Frappée par le typhon Faxai en septembre dernier puis ravagée par le typhon Hagibis un mois plus tard, la préfecture de Nagano s’est déclarée ce vendredi 6 décembre 2019 en urgence climatique. Une première historique au Japon !

Par cette déclaration, la préfecture de Nagano rejoint la liste des 22 pays dont le Royaume-Uni, la France, le Canada et l’Irlande, et d’environ 1 200 municipalités comme New York et San Francisco qui ont fait de même pour lutter contre la crise du climat.

Il est à noter cependant qu’une déclaration d’urgence climatique n’oblige pas la réalisation de certains objectifs. Il s’agit d’une promesse non contraignante par laquelle le déclarant s’engage sur l’honneur – mais sans contrainte – à agir à l’échelle et à la vitesse nécessaires pour réduire les émissions de carbone, développer les énergies renouvelables et faire tout ce qui est possible pour lutter contre le changement climatique. C’est aussi une reconnaissance officielle que ces effets existent et que la région peut en être victime directement ou indirectement.

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C’est la succession de deux typhons particulièrement violents qui a motivé l’engagement de la préfecture de Nagano. Le 9 septembre dernier le typhon Faxai s’abattait sur le Japon avec des niveaux de pluie et de vent records provoquant inondations, dégâts matériels conséquents, la mort de deux personnes et des dizaines de blessés. Un mois plus tard, les 12 et 13 octobre, un second typhon de puissance exceptionnelle traversait l’Archipel : Hagibis. Une nouvelle fois il a été accompagné de pluies diluviennes causant des inondations, des dégâts considérables et la mort d’au moins 74 personnes (plus une douzaine de disparus et des dizaines de blessés).

Les spécialistes du climat estiment que le changement climatique mondial entraîne déjà une hausse de la fréquence des catastrophes climatiques et surtout les rend plus intenses. La notion même de « catastrophe naturelle » se transforme peu à peu en catastrophes semi-artificielles car accentuées par l’activité humaine. Dans un pays comme le Japon, particulièrement exposé aux typhons, les risques encourus ne sont donc pas à prendre à la légère. Avant la déclaration de la préfecture de Nagano, trois municipalités s’étaient récemment déclarées en urgence climatique : Iki (préfecture de Nagazaki) en septembre, Kamakura (préfecture de Kanagawa) en octobre et le village de Hakuba (préfecture de Nagano) mercredi 4 décembre.

Le fait qu’une préfecture s’engage peut laisser supposer que des mesures concrètes à grande échelle vont enfin être prises. On se rappelle que le Japon a promis de devenir neutre en carbone d’ici la fin du siècle et le gouvernement de Tokyo a l’intention d’atteindre cet objectif d’ici 2050. Pourquoi aucun des deux ne s’est alors déclaré en état d’urgence climatique ?

Mais si les autorités peinent à convaincre de leur engagement concret dans la lutte contre le changement climatique, les consciences s’ouvrent notamment chez les citoyens les plus jeunes. Les Japonais ont pris la mesure de la crise climatique que le monde traverse et sont de plus en plus nombreux à s’engager comme l’a montré le nombre de manifestants grandissant aux mobilisations lancées par le mouvement Fridays For Future (voir l’article de Poulpy à ce sujet).

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Aussi, les jeunes militants sont bien décidés à ce que la ville de Tokyo déclare l’état d’urgence médiatique. En ce sens ils ont déposé une pétition de 4 000 signatures. Mais la décision de la soumettre à l’assemblée métropolitaine a été reportée après que la commission de l’environnement ait manqué de temps lors de sa délibération… Un report symbolique du niveau d’engagement des autorités politiques, on fera oui mais plus tard, et pas à pas. Pourtant l’urgence est déjà à notre porte.

S. Barret


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