« Le Roi cerf » tente de marcher sur les terres des plus grands noms de l’animation japonaise et arrive à les soutenir joliment du regard. Une première marche franchie avec courage qui propose une aventure riche et pleine d’émotions, lui annonçant avenir brillant sur la longueur. (Re)découverte à l’occasion de la sortie DVD/Blu-ray du film.

Le Roi cerf est le premier film coréalisé par Masashi Andō et Masayuki Miyaji. Les deux sont loin d’être des novices de l’animation et de purs produits du Studio Ghibli. Le premier a ainsi été directeur de l’animation sur Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro sur lequel le deuxième était assistant réalisateur. Ils adaptent aujourd’hui le premier tome d’une trilogie de romans de Nahoko Uehashi.

On y suit Van, valeureux guerrier du clan des Rameaux solitaires pourtant jeté en prison au fond d’une mine de sel. Robuste et combatif, lui et une fillette nommée Yuna sont les seuls rescapés d’une attaque de loups enragés. Hohsalle, médecin prodige de l’empire de Zol, est chargé de les traquer. Autour de ce trio, un virus appelé « mittsual » fait rage dans la population.

Le Roi cerf : une œuvre adulte

Autant prévenir dès le départ : Le Roi cerf n’est pas un film pour enfant mais plutôt pour un public adulte. Déjà de par la violence de certaines scènes, mais surtout pour son histoire riche aux nombreux embranchements. Il y a plusieurs peuples qui se sont combattus, des accords ont été trouvés entre les empires de Zol et d’Aquafa et il faut bien rester concentré pour savoir quel est aujourd’hui la position de chacun. Dans cette intrigue où se mêlent politique et trahisons, le passé n’est que faussement oublié et les nouveaux traités qu’un pansement éphémère qui n’attend qu’à être arraché par des doigts vengeurs.

L’intrigue se teinte également de surnaturelle avec cette force venue de la Terre, tantôt bénéfique, tantôt mortelle. Le thème de l’écologie et du respect de la nature n’est jamais loin, elle avec qui il est important de se sentir en résonance.

Difficile en voyant ces loups enragés attaquer de ne pas faire de parallèle avec Princesse Mononoké tellement l’œuvre d’Hayao Miyazaki a marqué l’histoire de l’animation. Le long-métrage de Masashi Andō et Masayuki Miyaji s’en inspire, oui, mais sait également offrir son propre univers et son propre style.

Une réalisation maîtrisée

Il est vrai que les deux réalisateurs aux manettes de Le Roi cerf ont eu la chance de travailler aux côtés du maître de l’animation japonaise. Ils en ont gardé cette force dans la mise en scène et ce dynamisme qui fait monter l’adrénaline durant les scènes de bataille et de combat. Le character design est très réussi et difficile de ne pas craquer pour la petite Yuna, adorable et fragile. Van n’y arrive pas lui non plus, elle qui lui rappelle un passé qu’il aurait pourtant préféré oublier. Cette enfant représente l’espoir d’une nouvelle vie démarrée sur les cendres de nombreuses douleurs.

Le long-métrage ne vous ennuiera pas une seconde et certains plans sont très beaux, notamment quand la magie se mêle au réel pour lui donner des éclats de rêve coloré. Pas avare en détails, l’intrigue est riche et dense. À la fin du film, on sent pourtant que l’histoire en a gardé sous le pied. Pas étonnant finalement si vous vous souvenez d’une des premières phrases écrites en début de cet article : il s’agit de l’adaptation d’une saga romanesque en 3 tomes. On espère donc que Le Roi cerf aura vraiment rencontré son public pour que l’on ait droit d’en découvrir la suite.

Votre serviteur est lui tout à fait prêt à repartir à l’aventure pour deux volets animés de plus et découvrir de nouveaux pans de cette mythologie singulière. En attendant, vous pourrez retrouver Le Roi cerf en DVD/Blu-ray à partir du 16 décembre. Un des meilleurs films d’animation de l’année avec Inu-oh et Belle.

Stéphane Hubert

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