En janvier dernier, le parc aquatique d’Inobusoku à Choshi dans la préfecture de Chiba fermait soudainement ses portes. Depuis, de nombreux animaux y sont laissés à l’abandon dont un majestueux dauphin. Des militants lancent l’alerte.

Un dauphin qui tourne en rond seul dans un bassin qui n’est plus entretenu. C’est l’image choc qui résume à elle seule le drame que vivent des animaux du parc d’Inobusoku depuis le début de l’année : un dauphin, quarante-six pingouins, des centaines de poissons et reptiles ont été livrés à eux-mêmes après la fermeture du parc due à la baisse du nombre de clients. Une faillite notamment précipitée par le tsunami de 2011.

Les animaux abandonnés montrent des signes inquiétants de stress d’après des spécialistes. C’est particulièrement vrai concernant le dauphin femelle, baptisée Honey, seule dans son (trop) petit bassin d’eau sale, dont la survie pourrait être menacée à court terme. Atteinte de stéréotypie (trouble du comportement causé par la captivité), elle agite la tête convulsivement dans et hors de l’eau et de plus sa peau se retrouve brûlée par le soleil puisqu’elle ne peut plonger profondément pour s’en protéger. Elle avait intégré le parc après avoir été capturée en 2005 à Taiji, lieu tristement célèbre pour son traditionnel massacre annuel de dauphins. Recluse dans un bassin à peine plus grand qu’une piscine, on peine à imaginer la détresse subie par l’animal abandonné dont l’intelligence et la sensibilité ne sont plus à démontrer.

Sans le soutien d’ex-employés concernés qui viennent bénévolement les nourrir sur leurs propres économies, les animaux seraient tout simplement morts de faim dans l’indifférence des anciens dirigeants du parc. Malgré la dévotion dont ces bénévoles font preuve (aidés par des membres de l’association Animal Rights Centre), ils ne peuvent correctement s’occuper des animaux tant la tâche est colossale et couteuse : ainsi, sans soins adéquats, la peau des pingouins se couvre de poussière. L’eau des aquariums n’est plus nettoyée correctement, ni les vivariums entretenus. De plus, les bénévoles ne pourront pas continuer à nourrir les animaux indéfiniment sans aide financière. Un dauphin en captivité doit théoriquement manger de 5 à 8kg de nourriture par jour pour vivre ! Mais avec l’appui d’associations de défense des animaux telle que « Save The Ocean« , les voix s’élèvent enfin pour demander que les animaux soient déplacés dans d’autres structures adaptées comme l’ont été les autres animaux du parc.

Les gérants du parc ont déclaré ne pas avoir les moyens de déplacer les animaux restants. Autant asséner froidement qu’ils étaient condamnés à mourir lentement de faim, sacrifiés sur l’autel de l’indifférence. D’où la décision d’Animal Rights Centre de diffuser ces images chocs afin d’alerter l’opinion avant qu’il ne soit trop tard. Des images qui font mal au cœur mais un mal bien nécessaire pour faire changer cette situation scandaleuse et encourager les autorités locales à réagir et les anciens responsables du parc à prendre leurs responsabilités. Autorités qui jusque là avaient fait la sourde oreille face aux demandes répétées des associations et aux 1400 lettres & mails envoyés par des citoyens japonais concernés…

L’indignation est toutefois montée sur les réseaux sociaux suite à la publication de ces informations : les internautes ont lancé le hashtag #SaveHoney, une manifestation – infiniment rare au Japon – a même eu lieu à Shibuya et les médias ébruitent l’affaire. Des pétitions ont été mises en place pour demander la prise en charge des animaux dans les plus brefs délais et que Honey soit libérée dans un sanctuaire marin. La préfecture a déclaré que des discussions sont en cours pour déplacer les animaux mais qu’aucune décision n’a encore été arrêtée. Espérons que suite aux révélations publiques de cette terrible affaire une solution sera trouvée au plus vite. Une fois encore, la forte médiatisation d’une tragédie semble être la seule solution pour faire bouger les choses.

S. Barret


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Sources : theguardian.com / arcj.org / 20minutes.fr / 24matins.fr / youtube.com / ohmymag.com