On voit souvent les lycéens japonais comme soumis à leur direction. Dans le film « The Scoop », des apprentis journalistes prennent pourtant leurs stylos pour dénoncer les injustices.
The Scoop est un film japonais réalisé par Keiichi Kobayashi.
Nous y suivons Yui Tokoro, passionnée de littérature, qui s’inscrit dans un prestigieux lycée où la rumeur veut que l’écrivain qu’elle admire, mais qui reste mystérieux, soit un élève. Déterminée à découvrir l’identité de ce dernier et à gagner une place dans le club de littérature de l’élite, Yui infiltre le club de presse non autorisé. Sous la direction stricte de la cheffe excentrique du club, elle plonge dans le côté obscur de l’école et se retrouve prise dans un jeu d’espionnage et de révélations.
Pressé d’être journaliste
The Scoop nous montre un groupe de lycéennes qui se découvrent une passion pour le journalisme. Comme l’écho d’une vocation jusque-là endormie, elles se lancent alors dans cette quête d’histoires bien réelles à raconter. Kasane est une petite boule d’énergie prête à tout pour un scoop, encore plus quand il concerne des personnes de l’établissement.
Pourtant, Yui entre dans le club au départ comme un agent dormant du club littéraire. Elle va découvrir un autre monde dont elle ne soupçonnait pas l’attrait. Le film nous montre son parcours, sa surprise alors que son amour pour ce média grandit en elle.
Elle qui souhaitait écrire des fictions va être rattrapée par une émotion bien loin d’être imaginaire : la vérité !
The Scoop : pour ouvrir la voix !
En 2017, la journaliste Shiori Itō, victime de viol, racontait son calvaire dans son livre La Boîte noire. L’ouvrage eut l’effet d’une bombe au Japon, soulignant de nombreux manquements policiers pour gérer l’affaire et de la corruption politique pour l’étouffer. Si The Scoop existe, il ne fait nul doute que c’est en écho à cette lutte.
Le long-métrage nous parle ainsi du réveil des consciences. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour commencer à dénoncer les inégalités et les malversations. Dans un pays aussi hiérarchisé que le Japon, difficile de remettre en cause un supérieur. Encore moins quand vous êtes une femme qui dénonce les agissements d’un homme, ou un élève ceux d’un enseignant. Le film de Keiichi Kobayashi nous montre qu’un mouvement de révolte peut prendre place dès le lycée grâce au courage d’un groupe de jeunes qui ne veut plus se taire. Surtout que leur quotidien n’est déjà pas facile sans ça !
Un lycée fou fou fou
The Scoop décrit en effet le quotidien d’adolescents au lycée et tout n’est pas rose. Il faut arriver à se faire une bonne réputation ou à combattre la fausse que l’on nous colle. Il y a ceux qui veulent à tout prix briller sans se soucier de la manière à adopter pour arriver à leur but. Trahison, mensonge, vanité et faux-semblant saupoudrent ainsi une scolarité bien complexe. Les différences de statuts sont en plus bien marquées. Les membres de la classe avancée portent en effet leur nœud rouge autour du cou alors que le tout-venant doit se contenter d’un nœud bleu.
Même si le sujet central du film est assez grave, The Scoop n’en oublie pas les moments comiques et plus légers. Le jeu d’acteur rappelle d’ailleurs parfois, dans ses exagérations, les personnages d’animé. Seul Takashima Masahiro -qui incarne le proviseur- est clairement un peu trop en roue libre.
Autre point noir, la musique est parfois trop envahissante et, surtout, pas très inspirée. Elle rappelle les dramas télévisuels et on s’attendait à une attention plus poussée pour une production destinée au cinéma.
Ceci mis de côté, The Scoop est un bon film japonais au message important à faire passer sur le rôle primordial des voix qui dénoncent, que ce soient celles de journalistes ou de lycéens. Aucun crime ne doit en effet rester impuni et tapi dans le silence.
The Scoop est disponible en streaming gratuit sur le site du Japanese Film Festival jusqu’au 31 octobre 2025. Ne manquez pas non plus au cinéma Super Happy Forever, toujours à l’affiche en France.
Stéphane Hubert
