Et si votre maison devenait soudainement un bateau partant en croisière inattendue ? Nouveau venu sur la planète Netflix, « Les Murs vagabonds » nous entraîne dans une aventure qui sort des sentiers battus et qui nous laisse face à notre propre nostalgie. Notre passé mérite-t-il d’être détruit, oublié ou encore plus aimé que le présent ? Le film d’animation japonais nous invite à y réfléchir…
Que reste-t-il de nos souvenirs d’enfance si ce n’est quelques fragments d’images de lieux et d’objets dont nous étions attachés ?
Les Murs vagabonds est le nouveau film d’Hiroyasu Ishida, déjà réalisateur du très bon Le Mystère des pingouins en 2019. On y suit les jeunes Kosuke et Natsume, amis d’enfance qui ont grandi dans le même immeuble. Hélas, ce dernier va être détruit et les deux collégiens se retrouvent un jour par hasard sur le toit du bâtiment avec d’autres enfants de leur classe.
Survient alors un étrange phénomène sous la forme d’une pluie lumineuse qui aveugle les enfants. Alors qu’ils rouvrent leurs yeux, ils découvrent que le monde autour d’eux n’est plus qu’un vaste océan. Voguant sur leur navire de fortune et de béton, ils commencent un long voyage guidé par l’espoir de revenir un jour chez eux.
Une grande aventure aquatique
Dès que Les Murs Vagabonds fait ce saut dans une certaine fantaisie, le film se trouve un grand souffle aventureux. La petite équipe de jeunes collégiens doit bien trouver comment survivre sur ce drôle de bateau et la quête pour se sustenter commence. Bien sûr, les deux heures que dure le long-métrage multiplient les péripéties et les surprises que nous nous garderont bien de vous divulguer ici. Ça bouge beaucoup et vous ne vous ennuierez pas une seule seconde.
La mise en scène est efficace et chaque nouvel abordage ou moment de détresse donne lieu à des montées d’adrénaline. Le fait que les héros soient tous des enfants vous fera encore plus vibrer pour leurs vies. Vous aurez peut-être l’impression que le côté « tête brûlée » de Kosuke est un peu trop poussé mais difficile d’en vouloir au jeune homme qui fait preuve d’un grand courage, tout comme son amie Natsume.
Le film fonctionne également comme un révélateur de personnalités pour le groupe et chacun trouve dans cette aventure hors du commun un moment pour se découvrir lui-même et grandir. Nous sommes ainsi face à un récit initiatique où les enfants sont bien obligés de mûrir rapidement malgré eux. Sans cet effort, il ne leur reste qu’à sombrer dans le désespoir qui les accable au gré des péripéties et catastrophes durant leur incroyable croisière.
Les Murs vagabonds : bonheur et nostalgie
Le cœur du long-métrage réside également dans la nostalgie que nous laissons dans les lieux que nous avons visités et qui gardent en eux une partie de notre histoire. Natsume n’a pas eu beaucoup de chance dans sa vie personnelle et, comme beaucoup d’entre nous, elle n’arrive pas à se détacher de ce bâtiment dans lequel elle en a vécu tous les meilleurs moments.
Les souvenirs sont là, encore vivaces, dans chaque recoin de mur, chaque morceau de papier peint. Elle semble entendre encore et toujours les rires qui ont pu s’en échapper. Si on détruit son ancien lieu de bonheur, ce dernier en deviendra-t-il moins réel et plus facile à oublier ? Là se trouve la grande question qui tiraille la jeune fille fragilisée. Comment tourner le dos à ses souvenirs passés pour affronter l’avenir, quand bien même celui-ci semble parfois très sombre ?
Par une pirouette scénaristique, Les Murs vagabonds pose aussi la question de l’âme que contiennent peut-être les objets ou les lieux. On retrouve ici un thème cher aux Japonais qui chérissent les esprits et leur donnent de grands pouvoirs spirituels. Il s’y trouve pour eux une protection que nous ne voyons pas mais qui semble pourtant bien présente à leurs yeux. De quoi se rassurer et ne plus jamais avoir peur. Les « kami » de des objets que nous chérissons veillent sur nous.
Un très beau vaisseau
Les Murs vagabonds est le deuxième film du Studio Colorido à sortir en France directement sur Netflix après Loin de moi, près de toi en 2020. Comme pour ce dernier, il n’y a vraiment rien à redire au niveau de l’animation et de l’esthétique en général : c’est beau. Tout est très propre et le mélange d’animation 2D et 3D fonctionne à merveille. On y trouve de très beaux plans et certaines scènes sont magnifiées par la maîtrise exceptionnelle des effets lumineux. On pense notamment à celle mettant en scène la grande roue.
Avec son postulat de départ original et son rythme effréné, Les Murs vagabonds est une bonne surprise de la rentrée que nous ne pouvons que vous conseiller. Il est probablement que, comme nous, vous ne vous ennuierez pas une seconde durant ce voyage maritime et la survie de ces courageux moussaillons malgré eux vous prendra aux tripes. Bon film !
Le long-métrage est disponible sur Netflix depuis le 16 septembre.