Disponible sur Netflix depuis quelques semaines, « Mon Oni à moi » nous propose de suivre un duo d’adolescents aux caractères opposés qui embarquent dans une quête mystique. Voyageant entre fantastique et problèmes de notre époque, ce film d’animation remplit sa mission de divertissement…jusqu’à un certain point. Notre avis critique !

Mon Oni à moi (好きでも嫌いなあまのじゃく; Suki demo kirai na amanojaku) est un film d’animation réalisé par Tomotaka Shibayama (Les Murs vagabonds).

On y suit Hiiragi, un adolescent timide qui se retrouve toujours tout seul. Quand sa classe doit travailler en binôme, il finit par se joindre à son professeur. Il veut toujours aider, ne sait pas dire non et on voit bien que ses camarades et les gens qu’ils croisent profitent de cette gentillesse.

Sa rencontre avec Tsumugi, une adolescente qui est un oni (鬼), ces impressionnants démons japonais, va bouleverser son quotidien calme et bien rangé.

Mon Oni à moi : en quête de sens

On s’aperçoit vite qu’Hiiragi est sous l’emprise des décisions de son père qui prévalent sur les siennes. Ce dernier lui affirme d’ailleurs que si son fils les suit, rien de mal ne peut arriver ! Alors, quand Hiiragi prend le large avec son amie, l’aventure peut commencer.

Le scénario de Mon Oni à moi est plutôt simple : Hiiragi et Tsumugi doivent se rendre jusqu’à un sanctuaire où cette dernière retrouvera sa mère qui a quitté le foyer quand elle avait trois ans. Sur le chemin, notre duo se fait néanmoins régulièrement attaquer par d’étranges créatures transparentes.

« La dynamique entre les deux adolescents porte le film. Lui, réservé et frileux. Elle, fantasque et intrépide ».

Tsumugi a une corne que Hiiragi peut voir. Tsumugi est donc une oni et vit dans un village enneigé de l’autre côté de la montagne avec ses semblables. La dynamique entre les deux adolescents porte le film. Lui, réservé et frileux. Elle, fantasque et intrépide. L’histoire sait également se montrer fantastique. Du corps d’Hiiragi s’échappent en effet des mini-oni. C’est le signe qu’il garde ses sentiments pour lui sans jamais les partager. L’histoire de Mon Oni à moi est centrée sur cette métaphore : la retenue grandit en soi comme une maladie qui finit par être trop dure à supporter. Cette façon de cacher ses peurs et ses faiblesses peut ainsi détruire psychologiquement.

Dans la deuxième partie, nous en apprenons plus sur la mythologie des oni et sur leur façon de vivre. Les dieux de la neige étaient-ils des gardiens avant de se retourner contre eux ? Une mythologie originale prend forme autour de ces créatures qui se cachent habituellement dans les sommets. Le monde devient alors plus onirique et enchanteur. D’autant que l’image est fabuleuse.

Couleurs et merveilles…

Le film est en effet techniquement très réussi, comme c’est toujours le cas avec le Studio Colorido. Nous leur devons déjà Loin de moi, près de toi et Les Murs vagabonds, tous deux également sortis directement sur Netflix grâce à un partenariat entre les deux sociétés. Tomotaka Shibayama a d’ailleurs mis en scène le premier nommé.

Les couleurs sont ici chatoyantes, l’animation léchée et les détails ne manquent pas au fil des paysages traversés. Les scènes de nature mettent ainsi en avant la verdure et la beauté de la campagne japonaise. Les flocons de neiges suspendus semblent ralentir le temps pour mieux souligner les émotions et les tourments,… et ainsi de suite.

Le caracter-design des personnages est quant à lui également réussi. Hiiragi est ouvertement passe-partout avec ses lunettes et ses cheveux en vrac, ce qui va avec sa personnalité. Tsumugi est plus charismatique avec son pull à capuche bien trop long, ses cheveux bleus-gris clairs aux pointes rosés, ses yeux rouges orangés et sa petite corne.

Les scènes d’action sont également efficaces grâce aux chorégraphies aériennes de la virevoltante Tsumugi. Mon Oni à moi est-il donc une grande réussite ? Alors presque, mais pas tout à fait.

Comme un manque

Le long-métrage nous tient en haleine et nous charme pendant longtemps…puis arrive l’étrange dernière ligne droite. Les dénouements sont en effet bien décousus, comme s’il avait manqué de temps à la production pour mettre en images certaines scènes. Le déroulé manque de liant et nous met face aux faits accomplis sans que l’on sache vraiment comment les personnages en sont arrivés là… C’est déroutant, précipité et laisse un petit goût amer alors que tout jusque-là était cohérent dans son enchaînement.

Mon Oni à moi est un joli conte enchanteur au message simple mais efficace : connectez vos sentiments à ceux des autres pour devenir vous-même. On ne s’ennuie pas une seconde pendant 1h30. Dommage, cependant, que les dernières minutes gâchent un peu la conclusion. Le film reste un bon divertissement mais, sans cette conclusion bâclée, il aurait pu être beaucoup plus que ça.

Mon Oni à moi est à retrouver sur Netflix depuis le 25 mai 2024.

– Stéphane Hubert