Récemment, Poulpy flânait dans les ruelles de Kichijoji quand son regard fut accroché par des œuvres exposées dans une galerie. Il tombe immédiatement sous le charme de ces tableaux représentant principalement des chats dans d’amusantes situations humaines. Nous avons rencontré l’artiste qui se nomme Mai Ono pour vous présenter son travail.

Source : instagram

Le dessin, Mai le pratique depuis l’enfance. Une passion qui l’a conduite à se spécialiser en design au lycée et à l’université où elle apprit aussi l’art de l’illustration. Elle a la chance de faire de sa passion son métier : après ses études, elle est engagée pendant près de deux ans dans une entreprise qui produit principalement des annuaires avec les écoles. Depuis, elle travaille comme graphiste dans un bureau d’études.

Elle nous confie y apprendre beaucoup de choses sur la publicité, la conception de sites Web, la conception de personnages… Mais la fibre artistique pure l’anime toujours et en parallèle, dans le privé, elle réalise des peintures originales avec systématiquement des chats comme sujet principal.

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Pourquoi les chats ? Mai nous explique avoir passé la majeure partie de son enfance entourée d’animaux. Une relation à « cinquante-cinquante » selon son expression s’était installée entre elle et les chats ainsi que d’autres animaux. Mais avant même de s’en rendre compte, elle étudiait naturellement les chats, essayait de leur plaire, de les comprendre. Puis elle réalisa (comme nombre de propriétaires de chats) que ces derniers la manipulaient à leur propre profit ! Pour Mai ce fut une prise de conscience qui eut un grand impact sur sa vie et éveilla son esprit, comme elle l’affirme : 

« J’ai deviné que les chats sont sages comme personne, qu’ils peuvent contrôler les humains, qu’ils sont au sommet de la chaîne alimentaire. »

Après cette « révélation » elle fut attirée par l’influence qu’ont les chats sur les humains. C’est là qu’elle va commencer à les prendre pour modèles dans ses peintures. Grâce aux chats, elle sent qu’elle peut tout réaliser même si, au fond, elle manque de confiance en elle.

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En plus de mettre en valeur ces félins domestiques, l’œil averti du spectateur aura tôt fait de remarquer que les peintures de Mai font très souvent référence à la culture japonaise. Un intérêt que l’artiste explique par sa fascination pour les sanctuaires shinto et les temples bouddhistes qu’elle aime visiter pour en savoir plus sur les rituels et la culture mystique qui entoure ces lieux. L’idéologie animiste qui anime le shintoïsme l’attire particulièrement ainsi que la culture des fantômes qui en est issue.

Chez Mai, il en ressort un mélange d’admiration et de crainte face à l’incertitude des choses invisibles. Ses sentiments se retrouvent évidemment dans sa démarche créatrice et la dirigent même. Ainsi, elle déclare  : « Je peux dépasser mes attentes et rendre les choses plus attrayantes avec mes œuvres pour exprimer ces sentiments et ces chats qui attirent tant les gens. »

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Quand on lui demande laquelle de ses œuvres est sa préférée, elle répond sans hésiter : « Yokozuna ». Une peinture qu’elle met en relation avec l’évolution de la ville de Tokyo : la mégalopole change constamment à un rythme incroyable et avec une puissance écrasante telle que la ville inspire fiabilité et fierté. Mais d’un autre côté, à l’inverse, ce changement si rapide et en continu provoque un sentiment de peur indescriptible et d’insécurité. Il faut constamment apprendre à rester en équilibre pour ne pas sombrer. Et pourtant, les japonais ne se précipitent-ils pas tous à Tokyo dans l’espoir d’y trouver la stabilité ?

« Yokozuna »

« Yokozuna » représente le chat (« animal aux capacités telles que ces félins ont réussi à contrôler de nombreux Japonais ces dernières années »), poussé en avant avec l’éléphant qui est l’animal terrestre le plus fort. D’où le rappel du titre de l’œuvre qui signifie également « le plus fort ». Le chat a l’air fier et assuré, alors qu’il fait aussi ressentir de la crainte. Car étant toujours un prédateur, l’Homme peut devenir une cible, s’il baisse la garde. Mai conclut par ces mots :

« Si vous RESSENTEZ DE LA CRAINTE DEVANT ma peinture, j’ai réussi à exprimer mon paysage imaginaire A TRAVERS LA SITUATION à Tokyo. »

Avant de nous quitter, Mai a tenu à adresser un message à nos lecteurs francophones :

« Bonjour à tous, je suis ravie de vous rencontrer ! Je vous serais reconnaissante si vous, tant ceux qui aiment les chats que ceux qui ne les aiment pas, vous intéressiez à mes peintures. Je n’ai jamais été en France auparavant. Je serais ravie de parler avec des artistes et des amoureux des chats qui vivent en France si j’ai un jour l’occasion de m’y rendre. Je suis sûre que je pourrais découvrir un nouveau charme insoupçonné chez les chats. J’attends vraiment ce moment avec impatience ! »

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Pour suivre Mai Ono sur les réseaux : son site internet, twitter, instagram.


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