La plus grande centrale solaire flottante au monde est « made in France » mais se situe au Japon. Initiative d’une entreprise française, découvrons cette innovation étonnante et positive au service de la planète mais également des agriculteurs.
Au lendemain de la catastrophe de Fukushima, le Japon a opéré un virage relatif mais réel en faveur des énergies renouvelables. Problème, le pays du soleil levant accueille deux fois la population de la France pour une superficie deux fois moins grande. Le manque de place est la grande problématique du pays qui se fait notamment ressentir en ville par un prix de l’immobilier exorbitant. Le développement des centrales solaires a ainsi rapidement entrainé des conflits avec les terres agricoles ou urbaines. Pour remédier à cela, la société Ciel et Terre a eu l’idée ingénieuse d’exploiter les surfaces aquatiques en développant des centrales solaires flottantes. Il suffisait d’y penser !
Posés sur l’eau, ces panneaux photovoltaïques d’un nouveau genre n’entrent pas en concurrence avec des terres utilisées à d’autres fins, comme par exemple, la production du riz. C’est dans ce contexte qu’est née, dans la région de Tokyo, la plus grande centrale solaire flottante du monde. Elle produit à elle seule 7,5 mégawatts, soit la consommation électrique de 2 200 foyers.
Des essais fructueux
Mais Ciel et Terre, l’entreprise française à l’origine du projet, n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, ils ont installé une première centrale solaire de ce type (la plus grande à l’époque) sur le lac artificiel d’Okegawa au Nord-Ouest de Tokyo. Son architecture, composée d’une multitude de modules flottants permet aux panneaux solaires de rester à la surface tout en suivant les ondulations naturelles du plan d’eau. Quand on sait que le japon comporte 20 000 réservoirs d’eau de ce type, on imagine le potentiel énergétique important de cette technologie.
Conçue pour résister aux caprices climatiques du pays contrasté, cette centrale a déjà résisté à 3 typhons et ne souffre logiquement pas des tremblements de terre. Son architecture est constituée de flotteurs en polyéthylène haute densité (HDPE), un plastique certes issu de ressources pétrolières, mais recyclable. Un compromis inévitable, explique l’entreprise, pour la flottabilité pour un budget raisonnable. Le développement croissant des bioplastiques, notamment à base d’algues ou de déchets alimentaires, laisse envisager des alternatives encore plus soutenables dans lequel les structures seront issues de ressources renouvelables.
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En plus d’être au service de l’environnement, cette technologie peut faire des heureux localement. En effet, au Japon, les réservoirs d’eau sollicités appartiennent parfois à des communautés paysannes. Comme les centrales solaires n’ont aucun impact sur les cultures, les paysans acceptent volontiers leur installation et se voient gratifiés d’un petit revenu supplémentaire pour le moins inattendu. On peut espérer voir fleurir cette technologie un peu partout dans le monde sur les lacs d’irrigation et autres grands réservoirs d’eau. Peut-être faudrait-il même envisager de colporter l’idée en Californie où les lacs souffrent de sécheresse et d’un ensoleillement excessif. Été 2015, les pouvoirs locaux avaient été obligés de déverser pas loin de 100 millions de balles noires dans ses réservoirs pour stopper les rayons du soleil.
Même si les panneaux photovoltaïques restent critiquables à certains égards, notamment pour leur dépendance aux matériaux issus de terres rares, ils semblent constituer un compromis énergétique d’avenir. De fait, le taux de recyclage d’un panneau se situe aujourd’hui entre 80 et 90 % et cette valeur atteindrait 95 % pour les matériaux rares. Par ailleurs, la filière se développe et les technologies évoluent rapidement. Les panneaux solaires de troisième génération, organiques, promettent de se passer de ces minéraux problématiques. Contrairement à beaucoup de filières industrielles fossiles dont le développement semble bouché et impopulaire, le secteur solaire apparait plein de promesses en matière d’autonomie et de résilience énergétique.
Sources : futura-sciences.com / news.nationalgeographic.com / actu-environnement.com / francetvinfo.fr