Au cœur de Tokyo se tiennent régulièrement des « brocantes » sur le même principe que nos marchés aux puces occidentaux mais en mode Japon. Cependant, ces rassemblements diffèrent par la richesse culturelle des objets qu’on y trouve ainsi que l’originalité dont peuvent faire preuve les brocanteurs dans leurs installations pour mettre en avant leurs objets. Petite visitée atypique.

En vivant au Japon, nous avons pu observer l’amour des japonais pour le « seconde main » (autant que pour la société de consommation par ailleurs). Naturellement, on pense d’abord aux fameux BOOK OFF qu’il est possible de trouver pratiquement à chaque grande station ou localité (près de 1000 magasins dans l’archipel). On y trouve principalement des milliers de livres, des films et des jeux-vidéos à des prix assez raisonnables bien que l’attrait pour le vintage, ainsi que l’afflux de touristes, aient poussé les enseignes proches du centre à gonfler leur prix.

Si, hier, il était possible de trouver un jeu des années 80, en boite, dans un état impeccable, pour moins de 200 yens (1,80 euros), aujourd’hui leur prix a été multiplié par dix quand leurs homologues contemporains flirtent juste en dessous du prix du neuf. MODE OFF, HOBBY OFF ou encore HARD OFF, l’art de la réutilisation touche désormais tous les secteurs de la consommation. Il est d’ailleurs conseillé de quitter le centre de Tokyo pour visiter ces même enseignes isolées. On y trouve des choses identiques à moindre prix et sur des surfaces largement plus importantes. Cependant, il reste rare d’y trouver des objets plus traditionnels de la culture japonaise.

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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm

Nous nous sommes ainsi penché sur les brocantes et marchés aux puces de la capitale. Assez rares, il faut l’avouer, il existe cependant deux grands rassemblements réguliers au cœur de Tokyo. Le premier (150 exposants) se déroule à Yoyogi Park, près de la station Keyaki Namiki à des dates très aléatoires et lors de certains congés annuels. Le second, considéré comme le plus grand marché antique d’extérieur de l’archipel, est tenu au Tokyo International Forum à Marunouchi dans l’arrondissement de Chiyoda chaque premier et troisième dimanche du mois. Comptabilisant quelques 250 exposants, idéalement situé, c’est celui-ci que nous avons visité. Naturellement, il en existe d’autres, et il est très courant d’en croiser l’été dans certains parcs où même à l’intérieur de maisons privatisées.

Le marché « antique » tenu près du Forum International, dont l’entrée est libre, vaut bien la demi-journée de visite tel un musée dépaysant à ciel ouvert. Ici, oubliez les jeux-vidéos, on y trouve principalement des objets de la vie quotidienne passée, des bijoux, des plantes, des petits meubles et des œuvres d’art de l’univers japonais, chinois, indonésien,… Si 80% de l’emplacement est destiné aux objets typés asiatiques, on croise des choses étonnantes qui ne manqueront pas de surprendre l’européen… Ainsi, les vieilles tasses à café de votre grand-mère, un simple cendrier en éteint ou encore nos vieux couverts en inox (qu’on ne saurait revendre à 50 cents à Paris) prennent ici une valeur nouvelle dans l’espoir d’une autre vie, un peu comme un gaijin lâché en plein Roppongi à la tombée de la nuit.

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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm

Sans surprise, et les quelques ustensiles occidentaux mis à part, cette brocante japonaise nous plonge dans un autre monde, une autre époque, un autre état d’esprit. Les objets qu’on y croise sont aussi variés qu’étonnants. Les robots y côtoient les Nomen, ces masques traditionnels du théâtre japonais Nô. On y trouve autant de Katana anciens et armures du samouraï que des figurines et jouets de la fin du siècle dernier. Sur quelques mètres carrés, entre les bonzaïs et les pots de terre, se concentre toute l’âme japonaise et son histoire riche de valeurs et symboles forts.

On ne restera également pas indifférents à la manière même dont ces milliers d’objets sont agencés. Chaque brocanteur semble prendre un soin méticuleux à placer les objets sous leur meilleur jour. On a ainsi beaucoup plus l’impression de visiter un musée à ciel ouvert qu’un simple marché aux puces. Parfois, ce sont les marchands eux-mêmes qui valent le détour et, quand ils ne sont pas débordés, ils prendront le temps de répondre à vos questions et vous expliquer l’origine des objets qu’ils vendent.

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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm

Enfin, en matière de prix, il n’y a aucun règle. Il est autant possible de trouver l’objet de vos rêves à quelques yens qu’une statue antique à quelques centaines de milliers de yens. Les imports US ou européens pourront nous sembler anormalement trop chers. Rien de plus normal. Mais si vous voulez ramener un souvenir authentique qui ne soit pas en plastique et n’ait pas été fabriqué à Taïwan, on vous conseillera définitivement de faire un détour par un marché aux puces japonais.

En attendant de pouvoir visiter par vous-même, si ce n’est déjà fait, on vous partage quelques clichés capturés cet automne dans différents marchés de la capitale tokyoïte.

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Photographie @ Mr Japanization / Lens : 70-200mm 2.8
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : 70-200mm 2.8
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm
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Photographie @ Mr Japanization / Lens : New Petzval 85mm