Un an après sa sortie au Japon, le vieux continent a enfin la grande chance de découvrir « Goodbye » sur ses toiles de cinéma. Véritable coup de cœur, ce nouveau film d’animation japonais nous embarque dans une quête initiatique délicate et douce-amère à l’animation magnifique. Embarquement pour un petit avant-goût…
Goodbye est le deuxième long-métrage d’Atsuko Ishizuka après No Game No Life : Zero. La réalisatrice s’était fait connaître jusque-là avec la série A Place Further than the Universe .
Dans son dernier film, nous suivons Roma, un jeune garçon fils d’agriculteur qui vit à la campagne dans la région de Kanto. Avec son ami d’enfance Toto, ils se font appeler les « DonGlees ». Comme chaque été, ils organisent un petit spectacle de feux d’artifice près de la forêt. À l’issue de sa première année d’école préparatoire pour devenir médecin, Toto retrouve enfin sa région natale où son père a ouvert un hôpital. Un nouveau venu, Drop, se joint au club des DonGlees pour filmer avec son drone le spectacle vu du ciel. Mais cette fois-ci, rien ne va, les feux d’artifices ne fonctionnent pas et le drone est emporté par le vent. Au même moment, un feu de forêt se déclenche pour une cause indéterminée. La toile s’affole et blâme les DonGlees pour cette catastrophe. Roma, Toto et Drop partent donc à la recherche du drone pour prouver leur innocence.
Goodbye : une odyssée entre deux mondes
Le film nous entraîne dans cette aventure au milieu du Japon rural où les vertes et luxuriantes forêts entourent les villages dans lesquels les adolescents peuvent parfois se sentir à l’étroit. Notre trio est à un croisement de l’existence. Celui où l’insouciance de l’enfance disparaît peu à peu pour laisser place à l’angoisse du monde adulte et de ses responsabilités. Que deviendront-ils après le lycée ? Une question à laquelle il est difficile de répondre quand on ignore au départ qui l’on est vraiment. Dans Goodbye, chaque personnage emmène avec lui dans cette quête d’un drone perdu un bouleversement psychologique invisible qui ne demande qu’à le désarçonner.
Roma doit-il partir à Tokyo ? Toto s’épanouit-il dans ce projet de prendre la suite de son père en tant que médecin ? Et Drop, quel est donc ce « trésor » dont il parle souvent ? Pour lui, tout être humain doit en avoir un à pourchasser pour donner un but à sa vie. Sous couvert d’une traversée bucolique aux nombreuses et éprouvantes surprises réservées par la nature environnante, les trois amis se rapprochent, apprennent et se découvrent eux-mêmes chaque seconde de ce voyage inattendu et en tout point splendide.
L’appel de la forêt
Goodbye est une vraie réussite technique et les panoramas verdoyants sont à couper le souffle. Nous nous approchons de plus en plus d’un rendu photoréaliste, et le studio Madhouse (Paprika, Piano Forest, Summer Wars…) fait une nouvelle fois très fort. Les animations sont également à la hauteur et la 3D sait se faire très discrète. À la réalisation, on sent qu’Atsuko Ishizuka aime son trio et elle se place au plus près de leurs visages et de leurs émotions pour que l’on n’en perde aucun sourire ni aucune larme.
Si la première heure se veut plutôt classique dans son intrigue, la réalisatrice nous prend par la main avec confiance sur la fin pour que nous nous envolions avec elle à destination d’un autre monde. Nous découvrons alors un univers plus mystique et empreint d’un onirisme qui finira de nous convaincre que son long-métrage est une très belle surprise.
On ressort enchanté et bouleversé de ce Goodbye qui touche en plein cœur ; portrait mélancolique et tendre d’une jeunesse qui n’a que trop conscience que la sienne ne durera pas.
Diffusé au cinéma en France depuis le 18 janvier, le film est distribué par Eurozoom qui nous offre une nouvelle pépite après La Chance sourit à madame Nikuko et 7 jours, autre film au sujet fort sur les adolescents japonais.
Stéphane Hubert