Le 8 juillet dernier, à deux jours des élections législatives japonaises, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe se faisait abattre de deux coups de feux en plein jour lors d’un discours public dans le centre-ville de Nara. Le suspect de 41 ans, Tetsuya Yamagami, avait confié aux enquêteurs n’avoir aucun ressentiment politique à l’encontre de sa victime, mais aurait agi sur l’idée que l’homme politique influent avait un lien direct avec la secte Moon, connue aussi sous le nom « d’Église de l’unification ». En effet, la mère du tueur aurait été sous l’influence de cette secte au point de faire des dons la conduisant à se déclarer en faillite en 2022, ruinant les perspectives d’avenir de sa famille. Mais quel est ce groupe mystérieux dont la presse nippone a manifestement tenté de dissimuler le nom à deux jours d’un scrutin déterminant, et quelle est son influence dans la sphère politique japonaise, voire mondiale ?

Tout semblait plutôt normal ce jour-là : un meeting à deux jours d’une élection capitale, des sympathisants venus écouter le discours d’une figure emblématique dans un pays ou personne n’aurait imaginé ce genre de scénario. Pourtant deux coups de feux retentirent accompagnés d’une épaisse fumée caractéristique de la poudre noire, et malgré la présence d’un service de sécurité, l’ancien ministre perdit la vie en quelques secondes. Le tireur n’ayant pu s’en prendre directement aux leaders de la secte, il décida d’assassiner Abe Shinzo après l’avoir vu dans une vidéo de 2021 où l’ancien Premier ministre adressait ses salutations cordiales aux dirigeants de la secte.

Cela suffira au suspect pour établir un lien conduisant à son funeste geste. Précisons dès à présent que le grand-père de la victime, Nobusuke Kishi, qui lui-même fut Premier ministre du pays de 1957 à 1960 (malgré le fait qu’il avait précédemment été condamné pour de crime de guerre et frappé d’une période d’inéligibilité), avait établi des liens avec le mouvement religieux au cours de cette période. Une alliance qui condamnera indirectement le petit-fils de Nobusuke Kishi à succomber sous les balles 62 ans plus tard. De Reagan à Trump, en passant par le FN , la CIA sud-coréenne ou encore Gorbatchev et Kim Jung il, nous allons tenter ici même de vous dresser un portrait de ce véritable groupe d’influence aux ramifications internationales et insoupçonnées, principalement connu pour ses mariages de masse entre fidèles de l’église.

Historique de l’église de l’unification

L’église de l’unification (où plus communément appelée « secte Moon ») fut fondée en 1954 en Corée du Sud, par Sun Myung Moon. Celui-ci, originaire d’un village proche de Pyongyang en actuelle Corée du Nord, aurait reçu à l’âge de 15 ans de la part de Jésus Christ lui-même, la mission de construire le royaume des cieux sur terre (rien que ça). Il se retrouvera réfugié en Corée du Sud lors de la cession du pays où les églises protestantes locales le refusent, le considérant comme un hérétique.

Cependant l’homme était plus que déterminé à faire naître un énième courant religieux lui permettant de mener à bien sa « mission divine » mais surtout de s’enrichir personnellement au-delà de toute raison. Pour ce faire, il se positionnera comme fervent opposant au communisme qu’il qualifie de « représentation de Satan sur terre » et en fera le fer de lance de son mouvement, notamment au travers d’ONGs anti-communistes. De quoi gagner les faveurs de tous les pays et mouvements politiques capitalistes. Un coup de maître, connaissant l’hostilité nouvelle de la Corée du Sud au communisme qui permet au mouvement sectaire de s’attirer les sympathies du gouvernement. L’église de l’unification au travers de son fondateur fut sans surprise un soutien inconditionnel à la dictature militaire du président sud-coréen Park Chung-hee (1961-1979), soutien qu’il exportera rapidement aux États-Unis.

Le 17 juin 1972, en plein scandale du Watergate sous la présidence Nixon (que M. Moon qualifiait « d’élu de Dieu » dans la lutte contre le bloc soviétique), un deuxième scandale explose impliquant le président Park et la fédération pour la victoire contre le communisme : le Koreagate, en 1976. Des politiciens sud-coréens auraient tenté d’influencer des membres du Parti démocrate pour empêcher le retrait des troupes US de leur sol. Selon des rapports de la CIA la secte Moon fut notamment soupçonnée d’être une taupe de la KCIA (CIA sud-coréenne). L’église ne serait qu’un instrument de la politique du général Kim Jong-pil (à ne pas confondre avec le leader Kim Jong-il), alors fondateur du service de renseignements créé en 1961.

Le 1er Février 1971, Le président Nixon recevait Sun Myung Moon à la Maison Blanche.


C’est durant cette période que M. Moon développera ses activités d’influence en rachetant l’important Washington Times, des entreprises dans le BTP, l’éducation, mais aussi une usine en Corée du Nord (nous reviendrons sur l’ambivalence du personnage ayant un pied dans chacun des blocs). Le gourou sera à
 nouveau reçu à la Maison Blanche par le successeur de Nixon, Ronald Reagan. Le Révérend Moon qualifiait celui-ci de « pourfendeur du mal » (ndlr : le communisme et tout ce qui est de gauche en général), en adéquation avec le narratif Mooniste. Petit à petit, l’opinion publique s’offusquera des méthodes d’extorsions et d’éloignement familial de la secte. Le « Messie » autoproclamé passera un an en prison pour fraude fiscale, ce qui ne changera rien à l’influence grandissante du mouvement, gagnant en puissance dans l’ombre sur la scène sensible de la géopolitique en pleine guerre froide.

En 2012, à son décès, la fortune du groupe religieux était estimée à 2 milliards de dollars.

Apparition sur la scène la politique Française

Permettons-nous une légère digression pour poser un pied dans l’hexagone. En effet, la secte Moon a eu un porte-parole en France, en la personne de Pierre Ceyrac, député et membre du Front national entre 1986 et 1994.

En 1994 paraissait une autobiographie de Jean-Marie Le Pen aux éditions du Seuil (écrit par Gilles Bresson et Christian Lionet) dans laquelle apparaît un témoignage de Pierre Ceyrac : « En 1985 (…), j’ai rencontré Le Pen (…). Il ne connaissait pas l’enseignement du révérend Moon, mais il n’était pas effrayé ou offusqué. Au contraire, il s’est montré curieux. J’ai apporté mon carnet d’adresses, des ouvertures dans le monde entier. Cette ouverture intéressait Le Pen. Moi, en tant que mooniste, ce qui m’intéressait au FN, c’était une ouverture sur la scène nationale.« 

Une ouverture dont profitera Jean-Marie le Pen, qui avec le concours de Mr Ceyrac, sera pris en photo lors d’une rencontre avec Ronald Reagan au Japon. Le tout, nous le rappelons, dans un contexte de « cause commune » mondiale dans la lutte contre le communisme. La secte sera même soupçonnée d’avoir financé le FN à cette période dans l’espoir, qu’un jour, le front national puisse accéder au pouvoir.

Toujours selon Gilles Bresson et Christian Lionet : « A la mi-février 1987, Le Pen rentre de Washington, où l’a accompagné Pierre Ceyrac. Il a en poche un cliché, qu’il s’empresse de publier, où on le voit serrant la main de Ronald Reagan. La photo laisse supposer qu’il a été reçu à la Maison Blanche. Il n’en est rien. Elle a été prise lors d’une conférence donnée par le président des États-Unis au cours d’un déjeuner de quatre-vingt couverts organisé par le colonel Bo Hi-pak. Bras droit du révérend Moon, l’officier sud-coréen est le président de la société New World Communications, qui contrôle le Washington Times. Sur la recommandation de Ceyrac, Bo Hi-pak se fait un plaisir de conduire par le bras Le Pen vers Reagan qui le salue poliment, sans plus, mais sous l’œil opportun des objectifs.«  Difficile de savoir où ces accointances en haute sphère avec la secte mèneront les différents protagonistes tant leurs affaires sont opaques.

Mais ce ne sera pas la dernière fois que M. Ceyrac servira de passerelle entre les droites Franco-Américaines : il refera parler de lui le 12 janvier 2017, quand, prétextant avoir ‘croisé’ par hasard Marine Le Pen dans la rue à New York, celui ci aurait alors tenté de lui faire rencontrer Donald Trump directement à la Trump Tower, mais ce sera un fiasco. Bien que déclarant avoir coupé les ponts avec la secte depuis 2017, celui-ci semble toujours jouir d’un carnet d’adresse bien fourni. Voici un passage d’un article de libération sur le sujet : En rejoignant ce dernier, Ceyrac espère ainsi accroître l’influence de son Église : « Personnellement, je n’étais attiré ni par Le Pen, ni par la politique, mais il fut décidé que je serais sacrifié pour la cause », racontera-t-il plus tard. Quant au Front national, outre une probable contribution financière (qu’il a toujours nié), il bénéficiera de l’extraordinaire carnet d’adresse international de la secte, mis à profit dans une série de voyages devant souligner la stature présidentielle de Jean-Marie Le Pen.

Expansion Japonaise

Mais revenons au pays du soleil levant. C’est en 1986 que le Révérend Moon concentrera ses efforts sur le Japon, terre acquise à sa cause depuis son introduction avec la complaisance du PLD, le parti de Shinzo Abe. En effet, pour recontextualiser, le Japon vivait une période connue sous le nom de grande bulle économique; une économie forte, un yen solide et une influence croissante sur la scène internationale. Le mouvement pu alors compter sur la première force politique du pays, le Parti libéral-démocrate, lequel comportait un noyau de fidèles assez dévoués. Quelle opportunité fabuleuse pour continuer à agir en tant que groupe de pression à l’internationale, sachant que le bloc soviétique vivait ses dernières heures. Il était donc temps pour le mouvement religieux de se recycler pour survivre.

Mais revenons un peu en arrière, en 1960 pour être plus précis. A cette époque, le Premier ministre du Japon et membre du parti libéral-démocrate n’était nul autre que le grand-père d’Abe Shinzo en personne, Nobusuke Kishi. Il sera celui qui donnera ses lettres de noblesse à la secte Moon, lui permettant une implantation pérenne dans la société japonaise. Celui-ci s’était associé à Sun Myung Moon en 1960 pour soutenir « la Fédération internationale pour la victoire sur le communisme » liant indirectement mais durablement les Partis libéraux-démocrates japonais avec la secte Moon. Celui-ci aurait été aperçu à plusieurs reprises accompagné du gourou durant ses trois années de mandat de 1957 à 1960.

Nobusuke Kishi, grand père d’Abe Shinzo (au centre) aux côtés du révérend Moon (2ème en partant de la gauche), 1960)

Cette alliance devait permettre à la secte de s’implanter durablement dans l’archipel, où elle compte à l’heure actuelle l’un de ses plus grands nombres de fidèles sur un total estimé de 50 000 à l’échelle internationale (de son coté le mouvement en revendique plusieurs millions). Disposant de solides racines dans l’archipel, le mouvement a pu s’enrichir via divers investissements, avec la probable complaisance de politiciens voulant jouir de l’important carnet d’adresses du révérend. Celui-ci servira de passerelle entre toutes les droites anti-communistes pendant la guerre froide avec toujours comme allié principal, le Parti libéral-démocrate du Japon, que la secte est soupçonnée de financer.

Cette implantation sous le regard complaisant de la majorité politique ouvrira au mouvement une manne financière impressionnante, grâce entre autres aux dons des fidèles et de mécènes privés, à tel point que le Japon deviendra le principal financeur de la secte. Ironique quand l’on sait que celle-ci a la réputation d’être un cheval de Troie sud-coréen, avec des connexions directes en Corée du Nord, alors qu’elle finance un parti japonais nationaliste et supposément patriote…

D’étranges accointances avec les ennemis d’hier

En 1991 à Pyongyang eut lieu une rencontre entre le fondateur de la Corée du Nord Kim Il-sung et le leader de la secte. L’église (en principe anti-communiste) détient des intérêts économiques dans le pays communiste : une entreprise dans le secteur de l’automobile, Pyeonghwa Motors, s’y est établie quelques années plus tard en 1999, et le mouvement aurait également des parts dans un hôtel de luxe de la capitale nord-coréenne. Mais fait plus étrange compte tenu de l’opposition au fait religieux du pays ermite, la secte aurait aussi reçu l’accord du régime d’y implanter une église, véritable lieu de pèlerinage sur les terres qui ont vu naître son « Messie » coréen. Étrange rapprochement pour deux anciens ennemis.

Moon et Kim Il Sung, Corée du Nord, Décembre 1991

Comble de l’ironie, en avril 1990, le dirigeant Mooniste sera même pris en photo, bras dessus bras dessous en plein Kremlin avec le président Mikhail Gorbatchev (qui sonnera le tocsin d’une URSS alors exsangue). Nombreux sont ceux qui formulèrent l’hypothèse que cette rencontre avait eu pour but la préparation au rendez-vous deux mois plus tard du président Roh Tae-woo avec le dirigeant soviétique, qui conduisit Moscou à la décision d’établir des relations diplomatiques avec Séoul.

 

Moon et Gorbatchev, photo de propagande issue du site de célébration du centenaire du fondateur de la secte.


Toujours à la même période, Moon tenta une percée en Chine via des négociations avec le PCC, dans un projet d’implantation d’usines automobiles. Ce type d’investissement devait intéresser la Chine de l’époque, ce projet étant une manne financière considérable pour le pays en plein développement. Le but premier de la secte n’était pas forcément financier, mais plus pragmatiquement d’étendre son influence et d’étoffer un peu plus ses connexions à l’échelle mondiale. L’ambition affichée de Moon, devenu milliardaire entre temps, était de créer des usines sur la côte est de la Chine jusqu’à Vladivostok en Russie. Quelle était l’influence du révérend, au point que celui-ci ait pu rencontrer des dirigeants des deux blocs dans ce qui ressemble à des missions diplomatiques ?

Moon décédera le 3 septembre 2012. Son mouvement lui survivra, repris par son épouse Hak Ja Han, véritable empire aux ramifications internationales, qui vient tout juste de refaire parler de lui avec les tragiques événements du 8 juillet dernier.

Quel rapport avec les motifs de l’assassin de Shinzo Abe ?

Yamagami après son arrestation
(KEYSTONE/Juntaro Yokoyama/Kyodo News via AP)

Revenons à ce tragique jour du 8 juillet 2022, où Shinzo Abe perdit la vie, assassiné de deux balles tirées par une arme de fabrication artisanale en pleine rue de Nara.

Lors de sa garde à vue, le suspect de 41 ans Tetsuya Yamagami ayant servi dans la marine Japonaise en 2005, avait confié aux enquêteurs la raison de son geste. Sa mère aurait rejoint la secte Moon en 1991, dans le sillage du suicide de son époux en 1984. Elle aurait fait faillite en 2002 et selon son fils, celle-ci aurait effectué des dons durant cette période pour une somme s’élevant à 100 millions de yens (720 000 euros). Selon l’oncle de l’assassin, un premier versement de 60 millions de yens aurait été fait à l’organisation religieuse en lien avec le décès de son époux. Elle aurait aussi fait don des recettes liées à la vente de la maison familiale durant cette période. Pire encore, même après s’être déclarée en faillite en 2002, celle-ci aurait continué à faire de petits dons à la secte, clairement sous son emprise.

Cependant, l’église prétend n’avoir aucun registre concernant les dons fait par la pauvre dame à cette époque, et pire encore, ose prétendre – sans preuve – lui avoir rendu 50 millions de yens dans la même période.

C’est ainsi que la famille de Yamagami se retrouva plongé dans la pauvreté à cause de l’influence exercée par l’église sur sa mère, le conduisant à abandonner ses études par manque de moyens financiers. Plongé dans le désespoir, Yamagami rejoindra la Marine japonaise en 2005 où il tentera de mettre fin à ses jours, dans un désir de permettre à son frère et à sa sœur de toucher une indemnité de la part de son assurance-vie. C’est un échec. S’en suit une longue descente aux enfers pour Yamagami qui cherchera en vain des solutions pour sortir sa famille de l’ornière, tout en sombrant jour après jour dans un désir de vengeance qui le hantera au point de planifier une action contre la secte pendant près de deux décennies !

L’homme aurait par la suite déclaré aux enquêteurs qu’il avait pour projet de s’attaquer à l’organisation sectaire depuis une vingtaine d’année, et plus précisément à ses membres les plus influents. Cependant, à cause du Covid, les membres les plus hauts placés de l’organisation se trouvaient en Corée du Sud, pays où il ne pouvait donc pas se rendre durant cette période. Yamagami décida, selon ses dires, de changer de plan. Lors de sa garde à vue, Yamagami a déclaré aux enquêteurs qu’il pensait – à juste titre – que le grand père de Abe Shinzo, Nobusuke Kishi (que nous avons cité plus haut dans l’article) avait des liens avec le mouvement.

Mais ce qui provoqua la décision de passer à l’acte, fut le visionnage de deux vidéos où la figure emblématique du Parti libéral-démocrate, M. Abe Shinzo, a adressé ses félicitations lors d’une cérémonie de mariage collectif organisée par l’église en 2006, puis en 2021 où celui-ci avait pris la parole en vidéo durant l’un des colloques de l’église (au même titre que Donald Trump). En 2021, Abe avait alors été vivement critiqué par un groupe d’avocats japonais lui reprochant ses liens avec le mouvement. Ce qui ne l’empêcha pas de réitérer l’exercice lors d’un Think tank organisé par l’église en 2022 sur le thème de la réunification des deux Corées, où on peut entendre l’ancien ministre adresser ses félicitions à Hak Ja Han, veuve du révérend Moon et actuelle dirigeante de la secte pour les efforts de son organisation pour la paix mondiale et la réunification des deux Corées. Pour Yamagami, le soutien d’Abe à la secte était publiquement démontré.

À l’heure actuelle, l’église se défend toujours d’un quelconque lien avec feu l’ancien Premier ministre.

De l’influence réelle de la secte

Malgré le caractère indubitablement tragique de cet assassinat, il est tout de même nécessaire de souligner les liens existant entre le groupe sectaire et le monde politique, et ce, à l’échelle mondiale.

Comment expliquer une implantation aussi profonde et ramifiée en l’espace de moins d’une vie d’homme ? Quel est donc le pouvoir réel de ce mouvement, pouvant se targuer d’un important soutien politique dans de nombreux pays diamétralement opposés sur le plan idéologique dans le contexte bipolaire de la Guerre Froide ? Comment expliquer que des politiciens de renoms acceptent de prêter leurs images à un mouvement religieux aussi décrié, avec qui plus est de multiples scandales, de fraude fiscale et d’accusations d’espionnage dans son historique ? Comment expliquer qu’un mouvement réputé pour son anti-communisme virulent puisse avoir un pied en Corée du Nord, tout en contrôlant un média aux États-Unis ? Et dernier point, mais pas des moindres, de pouvoir se targuer d’être une passerelle entre les partis politiques d’extrême-droite à l’échelle internationale ? Surtout, pourquoi personne n’en a pratiquement jamais parlé jusqu’à l’assassinat d’Abe ?

Le plus troublant restera la volonté manifeste des médias japonais de dissimuler le motif de l’assassinat, survenu deux jours avant les législatives. Sans verser dans de fumeuses théories complotistes dont l’actualité n’a pas besoin pour être – déjà – déprimante, nous devons constater que cette information capitale a traîné à paraître dans les médias. À l’heure où nous écrivons cet article, ce qui aurait du être un véritable scandale d’état n’est toujours pas – ou très peu – abordé dans l’archipel. Pire encore, le drame aura servi, par l’émotion qu’il a suscité, à renforcer le pouvoir du Parti libéral-démocrate (nationaliste), par un impressionnant report de voix lors des législatives. Ainsi, la secte Moon risque de ressortir plus puissante que jamais de cette crise.

Gilles CHEMIN.

Sources :

https://www.20minutes.fr/monde/1995095-20170113-etats-unis-faisait-ancien-representant-secte-moon-france-marine-pen

https://www.globaltimes.cn

https://www.monde-diplomatique.fr/1996/04

https://www.lesechos.fr/

https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/03/quand-la-secte-moon-avait-des-liens-avec-le-front-national_1755060_823448.html

https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/1991-03-16-la-mission-messianique-de-moon-nouvelles/

https://www.japantimes.co.jp/news/2022/07/15/national/crime-legal/yamagami-abe-shooting-motivation/