Dans la plupart des sanctuaires et temples au Japon il est possible d’acheter divers objets comme des talismans (o-mamori), des calligraphies (goshuin), mais aussi des prédictions qui permettent de connaître son degré de chance dans différents domaines. On nomme ces divinations omikuji (御神籤, « loterie sacrée ») et voici comment elles fonctionnent…

Appelées omikuji, ces prédictions sont extrêmement populaires et ne coûtent qu’une centaine de yens. Si l’envie vous dit de vous prêter au jeu, il vous faudra cependant connaître quelques notions.

@Keiichi Yasu/Flickr

Qu’est-ce qu’un omikuji ?

L’omikuji おみくじ est donc une prédiction, qui se présente le plus souvent sous la forme d’une bandelette de papier, que l’on peut acheter lors d’une visite dans un sanctuaire shintô ou un temple bouddhiste. Il indique le degré de chance général, mais donne aussi des indications sur des thèmes beaucoup plus précis comme la santé, les voyages, les affaires, les études, les disputes, les objets perdus ou encore un éventuel déménagement

Tirer une prédiction est une activité très populaire, il suffit de voir tous les omikuji qui sont accrochés dans les enceintes des sanctuaires et temples pour s’en rendre compte. Les Japonais ont notamment l’habitude d’acheter des omikuji lors de Hatsumôde (初詣), la première visite au temple ou au sanctuaire de l’année. Lors de cette sortie, ils en profitent pour acheter un omikuji afin de découvrir ce que la nouvelle année leur réserve.

Omikuji accrochés (@Eric Flexyourhead Flickr)

En dehors du nouvel an, les Japonais ont également l’habitude de tirer une prédiction avant des événements importants, comme un mariage, une naissance ou encore un examen universitaire… Beaucoup ne prennent pas vraiment au sérieux le résultat de ces prédictions, un peu comme nous lorsque nous lisons notre horoscope le matin dans le journal. Pourtant, autrefois, les prédictions étaient une parole plutôt sacrée que l’on sollicitait avant de prendre des décisions importantes.

Les omikuji ont pour origine les « kuji » (籤), littéralement des « tirages au sort » que l’on effectuait depuis l’Antiquité avant chaque décision importante. On considérait que les dieux influençaient le résultat du tirage au sort, leur donnant grâce aux yeux des japonais lors des mariages ou pour le choix du prochain shôgun (gouverneur militaire) du Japon.

La version de l’omikuji que l’on connaît de nos jours vient du moine bouddhiste Ryôgen (912-985) et serait née au temple Enryaku-ji, situé sur le mont Hiei.

@elminium/Flickr

Comment tirer un omikuji ?

Il y a plusieurs façons de tirer un omikuji. La plus simple consiste à piocher au hasard une bandelette de papier dans une boîte qui en contient plusieurs. Une autre façon consiste à secouer une boîte qui contient plusieurs bâtons, jusqu’à ce qu’un bâton en tombe. Ce dernier contient un numéro et il suffit alors d’ouvrir le tiroir du numéro correspondant et de prendre la première feuille qui s’y trouve.

Il existe également une façon un peu plus onéreuse, mais très ludique de se procurer un omikuji : les okimono omikuji. Il s’agit de petits objets qui peuvent être à l’effigie de l’animal du signe du zodiaque de l’année en cours ou encore d’un animal ou objet en rapport avec le lieu de culte où l’on se trouve (cerf, renard, daruma…).

Omikuji portés par des petits chevaux (@shodannet Flickr)

L’omikuji est alors enroulé et incorporé dans un petit creux sous l’animal ou dans sa bouche. Si un omikuji coûte en général entre 100 et 200¥, ceux-ci coûtent 500¥ en moyenne, mais permettent de rapporter un petit souvenir du lieu visité en plus de la prédiction.

Enfin, le Japon étant le pays des distributeurs automatiques, ne soyez pas surpris d’en trouver dans les sanctuaires et temples qui permettent d’acheter des petits objets comme les omikuji.

L’omikuji classique, donc, se présente sous forme de feuille qu’il est possible de plier en bandelette, de rouler et d’insérer dans des accessoires, mais il en existe aussi sous forme d’éventails, de parapluies et il existe même des mizu uranai 水占い, c’est-à-dire des prédictions dont le message se révèle uniquement au contact de l’eau. Après avoir acheté la prédiction, il suffit de faire flotter la feuille dans un bassin prévu à cet effet pour que la prédiction apparaisse. Les mizu uranai sont souvent utilisés pour les prédictions amoureuses.

Omikuji en forme d’éventails (@Daigo Harada Flickr)

Peu importe la forme que vous aurez choisie pour votre omikuji, une fois en possession du précieux sésame, il vous restera un petit détail à régler : déchiffrer la prédiction…

Comment déchiffrer son omikuji

Bien que de plus en plus d’omikuji, surtout dans les sanctuaires et temples populaires auprès des touristes, proposent une traduction en anglais de la prédiction, il est possible que votre omikuji soit entièrement rédigé en Japonais. Même s’il vous sera impossible de tout comprendre, vous pourrez au moins repérer la partie qui vous intéresse le plus, à savoir celle qui présage votre bonne fortune ou l’inverse. D’ailleurs, sachez que comme ces prédictions sont tirées d’anciens poèmes, elles sont souvent assez énigmatiques même pour les Japonais.

@Omikuji 小吉 « shôkichi » = Petite chance (@Ayano Flickr)

Il existe plusieurs degrés de chance/malchance, voici un peu d’aide pour vous y retrouver.

: 大吉 « daikichi » = forte chance | 吉 « kichi » = bonne chance | 中吉 « chûkichi » = chance moyenne | 小吉 « shôkichi » = petite chance | 半吉 « hankichi » = demi-chance | 末吉 « suekichi » = chance à venir | 未小吉 « sueshôkichi » = un peu de chance à venir

: 凶 « kyô » = malchance | 小凶 « shôkyô » = petite malchance | 半凶 « hankyô » = malchance moyenne |  末凶 « suekyô » = malchance à venir | 大凶 « daikyô » = forte malchance.

Que faire en cas de mauvaise prédiction ?

Si vous avez reçu une prédiction positive, vous pouvez alors ranger précieusement votre omikuji dans votre porte-monnaie ou portefeuille, jusqu’à votre prochaine prédiction. Si vous avez reçu une mauvaise prédiction, ne vous en faites pas ce n’est pas la fin du monde et il y a même un moyen de neutraliser votre malchance. Pour cela, il suffit d’accrocher sa mauvaise prédiction à un des endroits réservés à cet effet dans l’enceinte du temple ou du sanctuaire, afin de laisser la mauvaise chance derrière soi.

@Jeff Laitila/Flickr

Traditionnellement les mauvaises prédictions étaient accrochées à un certain type d’arbre : le pin. Pourquoi le pin ? Car cet arbre s’appelle « matsu » 松 en japonais, ce qui veut aussi dire attendre 待つ. En accrochant sa mauvaise chance à un pin, on lui demande donc « d’attendre » ici et de ne pas nous suivre.

Comme on ne trouve pas de pin partout, les omikuji peuvent ainsi s’accrocher à des cordes ou directement aux branches d’autres types d’arbres. Vous n’aurez aucun mal à trouver les endroits réservés aux omikuji tant il y en a des centaines, souvent très photogéniques…

– Claire-Marie Grasteau


Image d’en-tête : Omikuji venant du sanctuaire Susano-jinja de Tokyo (@KMrT Flickr)