Alors que les Jeux de Rio viennent à peine de se terminer, Tokyo se prépare déjà à accueillir l’édition 2020 des Jeux Olympiques. Son comité organisateur, quant à lui, compte bien rendre ces Jeux uniques en y intégrant des composantes écologiques et durables. Première étape : les médailles offertes aux champions seront réalisées à partir de métaux recyclés ! Une première.

Recycler des téléphones portables pour en faire des médailles

L’idée du comité, qui a été annoncée fin août par le média japonais Nikkei, est la suivante : utiliser les composantes métalliques que l’on trouve dans les téléphones portables pour réaliser les médailles d’or, d’argent et de bronze des prochains Jeux Olympiques. Il s’agit pour les organisateurs de tirer avantage de cette « mine urbaine » que constituent les millions de téléphones portables jetés chaque année. Et à n’en pas douter, des téléphones, ce n’est pas ce qu’il manque sur Tokyo.

Si l’on en croit les estimations opérées par le comité japonais, les déchets électroniques sont tout à fait en mesure de procurer les métaux rares nécessaires à la production de toutes les médailles, Jeux Paralympiques compris. En effet, le pays générerait près de 650 000 tonnes de déchets liés au petit électronique et à l’électroménager. Une quantité faramineuse, qui permet au pays de récupérer chaque année aux alentours de 143 kg d’or, plus d’une tonne et demi d’argent et d’un millier de tonnes de cuivre.

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Source : elmimmo / Flickr

À partir de ces chiffres, on comprend bien tout l’intérêt pour la délégation de tirer partie du recyclage des déchets électroniques japonais. Pour donner un ordre de grandeur, la production des médailles des J.O. de Londres en 2012 avait nécessité 9,6kg d’or, 1 210 kg d’argent et 700 kg de cuivre. Des quantités largement surpassées par la capacité de récupération et de recyclage dégagée des mobiles japonais.

Un défi économique et écologique pour le Japon

Mais l’intérêt de la démarche ne réside pas seulement dans le fait de recycler certains objets électroniques. En effet, jusqu’à aujourd’hui, les villes d’accueil des J.O. s’arrangent généralement avec des entreprises minières pour que celles-ci fournissent les métaux nécessaires à la confection des médailles. Cependant, le Japon ne bénéficie pas des ressources naturelles suffisantes sur son territoire. Il lui faudrait donc importer les métaux nécessaires à la confection des médailles, avec les coûts financiers et écologiques qu’on imagine.

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Source : Timothy Takemoto / Flickr

À contrario, les métaux présents dans le petit électronique japonais représentent une véritable mine à part entière. On estime que 16% de l’or mondial s’y trouverait, 22% en ce qui concerne l’argent. Des quantités qui se concentrent au cours du temps dans nos appareilles, allant jusqu’à surpasser n’importe quelle réserve naturelle locale. Comme, au Japon, le recyclage est une affaire prise très au sérieux, cette alternative semble idéale pour concilier les impératifs des jeux à la culture locale du recyclage systématique.

Le défi, cependant, va s’orienter vers la capacité du gouvernement japonais à mettre en place une politique de récupération des déchets beaucoup plus efficace qu’actuellement. À l’heure actuelle, en dépit d’une image « verte » très développée, seul un peu moins d’un sixième des déchets électroniques est collecté chaque année. L’objectif du Ministère de l’Environnement japonais est donc de parvenir à un seuil de récupération d’un kilo de déchets électroniques par an et par personne. Un véritable défi qui dépasse de loin le cadre de l’évènement sportif.

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Un challenge à relever

En vue des J.O, des membres du comité d’organisation, du Ministère et du gouvernement de la ville de Tokyo se sont donc réunis en juin dernier afin d’établir une stratégie de collecte. L’idée pourrait être de mettre en place une dynamique fondée sur la prise en charge gratuite et à domicile des déchets électroniques des ménages, qui seraient ensuite triés et démantelés pour être refondus en vue de produire les fameuses médailles. Une augmentation de la part du petit électroménager recyclé pourrait alors permettre au pays de fournir la demande industrielle en métaux recyclés (gourmande notamment en argent), tout en ouvrant la voie à de nouvelles pratiques dans l’organisation des fameux jeux.

Pour l’archipel nippon, l’enjeu est de taille ­­: le Japon pourrait une nouvelle fois décrocher la médaille du développement durable. Mais, attention, il ne faut pas se bercer d’illusion. Le recyclage, aussi vital et efficace soit-il, ne remplace pas, ni ne ralentit, la société de consommation toujours plus gourmande en matières premières, distillant plus vite que jamais des millions de produits difficilement recyclables et souvent polluant dans tous les pores de la société.

Au Japon : il existe une ville « zero déchet »


Sources : Nikkei.com / Labioguia.com / Image à la une par rayand