Tous les beaux films japonais n’ont hélas pas la chance d’arriver sur les écrans français. Grâce au Japanese Film Festival, nous avons heureusement enfin la chance de découvrir « Have a Song on your Lips », véritable bijou d’émotion.
Have a Song on your Lips est un film réalisé par Takahiro Miki, sorti en 2015 et adapté du roman du même nom de Eiichi Nakata.
Nous y suivons Yuri Kashiwagi, une belle et talentueuse pianiste, qui revient subitement dans sa ville natale des îles Goto. Elle y remplace son amie Haruko, en congé maternité, comme conseillère de la chorale de l’école. Les enfants qui la composent souhaitent participer au NCon, un concours de chant organisé par la chaîne publique japonaise NHK. Mais le chemin pour y arriver s’annonce ardu. La nouvelle responsable amène en effet avec elle sa rigueur. Et tout à coup, les élèves habituées à la bienveillance de sa prédécesseure se retrouvent face à une exigence qu’ils ne connaissent pas.
Chantons ensemble !

Have a Song on your Lips parle bien d’une chorale et en cela, son scénario est en harmonie avec son sujet. Dans cette petite ville, tout se sait. « Les ragots circulent vite sur l’île. » comme le dit le professeur d’EPS. Il y a donc une unité dans le club de chorale comme dans la communauté. Tout est cependant bouleversé par l’arrivée de la nouvelle professeure. D’abord dans la ville car sa présence intrigue. Puis dans la chorale en elle-même puisque sa beauté attire quelques jeunes adolescents. Le groupe n’était pourtant jusqu’ici composé que de filles. Tout à coup, 6 garçons s’inscrivent et l’équilibre est rompu !
Toutefois, les nouveaux membres masculins finissent l’air de rien par se prendre au jeu du chant. C’est à ce réveil artistique que le spectateur assiste, touché par leur candeur, pris à leur propre piège. Pour les filles qui voyaient au départ leur présence d’un mauvais œil, c’est aussi une révélation. À bien des niveaux.
Have a Song on your Lips : prémisses de l’amour

L’amour semble en effet être partout sur l’île. Il a celui naissant entre les garçons et les filles. Certains pensent y être vaccinés, mais jamais pour très longtemps. Le film se penche sur ce moment charnière où l’on ne sait plus très bien faire la différence entre l’amitié et l’amour, parce que l’on n’a justement jamais connu le deuxième.
Il y a l’amour familial aussi, avec Nazuna, d’abord, qui vit seule avec ses grands-parents. Il y a un feu en elle. À ses yeux, le club de chorale ne doit pas être pris à la légère et représente quelque part sa véritable famille. Les grandes personnes, elle s’en méfie comme la peste. « Vous êtes une adulte, alors tenez votre promesse. » dit-elle justement à la nouvelle responsable de la chorale.

Face à elle, Satoru doit vivre chaque jour avec Akio, son frère autiste, et accepter sa différence. L’inscription du jeune garçon au club met également fin à son invisibilité scolaire. Tout à coup, il fait partie d’un groupe et partage des secrets.
Dans le film, tout le monde découvre petit à petit sa propre personnalité. Tout ça dans un environnement qui, lui, n’en manque certainement pas.
Une ville pas comme les autres

Le personnage principal du film, c’est aussi la ville de Goto en elle-même. Située à l’ouest de Nagasaki, les paysages de nature et de front de mer y sont simplement magnifiques. Encore plus en avril alors que les premières lueurs du printemps donnent une couleur particulière à ce décor sublime.
Mais le deuxième point qui peut surprendre le spectateur, c’est que beaucoup de personnages y sont chrétiens. Dans Have a Song on your Lips, oubliez les temples et faites place aux églises. Un état de fait qui n’arrive pas tous les jours au Japon. Cette religion est en effet celle de 1% de la population de l’archipel. Sur les îles Goto, la proportion se situe entre 10 et 15% !
Pourquoi une si grosse différence ? Tout simplement car ce lieu reculé a servi de refuge aux chrétiens quand leur religion a été interdite du XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle. Le scénario utilise cette particularité dans la personnalité de Nazuna qui se demande bien si dieu existe.

Avec sa mise en scène soignée et un sens du cadre léché bien aidé par la beauté du lieu, le réalisateur nous propose une belle histoire d’harmonie, d’amitié et de solidarité. Have a Song on your Lips bénéficie d’une écriture très fine, sans jamais tomber dans le pathos. Quant aux acteurs, ils jouent tous leurs partitions à merveille. Les enfants sont simplement parfaits, en plus de réellement et divinement chanter.

Vous pouvez découvrir ce long-métrage magnifique en streaming gratuit du 1 août au 31 octobre sur le site du Japanese Film Festival qui n’en finit plus de nous gâter après Three Sisters et Ito le mois dernier.
Stéphane Hubert











































