Ce chat tricolore peut vous paraître assez anodin. Il est en réalité la preuve que le Japon est un pays vraiment unique en son genre… Ce chat s’appelle Tama et se trouve être le sauveur de la ville de Toshiko Koyama. Rencontre atypique.
En 2004, la gare de Kishihi à Toshiko Koyama dans la préfecture de Wakayama a failli être fermée pour des raisons financières. Afin de la garder ouverte, un bon nombre d’employés ont été licenciés, forçant les commerçants voisins à occuper les postes devenus vacants. Pour cause, une gare est souvent la garantie d’une activité économique minimum pour un village dont les habitants ne souhaitent pas être soudainement coupés du monde.
C’est par ce concours de circonstances et ce manque de personnel qu’un nouvel employé atypique va voir le jour : Tama, un chat de 8 ans, est devenu le chef de gare de Kishihi. Durant ses 8 années de service, chaque jour fidèle au post, elle a occupé un rôle majeur dans le bon fonctionnement de cette gare. Sa mission était tout bonnement d’accueillir les passagers. Elle était pour cela aidée de deux assistants : Miiko et Chibi, qui sont, comme vous pouvez l’imaginer, deux autres candidats de la gente féline. Ayant comme unique salaire de la nourriture, Tama a assuré sa mission sans faute depuis 2007 tout en étant libre de circuler. Cependant, sans le savoir, elle faisait plus qu’aider à l’amélioration du bien-être des passagers.
En attirant des milliers de touristes dans cette petite ville nippone, elle aurait apporté près 1,1 milliard de Yens à l’économie locale, soit près de 10 millions d’euros. Pour cause, sa popularité était telle qu’elle a été nommée Super Chef de Gare en 2008 et a été officiellement déclarée comme l’unique « femelle à un poste de cadre » dans la fameuse entreprise de transport (ce qui en dit par ailleurs long sur la représentativité des femmes dans les hautes fonctions au Japon).
Alors que la gare était à l’origine vouée à fermer, au printemps 2009, la ligne de métro de la région a fait redécorer des trains à l’effigie de Tama, preuve de son succès indéniable. Des trains vraiment particuliers, ceux-ci intégrant un espace détente sur le thème des chats, avec une bibliothèque. Une année plus tard, cette station a été remodelée pour adopter une architecture qui ressemble à un chat. Des commerces et restaurants à son image ont même ouvert leurs portes. Les commerces locaux ont même dû s’adapter à la langue anglaise ! C’est pour dire à quel point cet animal a influencé l’économie locale en attirant les curieux depuis l’autre bout du monde.
Malheureusement, la star locale s’est éteinte l’année dernière et a endeuillé tout le Japon. Près de 3000 personnes sont venues assister à ses obsèques publiques et un autel a été créé devant la gare en sa mémoire, l’amenant presque au statut de divinité… On pouvait véritablement voir des habitués pleurer toutes les larmes de leur corps lors de la cérémonie religieuse. Dans un sens, elle était presque une divinité au regard des locaux qui ont vu leur économie sauvegardée en évitant la faillite de la gare par sa douceur et sa présence quotidienne.
Depuis, d’autres gares se sont nécessairement inspirées de Tama. À la station Miyachi dans la préfecture de Yamagata, c’est Mocchii, un lapin blanc, qui assure le bon fonctionnement de la station. Il possède même un compte Twitter. C’est aussi le cas de Rabu, le chat en charge de la gare Ashinomaki-Osen. Ryoma et Hotofu sont d’autres félins en charge respectivement de la station Shiwaguchi et Kichigahara. Décidément, le Japon est un pays unique en ce jour. Si ce type de pratiques peut nous sembler anecdotique ou farfelue, elles jouent un rôle central dans un Japon qui voue un véritable culte aux animaux domestiques, allant jusqu’à avoir plus d’animaux de compagnie que d’enfants dans le pays.
– S.Grouard
R.I.P Tama !
Sources : theguardian.com / Wikipedia.org / en.rocketnews24.com / rail.hobidas.com