances est enfin arrivée ! L’occasion tant rêvée de visiter ce pays fascinant qu’est le Japon s’offre enfin à vous. Cependant, malgré la tranquillité apparente qui règne dans ce pays si paisible, les touristes demeurent la cible privilégiée d’une multitude d’escroqueries comme partout dans le monde. Afin de garantir des vacances agréables et d’éviter de vous faire plumer comme un pigeon, nous vous proposons ce petit guide pratique des arnaques à éviter pendant votre voyage au Japon.

Il convient bien entendu de souligner que le but de cet article n’est nullement de semer la peur parmi les voyageurs. Le Japon demeure l’une des destinations touristiques les plus sûres au monde. En 2022, il s’est classé à la dixième place du classement mondial des pays les plus sûrs pour la quatorzième année consécutive, affichant un taux de criminalité exceptionnellement bas. En outre, Tokyo a réussi à se hisser au rang de la ville la plus sûre au monde en 2019. Vous pouvez donc partir l’esprit tranquille !

En général, les Japonais se montrent extrêmement accueillants et n’hésitent pas à vous offrir leur aide de la manière la plus généreuse qui soit. Néanmoins, comme partout dans le monde, il existe des individus, des groupes et des entreprises malintentionnés qui tenteront de vider vos poches de manière illégale. Afin de vous prémunir contre ces escroqueries, Mr Japanization a dressé une liste des arnaques japonaises les plus courantes.

1. Les bars mafieux

Débutons par l’arnaque la plus courante et surtout celle qui vous coûtera le plus cher ! Dans certaines rues, notamment à Kabukichô et Roppongi au cœur de Tokyo (bien que ce problème touche pratiquement toutes les villes japonaises!), les touristes, en particulier, peuvent être accostés en pleine rue par des individus. Amicaux et avenants, souvent polyglottes, ils tenteront avec insistance de vous convaincre de les suivre dans un karaoké, un bar ou tout autre établissement de divertissement nocturne. Ils vous promettent de l’amusement garanti et des prix intéressants.

Ne les suivez surtout pas ! Ce conseil peut sembler d’une logique implacable, mais il ne faut pas oublier que dans l’euphorie des nuits nippones, sous l’emprise de l’alcool, il est facile de tomber dans un piège… aussi grossier soit-il. Notez aussi que ces rabatteurs ne sont pas forcément japonais ! Ils peuvent être français, américains, africains et présenter un sourire charmeur à toute épreuve. Ils sont évidemment payés à la commission !

Kabukichô, le quartier rouge de Tokyo. Crédits : Leng Cheng. Source : Flickr

Une fois dans le « bar » sombre et bruyant, vous vous retrouvez pris au piège. On vous servira rapidement des boissons hors de prix servies en grande quantité et sans que vous ne donniez votre accord et sans prix affiché sur les menus. Des personnes se chargent de vous divertir, parfois des hôtesses, afin de vous faire passer « un bon moment » mais surtout vous faire penser à autre chose. Le piège est d’autant plus « mortel » en groupe, alors que la responsabilité se voit diffuse. Très vite, on oublie la facture inéluctable qui ne tardera pas à tomber. Des sommes astronomiques que vous devrez de toute façon régler, sous peine de vivre un deuxième moment inoubliable…

Dans les pires des cas, certains établissements sans scrupules ajoutent discrètement des drogues dans vos boissons. Ces substances illicites faciliteront le passage en caisse… Quoi qu’il en soit, le réveil sera douloureux sur le plan financier, mais aussi psychologique. Qu’a-t-on bien pu vous faire subir durant cette période dont vous n’avez pratiquement aucun souvenir ? Le danger est particulièrement palpable pour les femmes, dont certaines rapportent avoir été violées.

Mais un exemple concret vaut mieux qu’un long discours. La chaîne YouTube américaine Abroad in Japan relate le témoignage de Laura et de son mari, un jeune couple britannique récemment marié, qui ont choisi le Japon pour leur lune de miel. Ils ont fait part de leur mésaventure à Kabukichô :

« Mon mari et moi étions au Japon et avons commencé notre voyage à Tokyo. Nous logions à Shinjuku et avions réservé à l’avance le Robot Restaurant pour le soir du dimanche. (…) Nous avons bu quelques bières pendant le spectacle et avons discuté avec quelques couples anglais assis près de nous. Après le spectacle, nous avons tous convenu avec les autres couples de continuer la soirée ensemble. Nous avons alors décidé de nous mettre à la recherche d’un bar karaoké.

Nous marchions dans les rues de Kabukichô depuis à peine quelques minutes qu’un membre de notre groupe, ni moi ni mon mari, engagea la conversation avec une personne dans la rue. Je n’ai pas entendu le contenu de la conversation, donc je ne sais pas ce qui a été proposé. Mais quoi qu’il en soit, nous nous sommes retrouvés dans un bar et avons été conduits dans une salle de karaoké. Nous avons commandé plusieurs plateaux de boissons pour le groupe. Mon mari a chanté un peu de karaoké, tout comme les autres membres du groupe, mais à ce moment-là, nous ne nous souvenons plus de grand-chose… Nous avons tous perdu connaissance !

La seule chose dont je me souviens, c’est que plusieurs heures s’étaient écoulées et nous étions toujours dans le même bar, mais dans une salle différente. Une hôtesse était assise pratiquement sur moi, et j’ai regardé vers mon mari, qui se trouvait exactement dans la même situation. Disons simplement que ces filles étaient extrêmement familières et faisaient des choses sur nous sans notre consentement.

Je me souviens également que le serveur est venu plusieurs fois avec des plateaux de boissons. Je me souviens d’être dans un état complètement « zombie », alors que je voyais mon mari embrasser une hôtesse, et moi je n’ai pratiquement eu aucune réaction. Donc je suis certaine que nous avons été drogués. Si j’avais simplement été ivre, j’aurais été en colère ou bouleversée de voir quelque chose comme ça se produire devant moi… mais au lieu de cela, j’étais étrangement immobile.

Après cet épisode, je me souviens seulement d’être dans un taxi en essayant de rentrer à notre hôtel. Je n’avais pas d’argent liquide dans mon sac à main et j’ai dû payer le taxi avec ma carte de crédit. Par miracle, nous sommes arrivés à l’hôtel. Le lendemain matin, j’ai regardé dans mon sac à main et j’ai découvert que ma carte de débit avait disparu, ce qui m’a incité à vérifier mes opérations bancaires en ligne.

Une transaction d’environ 2 500 dollars est apparue. Mon mari a vérifié son compte et il avait perdu la même somme d’argent, à peu près le même montant. Ensuite, j’ai vérifié ma carte de crédit et il y avait une autre transaction d’environ 1 000 dollars. Au total, entre nous deux, plus de 6 000 dollars avaient disparu de nos comptes. 6 000 dollars pour la pire soirée de notre vie…

Après quelques recherches et avec la gueule de bois la plus horrible de ma vie qui se dissipait, nous avons réalisé que ma carte bancaire était en fait dans le portefeuille de mon mari, et l’une de ses cartes était dans mon sac à main. Cela me fait penser que le personnel s’est probablement servi, les a volées, puis les a mises dans les mauvais portefeuilles. Le lendemain, nous avons signalé l’incident à la police, mais ils n’étaient pas particulièrement intéressés et nous ont dit de régler ça avec nos banques. Les banques n’étaient pas intéressées non plus, car elles ont déclaré que c’était une transaction autorisée et que nous devions régler ça avec le bar, ce que nous n’avions évidemment pas l’intention de faire ; car à ce stade, nous savions qu’il était probablement géré par une organisation criminelle.

Je ne connais même pas le nom du bar, il apparaît sur nos relevés bancaires comme le Primetime Bar, mais une recherche sur Google ne donne rien avec ce nom à Shinjuku. Voilà, nous étions alors impatients de quitter Tokyo… et maintenant nous sommes endettés ! »

Notez que cette arnaque organisée existe aussi avec certains restaurants ! Des jeunes femmes travaillant en collaboration avec ces restaurants sont payées à la commission pour rencontrer « par hasard » des touristes dans certains bars et leur proposer de manger ensemble dans ces lieux. La facture finale peut se compter en centaines, voire en milliers d’euros ! Si ces cas sont extrêmes, ils restent cependant assez rares, sauf dans les quartiers chauds concernés…

2. La fraude à la carte de crédit : un grand classique

D’une manière générale, soyez vigilant lorsque vous utilisez votre carte de crédit dans des établissements peu connus ou dans des zones touristiques animées. Des serveurs malhonnêtes pourraient tenter de dupliquer ou d’utiliser frauduleusement les informations de votre carte. En cas de doute, vérifiez toujours vos relevés de carte de crédit et signalez tout problème à votre banque dans les plus brefs délais. Une manière simple pour éviter ce type de désagrément est de régler en liquide dans les lieux douteux. Au Japon, il est encore très courant et répandu de payer en espèces.

3. Les fausses « geishas »

Les quartiers historiques comme Gion à Kyoto attirent de nombreux touristes intéressés par la culture des geishas. Il est tout à fait normal que les visiteurs se laissent captiver par les rues si typiques de Gion et souhaitent vivre une expérience authentique dans ces lieux enchanteurs imprégnés de culture et d’histoire. Mais attention : certaines personnes peu scrupuleuses peuvent se faire passer pour des geiko (le terme pour ‘geisha’ à Kyoto) et vous proposer des services coûteux en échange d’un moment unique. Il est important de rechercher des maisons de thé officielles et des lieux réputés pour des expériences authentiques.

Deux vraies maikos. Crédits : Kate Nevens. Source : Flickr

Expérience qui n’en sera que plus mémorable, surtout si l’on considère le nombre d’années de formation nécessaires avant de pouvoir prétendre être une geiko (voir notre dossier sur le sujet).

Si une geiko ou une maiko accepte spontanément de prendre des photos avec vous ou se anormalement très amicale, il est alors quasi certain qu’il s’agit d’une fausse. Harcelées par les touristes, les vraies geiko se font généralement très discrètes, restent loin des touristes, sortent uniquement si nécessaire et n’accéderont pas à vos requêtes, même si un coup de chance est toujours possible !

Le meilleur moyen est de se renseigner auprès des offices du tourisme et d’utiliser Internet afin de se rendre dans des établissements plus officiels qui ne manqueront pas de vous offrir des souvenirs merveilleux.

4. L’arnaque des cartes prépayées sur Tinder

Une autre arnaque courante se déroule sur l’application bien connue, Tinder. Les hommes sont principalement ciblés par cette escroquerie qui joue sur la possibilité d’agrémenter leurs soirées solitaires. L’arnaque commence par un simple match avec une « japonaise » prétendant être dans votre zone géographique et désirant assez rapidement avoir une relation sexuelle avec vous. Si vous acceptez, votre interlocutrice vous informera alors qu’elle se trouve dans une situation financière difficile, se présentant souvent comme une étudiante endettée. Elle vous proposera ensuite de tarifer cette relation sexuelle, ce qui n’étonnera pas vu la culture répandue des papa-katsu au Japon.

Si vous franchissez cette étape, un rendez-vous vous sera fixé devant un konbini. Mais une fois sur place, personne ne vous attendra, et vous recevrez un message de cette fille vous disant qu’elle a peur et souhaite une garantie de votre part avant de vous rejoindre. Elle vous demandera d’acheter une carte prépayée dans le konbini en question et de lui envoyer une photo du ticket de caisse pour prouver que vous l’avez achetée. Malheureusement, le numéro sur le ticket de caisse suffira au fraudeur – souvent un homme d’ailleurs – pour retirer l’argent de votre carte prépayée, vous laissant rentrer bredouille… et le portefeuille vide.

Il est rentré brocouille…

Pour éviter tout problème, il est préférable de mettre fin à la conversation dès qu’il est question d’argent. Beaucoup d’arnaqueurs utilisent de faux comptes Tinder pour soutirer de l’argent aux touristes et locaux.

5. D’autres arnaques moins problématiques mais courantes

En plus des arnaques mentionnées précédemment, voici une liste non exhaustive d’autres escroqueries moins préoccupantes mais néanmoins agaçantes :

L’arnaque au ticket de métro : Pas la pire et franchement évitable, celle-ci ne représente aucun problème significatif… mais vaut la peine d’être citée pour savoir comment réagir au cas où elle se produirait. Vous vous trouvez dans le métro, devant la machine pour acheter vos billets. Vous êtes perdus devant le plan montrant le réseau tentaculaire du métro de la ville que vous visitez. Soudainement, une personne agréable débarque et vous propose son aide. Rien d’étrange au Japon, tant les Japonais ont le sens de l’assistance envers les touristes en difficulté chevillé au corps.

De quoi s’y perdre ! Crédits : Petr Meissner. Source : Flickr

Seulement voilà : notre bon samaritain a un comportement étrange. Il vous tend la main et vous demande de le payer pour l’aide qu’il vous a apportée, et ce de manière insistante ! Pour vous en débarrasser facilement, refusez. Puis frappez à la petite lucarne à côté des distributeurs ou poussez le bouton d’appel, d’où sortira un employé du métro. Cela devrait suffire à faire fuir notre vilain petit escroc.

Si vous avez un doute, le plus simple est de demander de l’aide aux employés du métro. Pas d’arnaque par des personnes en uniforme. Cependant, dans plus de 99% des cas, la personne qui vous aidera le fera sans rien vous demander en retour. C’est une situation infiniment rare.

L’arnaque aux dons : il peut arriver qu’une personne, souvent d’origine étrangère et parlant bien anglais, aborde le sujet d’une organisation caritative et demande un don. Les personnes pratiquants cette arnaque ne sont généralement pas du genre persistantes. A moins d’une preuve concrète d’une ONG reconnue, ne donnez pas votre argent.

Les faux moines : Il est très courant de voir près des temples et des sanctuaires des moines se tenir debout le long des allées avec un petit bol. Ces moines attendent paisiblement et sans rien demander que les passants leur fassent un petit don. Libre à vous de donner à ceux-là, sachant que l’argent sera utilisé pour la communauté ou le temple. Il n’est seulement pas possible de garantir que tous les moines sont des vrais…

Vrai ou faux moine ? Crédits : Jennifer Feuchter. Source : Flickr

En effet, parfois, de faux moines viennent vous accoster et vous remettent en main un petit talisman. Parfois, ils vous proposent même une prière, suivie d’une demande de donation ! Ils sont souvent accompagnés d’un petit carnet montrant des noms et des montants de dons obtenus précédemment, qui sont bien entendu fictifs, avec des montants oscillant entre 10 et 100 €. Refusez, posez le talisman qu’ils refuseront de prendre, et partez. Ils ne pourront rien faire de plus.

Cette arnaque est assez courante en Europe, donc nul doute que vous saurez la détecter facilement. En général, la police japonaise ne laisse pas agir bien longtemps ce genre de faux moine.

Les sectes : L’arnaque la plus difficile à déjouer, qui vise plus les habitants que les touristes cependant. Une personne japonaise vous accoste en pleine rue avec un grand sourire, vous propose de l’aide pour votre séjour, vous pose pleine de question et semble très entreprenante. Parfois, la personne insiste pour vous emmener à une fête organisée par des amis, une occasion de vivre une expérience exceptionnelle au Japon ! Souvent, cet évènement se déroule en dehors de Tokyo, dans un lieu isolé, ce qui doit immédiatement vous alerter. Vous vous retrouvez rapidement dans le temple d’un groupe religieux extrémiste – mais en apparence bienveillant – dont le but est de vous recruter et vous sous-tirer de l’argent.

Profitez bien de votre séjour !

Vous voici armés et invincibles afin de passer le plus merveilleux des séjours dans ce si beau pays !

Bien que le contenu de l’article puisse interpeller ou sembler un brin alarmant, gardez aussi à l’esprit que les chances d’être victime de ces arnaques sont extrêmement basses. Le pays se classe parmi les destinations les plus sûres pour le tourisme, et l’hospitalité légendaire des Japonais vous frappera à coup sûr. Beaucoup de personnes se montreront amicales et tenteront même de vous aider si jamais vous avez besoin d’une quelconque assistance.

Centenaire d’Okinawa. Photo par Pascale Sury.

Fort de ces quelques conseils, vous voilà désormais bien averti des arnaques touristiques les plus courantes dans l’archipel. Et comme une personne avertie en vaut deux, nous vous souhaitons de profiter deux fois plus de ce séjour qui sera, nous en sommes convaincus, inoubliable !

Gilles CHEMIN