Voici le premier épisode sous-titré en français de la nouvelle « série » Dragon Ball, du nom de Super Dragon Ball Heroes, lancée ce juillet 2018 au Japon. Mais son accueil sur les sites spécialisés est unanimement mitigé avec des critiques assez virulentes notamment par le Journal du Geek. En effet, les épisodes sont courts, l’histoire est amenée trop rapidement et semble manquer globalement de cohérence et de profondeur. La raison est très simple : cette nouvelle série est une adaptation d’une borne d’arcade japonaise destinée aux enfants. Explications. Disclaimer : cet article s’adresse aux amateurs de l’univers Dragon Ball.
Une borne d’arcade avant tout !
Si on repassera sur le niveau de pertinence de juger si négativement une série à son premier épisode, prenons une minute pour comprendre l’origine de Super Dragon Ball Heroes. ドラゴンボールヒーローズ est un jeu-vidéo d’arcade lancé au Japon le au Japon. On trouve son adaptation sur Nintendo 3DS depuis 2013. Cette borne d’arcade à la grande particularité d’être basée sur une série de cartes à jouer représentant les fameux personnages de l’univers Dragon Ball. Chaque carte comporte une puce RFID avec les données du personnages : HP, force, garde et ses compétences spéciales. Quand on place une carte sur l’écran inférieur de la borne, le personnage prend vie à l’écran. De manière inédite, Dragon Ball Heroes concilie la collection de cartes, dont certaines sont très rares (jusqu’à 200 euros pièce), au jeu-vidéo proprement dit. On évolue à travers l’histoire en terrassant les divers ennemis de l’animé tout en cherchant à gagner les cartes les plus fortes et à constituer ainsi son équipe de 7 héros (on reviendra en détail sur la borne dans un autre article).
Mais très vite, le nombre de personnages disponibles s’est vu limité et Bandai Namco n’a pas hésité à créer de nouveaux personnages dans toutes les directions à la fois, avec de nouvelles « mini-histoires » pour conserver le gameplay sur le long terme et un semblant de cohérence. Inévitablement, ces histoires semblent parfois tirées par les cheveux pour les puristes. Il s’agit déjà de la seconde édition matérielle de la borne et on ne compte plus les saisons et les histoires proposées par le jeu. C’est par exemple sur cette borne qu’on découvre pour la première fois un Trunks en Super Saiyan 3 ainsi que d’autres personnages dans des situations totalement nouvelles, dont plusieurs Goku d’univers différents qui vont s’affronter ou encore un super Buu avec une boule de cristal incrustée dans le torse. Ainsi, le premier épisode publié ce début juillet 2018 n’a absolument rien de nouveau, de surprenant ou d’original pour les joueurs de Dragon Ball Heroes. La plupart des images et l’histoire sont déjà connues des fans japonais. Tout au mieux, il donne vie au jeu-vidéo. Les fans francophones n’ayant pas joué à cette borne, exclusivement disponible au Japon, se posent des questions sur ce drôle d’OVNI. Et pourtant, l’histoire prend tout son sens pour les joueurs de Dragon Ball Heroes. Une bonne part des images utilisées dans le premier épisode sont d’ailleurs déjà visibles (ou étaient) sur les écrans des bornes en question.
Le premier épisode sous-titré
https://www.youtube.com/watch?v=beCUXL6vtvo
Dragon Ball Heroes, au Japon, c’est pour les gosses ! (enfin presque)
Pour comprendre cette série, il faut oser se plonger dans le contexte japonais. Ainsi, ils reprochent à la nouvelle série d’être une sorte publicité géante pour la borne d’arcade en vue de sa promotion, et son introduction éventuelle à l’échelle mondiale. Peut-être. On lui reproche également d’être trop simpliste et d’offrir une histoire très peu recherchée. Oui, certainement. On dit enfin que la série introduit trop de personnages rapidement et des « méchants » en veux-tu en voilà sans queue ni tête : Totalement ! c’est le principe même de la borne dont il est la source, et (pour une fois) pas l’inverse ! Et c’est peut-être ce qui perturbe autant certains fans. Mais parlant de cette borne à l’origine de la série, à qui est-elle destinée au juste ?
Aux enfants ! Oui, officiellement, Dragon Ball Heroes est avant tout destiné aux tout jeunes japonais, même si on peut voir des adultes y jouer. En effet, plusieurs choses l’indiquent : Premièrement, les bornes sont systématiquement placées dans la zone des très jeunes dans les Taito japonais. Il y est d’ailleurs interdit d’y fumer. On peut les trouver à côté des bornes Pokemon ainsi que des jeux destinés aux petites filles de 5 à 10 ans… On les croise également dans certains centres commerciaux pour occuper les enfants pendant que les parents font leur shopping. Ensuite, le jeu lui-même est très basique (mais pas forcément simple). Il n’y a que 3 boutons sur la borne, et le plus souvent un seul doit être utilisé pour jouer. Le but du jeu est de simplement frapper le bouton au bon moment, quand la jauge est pleine. Oubliez les supers combats à la Dragon Ball Fighter Z. Vous devez juste taper un bouton et mouvoir vos cartes. Enfin, la borne elle-même est conçue au ras du sol pour que les enfants puissent jouer debout.
Le type de vidéos visibles dans le jeu
Naturellement, des adultes passionnés y jouent également avec plaisir, rien ne l’interdit. Certains japonais y passent des heures. C’est un plaisir. Mais les bornes pour adultes sont à taille d’homme et les jeux sont beaucoup plus complexes. Bref, si beaucoup d’entre nous ont été bercés par Dragon Ball et en gardent un bon souvenir, au Japon, cet univers transposé en jeu vidéo est PRINCIPALEMENT destiné aux enfants. La série Dragon Ball Heroes, adaptée d’un jeu pour enfants, est donc… adaptée pour les enfants. Il ne faut donc pas s’attendre à une histoire intellectuellement développée. Dragon Ball Super, la précédente série, est d’ailleurs globalement plate et ne titille pas vraiment l’intellect adulte, même si on aime beaucoup ! surtout par nostalgie d’une enfance révolue ?
En résumé, la vague de critiques survenue à la sortie de Dragon Ball Heroes, dont l’épisode sous-titré est déjà disponible, est hors de propos. L’univers DB n’a pas évolué avec l’âge des fans et reste destiné aux jeunes et très jeunes japonais. C’est une réalité qu’on découvre avec étonnement en vivant au Japon. On ne peut pas critiquer le manque de profondeur d’un univers conçu sur base d’un jeu d’arcade proposant un seul bouton d’action (en dehors des mouvements de cartes). Dès lors, pour les amoureux du genre, donnons une chance à Dragon Ball Heroes de faire ses preuves sans le regarder avec un œil adulte.