Surfant sur la mode des Battle royale, « Last Samurai Standing » débarque sur Netflix avec une mise en scène grandiose et un scénario bien plus proche de la réalité qu’il n’y paraît. Une réussite inattendue que l’on a dévorée.

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Last Samurai Standing est une série mise en scène par Michihito Fujii, Kento Yamaguchi et Toru Yamamoto. Il s’agit d’une adaptation d’un roman de Shôgo Imamura (disponible aux éditions Callidor).

Nous y suivons Shujiro Saga (Junichi Okada), un ancien samouraï, qui décide de participer à un jeu de survie mortel au début de l’ère Meiji. Son objectif : sauver sa famille et les habitants de son village victimes d’une épidémie de choléra grâce à l’énorme récompense de 100 000 yens promise au vainqueur. Avec 291 autres guerriers, il va devoir atteindre Tokyo lors d’un périple à travers le Japon où tout est permis. En coulisse, les organisateurs préparent quant à eux un plan capable de chambouler à jamais l’histoire de l’archipel.

Action et vérité

Last Samurai Standing est un nouveau bijou japonais à s’ajouter au catalogue Netflix, après Sanctuary ou The Hot Spot. Dès les premières minutes, impossible en effet de ne pas être happé par cette promesse de duels entre guerriers déchus mais aguerris. Certains ont de nobles desseins. D’autres un peu moins. Pourtant, « gentils » comme « méchants », nous les suivons tous avec grande attention. Il faut dire aussi que le jeu des acteurs y est pour beaucoup. Les grands noms se sont ainsi donné rendez-vous dans cette aventure. Junichi Okada, Kaya Kiyohara, Hiroshi Abe, Masahiro Higashide, Shôta Sometani, Hideaki Ito… Tous sont au casting, pour n’en citer que quelques-uns.

Les connexions entre les personnages se dévoilent petit à petit et le scénario se raccroche à l’histoire du Japon de la fin du XIXe siècle avec intelligence. Fin des privilèges pour les samouraïs, épidémie du choléra, changement politique… Le réel influence la fiction dans un échange de bon procédé. Toute l’entreprise profite en plus d’une production luxueuse digne d’un long-métrage. Décors et costumes criant de vérité permettent ainsi de nous garder dans l’ambiance. Et que dire de la réalisation !

Last Samurai Standing : entrez dans la danse macabre

La série est conjointement réalisée par trois hommes : Michihito Fujii, Kento Yamaguchi et Toru Yamamoto. Un trio qui nous met des étoiles plein les yeux face à la maestria de leur mise en scène ! Les scènes de combat sont en effet pleines de trouvailles visuelles qui les rendent fascinantes. Quel que soit le décor, que ce soit un matsuri, des geôles, une auberge, c’est un déchainement de créativité qui donne à Last Samurai Standing une identité bien à elle. Les réalisateurs ne choisissent jamais la facilité et ce ne sont pas les nombreux plans séquences qui nous diront le contraire.

Autre énorme point fort du show, ses combats. Chorégraphiés par Junichi Okada lui-même, ils sont époustouflants et tendus. On ressent la rage et les émotions des protagonistes à chaque coup de katana. Ça virevolte, esquive, tombe, se relève dans une symphonie meurtrière ébouriffante. On n’imagine même pas les heures que les acteurs ont dû passer à s’entraîner pour arriver à un tel degré de maîtrise. Tout cela au service d’un scénario beaucoup moins bas de plafond qu’attendu.

La fin d’une époque

Quand on lit le synopsis de Last Samurai Standing, on pourrait y voir une énième resucée de Squid Game. Un rassemblement de personnes. Des combats à mort. Une somme incroyable à gagner. Oui, la recette a fait ses preuves bien des fois… et pourrait commencer à lasser. Là où la série japonaise se démarque, c’est justement car elle s’inscrit dans une période bien précise de l’histoire du pays.

Nous sommes ainsi à une époque de transition, alors que l’archipel s’ouvre à l’Occident. Les coutumes venues de l’autre bout du monde s’invitent alors dans le quotidien des Japonais et chamboulent fortement la société. Autre tournant qui sert de trame de fond à la série : la guerre civile de Boshin qui a réellement divisée le Japon entre 1868 et 1869.

Les premiers à en payer le prix, ce sont bien les samuraïs. En quelques mois, ils perdent totalement leur influence. Les fiers guerriers qu’ils étaient se retrouvent sans travail, sans influence, privilèges, ni but et pouvoir. Ils n’ont même plus le droit de porter leurs katanas dans la rue. Alors que faire ? Que devenir ? Quelle vie mener loin des conflits et des affrontements ? La série fait la part belle à cette réflexion intérieure. Certains s’adapteront. D’autres beaucoup moins, alors qu’une vie sans faire couler le sang leur semble impossible.

Les personnages à la psychologie bien travaillée s’inspirent justement de cette réalité. Un point bien appréciable pour en apprendre également beaucoup sur ce moment charnière de l’histoire du Japon.

Last Samurai Standing coche énormément de cases de la série de grande qualité. Interprétations, production, ambiance, réalisation et scénario la rendent palpitante. Son seul point noir ? Il faudra attendre la saison 2 (voire 3) pour en connaître la fin ! On a hâte !

La première saison de 6 épisodes est disponible depuis le 13 novembre sur Netflix.

– Stéphane Hubert