Pour les 70 ans de sa création, le monstre nippon s’offre un écrin majestueux et terrifiant avec Godzilla Minus One. Un cru exceptionnel que nous avons la chance de pouvoir découvrir au cinéma en France. Notre conseil ? Foncez !

Godzilla Minus One est un film réalisé par Takashi Yamazaki (Parasite, Lupin III : the first, Stand by Me Doraemon…).

Il se déroule en 1945, alors que la Seconde Guerre Mondiale touche à sa fin. Un pilote kamikaze nommé Kōichi Shikishima effectue un atterrissage d’urgence sur l’île d’Odo, prétendant une défaillance technique pour sauver sa vie. Tachibana, l’ingénieur en chef de la base militaire, découvre rapidement la ruse de Shikishima et le confronte sur son manquement aux devoirs militaires. Cette même nuit, une alarme retentit sur la base, signalant une attaque imminente.

Cependant, au lieu de l’armée américaine, c’est un monstre gigantesque, que les insulaires appellent Godzilla, qui émerge de l’océan et commence à ravager la base. Shikishima, tentant de combattre la créature avec les mitrailleuses de son avion au sol, est paralysé par la peur et incapable de tirer. Il s’évanouit et, à son réveil le lendemain, découvre qu’il a survécu à l’attaque avec Tachibana, qui lui reproche amèrement son incapacité à agir. Pourtant la vie continue, même si la menace n’est jamais loin.

Godzilla Minus One : un petit dans la cours des grands

Avant même de parler des autres qualités du film, nous nous devons de commencer notre retour par ce qui en fait une œuvre folle : ses effets spéciaux ! Godzilla Minus One en met en effet plein les yeux ! Avec un budget de production de seulement 15 millions de dollars, c’est une véritable prouesse technique que l’on doit à une petite équipe de seulement 35 personnes qui se sont occupées des 610 plans bénéficiant d’effets spéciaux !

Récompense suprême, le long-métrage vient de récolter une nomination aux Oscars dans la catégorie des meilleurs effets spéciaux. À ses côtés ? The Creator, Les Gardiens de la Galaxie Vol.3, Napoléon et Mission : Impossible – Dead Reckoning Part One, soit des œuvres ayant bénéficié de budgets entre 10 et 15 fois plus importants ! Même Hollywood tremble devant le monstre septuagénaire ! Et nous avec !

Frénésie visuelle magistrale

À l’écran, c’est en effet une fureur sans limite qui nous chatouille la pupille avec maestria ! Portées par une qualité sans faille et une image fourmillant de détails, les scènes de destructions massives sont incroyables. Le titre du film fait d’ailleurs référence à cette vague de désintégration. Après la fin de la seconde guerre mondiale, alors que le pays doit tout reconstruire, il repart en effet de zéro… Arès le passage de Godzilla, il se retrouve à moins un (=minus one).

Les bateaux et les trains ne résistent pas à sa rage et ses crocs acérés. Les rues de Ginza sont également détruites avec frénésie par le monstre qui n’épargne rien sur son passage, même pas le célèbre théâtre du quartier tokyoïte. Devant l’écran, nous avons presque l’impression que le sol tremble à chacun de ses pas. Mais ce n’est rien comparé aux moments où il nous montre autre chose que ses pieds.

Une menace nommée Godzilla

« Pour faire un bon film, il faut un bon méchant. » Si l’on se réfère à cette célèbre maxime, alors Godzilla Minus One a vu tout juste. La créature japonaise n’est pas là pour faire ami-ami avec les humains, bien au contraire. Son design fait froid dans le dos et le réalisateur s’amuse à nous glacer le sang à chaque fois qu’il nous oblige à regarder le monstre dans les yeux. Des plans hallucinants et traumatisants tellement nous sentons la fureur dans ses rétines sombres.

Son cri donne également la chair de poule, lui qui n’est autre que l’original réenregistré à travers des enceintes au son monté à fond. Et que dire de sa queue dont les écailles se parent peu à peu de bleu alors qu’il charge le terrible souffle atomique qui jaillit de sa gorge… Oui, Godzilla effraie autant qu’il fascine. Un sentiment qui était le concept directeur du réalisateur qui explique :

Il existe au Japon un concept appelé «tatarigami » (esprits qui apportent la calamité). Il y a de bons dieux et il y a de mauvais dieux. Godzilla est à moitié monstre, mais aussi à moitié dieu.

Nous, pourtant en sécurité sur nos sièges au cinéma, n’avons qu’une peur : qu’il sorte de l’écran pour nous écraser. Face à ses 20 000 tonnes, nous ne ferions pas vraiment le poids. Comme les protagonistes du film qui vont pourtant tout faire pour l’arrêter.

Quand une guerre fait suite à une autre

Godzilla Minus One est le premier épisode de la franchise japonaise -qui en compte 37- à se passer directement dans le Japon d’après-guerre. Le scénario signé par le réalisateur a l’idée intéressante de prendre un kamikaze ayant fui sa mission pour héros. Koichi doit ainsi vivre avec cet honneur perdu, cette honte, lui qui a choisi de survivre quand il aurait dû mourir. Pire, le pilote a l’impression que sa décision a coûté la vie à une escouade de mécaniciens alors qu’il se retrouva pétrifié face à Godzilla, incapable d’appuyer sur une gâchette qui n’aurait de toute manière rien infligé de bien grave à la cuirasse du monstre.

Le conflit mondial terminé avec la défaite de l’archipel, il se retrouve à accueillir Noriko, une voleuse et Akiko, un bébé, dans son abri de fortune. Pour les trois orphelins, l’existence reprend peu à peu un semblant de normalité, mais le jeune Japonais n’en démord pas : il ne pourra être heureux que quand il aura le sentiment qu’il est allé au bout de SA guerre. C’est là que notre ami écaillé intervient !

Le réalisateur/scénariste réussit à écrire des personnages touchants, ce qui n’est pas toujours le cas dans de tels films d’action. Ici, la destruction est presque autant dans les âmes que dans les rues. Il faut donc reconstruire comme on le peut. Koichi est interprété par Ryunosuke Kamiki. En France, nous avons plus souvent entendu l’acteur que vu. Il est en effet un collaborateur régulier des films d’animation de Makoto Shinkai, prêtant sa voix dans Suzume, Your Name et Les Enfants du temps. Le Japonais est très bon et bien entouré.

Mention spéciale à ces coéquipiers sur le dragueur de mines qui lui offrent l’opportunité de reprendre sa vie en main. La douceur des personnages de Noriko et de la petite Akiko aura également vite fait de vous faire couler quelques larmes.

Il y a donc de l’émotion dans Godzilla Minus One qui reste un très grand cru de l’épopée du géant japonais. Un grand spectacle dévastateur et prodigieux que l’on ne peut que vous recommander de découvrir sur un écran de cinéma. Devant le grandiose des effets spéciaux, le plaisir n’en sera que décuplé !

Stéphane Hubert