Si vous aimez les dauphins, on ne peut que vous encouragez à fuir les parcs et aquariums présentant des spectacles mettant en scène ces créatures (et autres animaux marins). La réalité de la captivité pour ces animaux est un calvaire et loin de l’image complice du dresseur et de l’animal, les tours que les dauphins effectuent sont le fruit d’une contrainte. Pourquoi il ne faudrait voir des dauphins uniquement dans leur milieu naturel.
Parce que justement les piscines des delphinariums sont tout sauf l’équivalent du milieu naturel des dauphins.
Un dauphin est un animal hyper-sociable qui vit naturellement en groupe d’une centaine d’individus sur un territoire de plus de cent kilomètres en moyenne. Une piscine dont il relie les bords en quelques brasses est l’équivalent d’une baignoire – et encore – à son échelle. De plus, l’eau très chlorée dans lequel il baigne qui lui cause des problèmes de peau et respiratoires, qu’on soignera à grand coups de médicaments.
Conséquence de cette vie en cage, loin des congénères qui formaient sa famille, l’espérance de vie des dauphins captifs est divisée par deux. Alors qu’il atteint entre 50 et 60 ans dans la nature, un dauphin en captivité vivra à peine la moitié de ce temps. La faute au stress permanent que cet état contre-nature lui fait subir. Stress qui peut pousser un dauphin à se mutiler voire à adopter un comportement suicidaire en se jetant contre les parois de sa prison ou en dehors.
Les tours sont une forme d’esclavage, pas un amusement
Les spectateurs peuvent s’émerveiller devant la complicité apparente entre les dauphins et leur dresseur, il ne s’agit que d’une illusion. Si les dauphins exécutent docilement les tours qui leur sont demandés, c’est parce que le dresseur les tient par la faim. Un tour réussi = un petit poisson en récompense. Une fois qu’un dauphin est rassasié, il cesse d’obéir. Il n’a pas la volonté de faire plaisir à l’humain comme le chien domestiqué qui obéit à son maître par exemple.
Pour les dresseurs il s’agit donc de doser avec parcimonie la nourriture tout au long de la journée pour s’assurer la réussite des spectacles programmés. Un dauphin en représentation est un dauphin tenaillé par le manque de nourriture. On casse le mythe, mais Flipper le dauphin, volontaire et amical, n’existe pas, quand bien même le succès de cette série télé dans les années 60 a crée l’engouement pour les parcs à dauphins.
Le dresseur de Flippeur est devenu leur plus farouche opposant
Richard O’Barry, l’ancien dresseur qui était responsable des cinq dauphins incarnant le rôle mythique, milite désormais contre la captivité des dauphins. La réalité du traitement cruel infligé aux dauphins captifs l’a heurté de plein fouet le 21 avril 1970 lorsque l’un des cinq « Flipper » est mort dans ses bras. L’homme est intimement convaincu qu’il s’agit d’un suicide. Dès le lendemain il créait son association Dolphin Project qui lutte depuis 40 ans contre la capture et l’exploitation des dauphins. Il les a fait découvrir au grand public via le documentaire The Cove, la baie de la honte mettant au grand jour les conditions dans lesquelles les dauphins sont « prélevés » dans la nature en particulier dans la ville japonaise de Taiji. Une ville désormais tristement célèbre pour le massacre de dauphins qui s’y déroule chaque année.
Aller dans un delphinarium c’est soutenir indirectement des massacres comme celui de Taiji
Pour remplir leur établissement de dauphins, les propriétaires achètent à prix d’or (plus de 100 000€) les plus beaux dauphins que les pêcheurs ont rabattus. La reproduction en captivité étant difficile, c’est le moyen le plus rapide de remplir son delphinarium sous couvert de « sauvegarde » et « d’étude » de l’espèce. Mais à quel prix ? Dans son article consacré au massacre des dauphins de Taiji, nous avions détaillé comment les pêcheurs locaux emprisonnaient les dauphins pour sélectionner d’une part ceux destinés à la revente pour les parcs aquatiques et d’autre part ceux qui seraient tués pour la consommation de leur viande (pourtant peu prisée des Japonais). Les dauphins qui ont « la chance » d’être relâchés sont séparés de leur groupe, ont parfois été blessés et été soumis à un stress tel qu’ils peuvent en décéder.
Ne plus aller voir les spectacles c’est couper la demande
Si le public n’est plus demandeur de spectacles, l’offre se tarira d’elle-même. Le seul moyen de s’opposer efficacement à la captivité des dauphins reste le boycott de masse des établissements qui en détiennent. Les dauphins ne sont qu’un moyen de gagner de l’argent pour un parc et le cas échéant si ce dernier est amené à fermer on a pu voir l’ampleur du réel attachement des propriétaires à leurs animaux : au Japon un parc animalier a ainsi été fermé avec des dizaines d’animaux dont un dauphin abandonnés dans leur enclos. Ils étaient promis à mourir de faim si d’anciens employés n’avaient pas bénévolement continué à s’en occuper en prenant sur leur argent personnel.
Pour voir des dauphins heureux, la solution existe et elle est simple : il faut aller à leur rencontre dans leur milieu naturel. Il est possible de se rendre en bateau dans des espaces protégés (notamment en Méditerranée, mais au Japon également) pour y croiser des dauphins qui, habitués à la présence de l’homme, viendront d’eux-mêmes nager aux cotés des humains. Dès lors pourquoi se rendre dans des delphinariums où ils sont torturés et malheureux toute leur vie ?
S. Barret
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Sources : blog-les-dauphins.com / ladolphinconnection.com / reporterre.net