Le plus grand marché aux poissons au monde situé dans le quartier tokyoïte de Tsukiji a définitivement fermé ses portes ce samedi 6 octobre pour être déménagé dans le quartier de Toyosu où il sera rouvert le 11 octobre 2018. Pour rendre hommage aux travailleurs de ce marché né en 1935, un photographe français, Nico Thérin s’y est rendu dans ses derniers jours pour capturer des portraits à l’expressivité saisissante.
Réservé aux professionnels, le lieu qui brassait 2 000 tonnes de poissons par jour était néanmoins ouvert aux touristes devant respecter des règles strictes pour ne pas gêner les commerçants et les employés. Les touristes venaient notamment assister très tôt le matin à l’impressionnante vente aux enchères du thon rouge à la criée réservée à 120 personnes uniquement. Des quottas exigés par les professionnels face à l’afflux incessant de touristes. Ils pouvaient aussi visiter le marché intérieur et admirer les 500 variétés de produits de la mer proposées à la vente. Puis la balade de se conclure dans le marché extérieur où il était possible de prendre un petit-déjeuner dans un des restaurants de sushis, souvent bondés, dont les poissons ne pouvaient être plus frais !
La visite du marché de Tsukiji a été fermée le 28 septembre aux touristes mais dès le 13 octobre ils pourront de nouveau se promener dans les nouvelles allées du marché relocalisé à Toyosu. Le déménagement du site est lié aux Jeux Olympiques de Tokyo dont des infrastructures vont prendre la place. Les bâtiments vieux de 83 ans accusaient aussi des signes de délabrement et d’insalubrité (amiante, toits qui laissaient passer le vent, présence de rats d’égouts). Le marché avait grandement besoin d’être restauré, ce qui est fait maintenant qu’il a pris place dans des locaux neufs et modernisés du quartier de Toyosu. Mais en hommage à son histoire et à son ancienne localisation (et pour conserver la « marque » si connue des touristes), le nouveau marché portera le nom de « Tsukiji Uogashi« . L’atmosphère risque cependant difficilement d’y être la même.
De passage au Japon au moment où le marché de Tsukiji vivait ses dernières heures, un Français, Nico Thérin, a décidé d‘immortaliser les visages des ouvriers qui y travaillaient avec passion depuis parfois des décennies. Des employés émus par la fermeture de ce lieu emblématique. D’anciens employés sont même revenus faire leurs adieux au site. Certains, surtout parmi les plus âgés ont décidé d’arrêter le métier avec ce déménagement, alors que les plus jeunes ont migré avec optimisme à Toyosu, prêts à redémarrer de zéro et à écrire une nouvelle page de l’histoire du marché.
Nico Thérin rend ainsi un bel hommage à une atmosphère désormais révolue. Tokyo perd à nouveau une de ses plus belles richesses culturelles héritées des temps passés. Car ce déménagement ne se fera pas sans conséquences. Des restaurateurs regrettent l’éloignement du marché dont l’accès est désormais plus difficile faisant craindre une perte de convivialité et la fin des relations humaines, qui étaient dans l’ADN de Tsukiji. En effet, proche de Tokyo centre, certains s’y rendaient au petit matin parfois même en vélo ! Il faudra désormais s’y rendre en camion ou en voiture.
Terminées, également, les magnifiques photographies des travailleurs en action. Dans les locaux ultra-modernes de Toyosu, les touristes seront tenus à l’écart, confinés derrière des vitres pour voir les poissonniers. Si les nouvelles dispositions du marché sont nécessaires pour respecter des normes d’hygiène strictes, il n’empêche que le charme du marché s’est définitivement envolé. Seuls reliquats de ce passé, les boutiques & restaurants du marché extérieur restés à Tsukiji, mais dont l’avenir est incertain.
S. Barret
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Sources : spoon-tamago.com / boursedirect.fr / kanpai.fr / clicanoo.re / instagram de Nico Thérin
