Le Japon, ce n’est pas que Tokyo, Kyoto et les autres grandes villes dans lesquelles s’entassent des millions d’âmes. Dans « The Zen Diary », un homme retourne à la campagne et retrouve l’harmonie d’un monde qui l’inspire.

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The Zen Diary est un film japonais de 2022 de Yuji NAKAE, réalisateur de Nabbie’s Love. Il est adapté d’un roman de Tsutomu MIZUKAMI.

Nous y suivons Tsutomu (Kenji SAWADA, chanteur du groupe culte des années 70 « The Tigers »), un homme qui vit seul dans les montagnes, écrivant des essais, cuisinant avec les légumes qu’il cultive et les champignons qu’il cueille dans les collines. Il y reçoit la visite occasionnelle de Machiko (Takako MATSU, croisée dans l’excellente série Netflix Quartet), son éditrice, qui le harcèle pour son prochain manuscrit. Elle adore manger et il adore cuisiner pour elle. Tsutomu semble satisfait de sa vie ordinaire, même si quelques événements viennent perturber sa routine.

Au rythme des quatre saisons

The Zen Diary se déroule sur une année entière. C’est donc dans les pas de Tsutomu que nous marchons. Parfois dans la terre, d’autres dans la neige. L’écrivain a trouvé la retraite parfaite à la campagne. Il n’est ainsi pas déconcentré dans son quotidien tranquille. Ses compagnons, ce sont la nature et son chien.

Le film est une ode à la vie lente et simple, dénuée de parasites pour la concentration. L’écrivain trouve pourtant à s’occuper et s’affaire pour rendre son quotidien des plus apaisants. Il a tout ce dont il a besoin pour nourrir son âme… et son corps !

Une vie à la carte

Le Japonais est en effet un fin gourmet mais ne veut pas bousculer l’ordre naturel des choses. Avec sa narration sur 12 mois, le long-métrage nous montre ainsi qu’il ne cuisine qu’avec les légumes qu’il cultive lui-même.

The Zen Diary

Ce qui n’est pas une mince affaire puisqu’il faut faire avec les mésaventures d’une récolte qui pourrait se montrer perturbée par les actions d’animaux en tout genre. Il doit également se promener dans la nature, les forêts et les bambouseraies pour trouver certains ingrédients.

Et s’il arrive à remplir aussi facilement son assiette, c’est grâce à l’éducation qu’il a reçue il y a bien longtemps.

The Cuisine Diary

Ce savoir culinaire lui est en effet resté depuis qu’il était moine novice dans un monastère bouddhiste de Kyoto. Même s’il n’y est resté que quelques années, jamais il n’a oublié ce sentiment de quiétude et d’harmonie avec la nature né de la cuisine. The Zen Diary nous montre ainsi l’importance de la nourriture dans l’équilibre et la vie de tous les jours.

Elle nous accompagne en toutes circonstances, dans les moments joyeux comme les au-revoir. Elle apaise les esprits et se partage, liant pour quelques heures celles et ceux qui se retrouvent, ensemble, autour d’une table. « Le goût et les odeurs ravivent inopinément les souvenirs. » confie l’écrivain. Une maxime parfaite pour lui qui trouve toujours de la compagnie quand il s’agit de s’approcher des fourneaux.

The Zen Diary : chronique lente et vivifiante

Même si le film est une ode à la vie lente, son scénario n’en est pas moins fort en rebondissements et réflexions. Yuji Nakae a su ainsi créer des personnages qui vont faire évoluer le quotidien pourtant bien réglé de Tsutomu. Il y a déjà Machiko, son éditrice, qui trouble les sentiments de l’écrivain, veuf depuis 13 ans. Serait-il prêt à partager à nouveau sa vie avec une femme ?

Pour l’instant, il s’occupe surtout de sa belle-mère. Poussant le principe de la vie simple encore plus loin que lui, elle vit recluse dans une toute petite cabane. Elle n’a besoin de rien de plus qu’un peu de riz et du poivre sanshō pour faire son bonheur. La relation qu’elle partage avec son gendre est pleine de respect.

La narration se fait beaucoup par voix off. Tsutomu philosophe, pense à la vie, à la mort, à l’importance des choses. The Zen Diary est ainsi une magnifique escapade dans la campagne japonaise. Une bouffée d’oxygène que l’on regarde apaisé. Le cœur léger, nous sommes simplement heureux d’avoir passé deux heures -que l’on n’a pas du tout vues passer- en compagnie de l’écrivain. On est juste un peu déçu de ne pouvoir s’asseoir à sa table.

The Zen Diary est à retrouver en streaming gratuit sur le site du Japanese Film Festival jusqu’au 31 octobre.

Stéphane Hubert