À chaque nouvel ouragan plus puissant que les précédents des voix s’élèvent : « c’est à cause du changement climatique ». En fait, c’est vrai, mais c’est pas aussi simple… Si l’impact du changement climatique n’est pas à négliger, les problématiques sont plus complexes qu’il n’y parait et différents facteurs jouent dans une équation complexe. De plus, les ouragans ne sont pas les seules catastrophes climatiques concernées par l’activité humaine, et s’y limiter serait une erreur. Moins connus du grand public, les tsunamis, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, peuvent aussi être influencés…

Si les récents ouragans Harvey et Irma ont été particulièrement destructeurs, d’une manière générale les saisons cycloniques qui se succèdent ne sont pas de plus en plus dévastatrices. Depuis maintenant sept ans, leur caractère destructeur est relativement stable. Toutefois, l’année 2017 est bien partie pour être la plus active et destructrice depuis 2010.

Que sait-on ? La puissance des ouragans dépend de divers facteurs, notamment de la température des océans : plus cette dernière monte, plus les ouragans qui pompent de la chaleur de l’eau seront violents. Lien de cause à effet, les scientifiques du Centre National de Recherches Météorologiques on justement noté une augmentation de +0,5 à +1°C dans les eaux de l’Atlantique en 2017. D’après les climatologues, on constate également une plus faible variation des vents que la normale, favorisant aussi des ouragans plus puissants. Des conditions propices que l’on peut rattacher à l’absence cette année d’El Nino, qui normalement freine la formation et la puissance des ouragans en déplaçant des courants d’eau chaude du Pacifique et les zones de précipitations.

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Il est aujourd’hui indéniable que le réchauffement climatique cause une augmentation de la température des océans. Cependant, certains spécialistes se veulent prudents. Selon eux, on ignore si le réchauffement impacte d’ores et déjà la puissance des ouragans qui touchent l’Amérique, l’Europe ou l’Asie. Le climatologue et directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace Hervé Le Treut déclare à ce propos : « Des études ont été menées et montrent que plus le réchauffement climatique sera important, plus les cyclones seront puissants et nombreux. Est-ce déjà le cas ? Il y a un soupçon très fort, mais cela reste un sujet de recherche qu’on ne peut pas trancher de manière définitive pour l’instant ». Pour d’autres au contraire, ce n’est pas une simple coïncidence si la puissance des cyclones s’accroit en parallèle de la hausse de température des océans partout sur le globe. Il faudra donc encore attendre quelques années pour avoir une confirmation. Mais à quel prix ?

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Moins médiatisés, d’autres phénomènes sont concernés !

À court terme en tout cas, la communauté scientifique s’attend à voir, non pas le nombre de cyclones augmenter, mais plutôt leur puissance maximale, avec tous les dégâts matériels et les pertes de vies humaines que cela engendrera immanquablement. Et le réchauffement climatique n’aura pas seulement des incidences que sur les ouragans, les vagues de chaleur, la fonte des glaces polaires et la montée des eaux, phénomènes les plus médiatisés.

Sont ainsi également concernés : les tremblements de terre, une menace à ne pas sous-estimer au Japon comme ailleurs. De prime à bord, le lien entre climat et géologie semble peu manifeste. Et pourtant, des chercheurs de l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Taipei ont mis en évidence le lien entre les typhons frappant Taïwan et l’activité sismique de la zone. Il apparait que les différentes pressions atmosphériques générées par les typhons permettent aux failles tectoniques de s’ouvrir plus profondément dans la croûte terrestre, générant des « petits » séismes de plus faible intensité. En résumé, les typhons pourraient agir comme des soupapes de sécurité. Une théorie confirmée, selon les chercheurs, par un plus faible nombre de séismes violents recensés aux confluents des plaques eurasienne et de la mer des Philippines par rapport à ceux qui frappent la zone du Japon.

Japan 日本 March 2011 — Tōhoku earthquake and tsunami (東北地方太平洋沖地震) 350

Toutefois, il a aussi été noté que de forts séismes ont suivi le passage d’ouragans comme à Haiti en 2010. Ces derniers, en déversant de fortes précipitations, auraient contribué à « lubrifier » les failles terrestres en profondeur, facilitant le déclenchement de tremblements de terre. Autre théorie, les pluies torrentielles ont pu causer l’érosion des sols, lui permettant de bouger plus facilement. Par exemple, le séisme qui a frappé le Népal en 2015 avait été précédé d’une forte mousson. Et non seulement les pluies et les inondations affectent les séismes, mais il semblerait qu’elles influencent également les éruptions volcaniques. Les scientifiques font ainsi le lien entre de fortes précipitations et les éruptions du volcan de la Soufrière dans les Antilles. Pavlof, un volcan situé en Alaska, réagit lui au changement du niveau de la mer en automne et en hiver.

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L’activité humaine n’est pas à négliger

Pour résumer, on peut affirmer que notre monde est régit par des mécaniques complexes dont nous percevons à peine l’importance. Certains phénomènes jouent ainsi un rôle dans le déclenchement d’autres et l’activité humaine peut y prendre tragiquement part. Un exemple concret, celui du Groenland qui, à cause du réchauffement climatique, a perdu 272 milliards de tonnes de glace au cours de la dernière décennie, perte qui d’après Andrea Hampel de l’Université de l’Institut Géologique d’Hannover « peut déclencher des tremblements de terre de moyenne à grande ampleur si la croûte au-dessous de la calotte glaciaire comporte des failles susceptibles de bouger ». Des séismes pouvant par la suite être à l’origine de tsunamis dans l’Atlantique, générant par effet domino d’autres phénomènes, tout étant lié…

Cette mécanique reste à ce jour peu comprise et peu prévisible. Cependant, conscients de l’intrication entre les différents phénomènes naturels balayant notre planète, on réalise combien il est difficile d’imaginer et de prévoir l’avenir. Certes, un pays comme le Japon est largement mieux préparé à ces catastrophes qu’ailleurs, notamment car le risque sismique est intégré à l’architecture depuis longtemps. Faut-il s’attendre à un effet domino avec en toile de fond le réchauffement climatique ? Difficile à dire aujourd’hui faute de confirmation scientifique. On sait cependant désormais que les séismes, éruptions volcaniques et autres conditions géologiques locales peuvent bénéficier d’un « coup de main » les faisant surgir plus tôt que prévu…

S. Barret


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Sources : www.lexpress.fr / www.theguardian.com