Il y a des jeux qui nous marquent par l’Art et la signature graphique unique qu’ils nous proposent. C’est le cas par exemple de GetsuFūmaDen : Undying Moon, très inspiré par l’esthétique Ukiyo-e qui fait la fierté du Japon et des amoureux d’antiquités. Petit voyage en enfer à la rencontre de Yôkaï aussi beaux que mortels.
Le tout premier jeu vidéo Getsu Fūma Den (La légende de Getsu Fūma) est sorti en 1987 sur Nintendo NES.
L’histoire nous plonge dans l’ère des démons. Ryūkotsuki, le plus terrible d’entre eux, réussit à s’échapper des enfers avec le but de conquérir la surface de la Terre. Ce monde est gouverné par les trois frères Getsu qui se battent vaillamment contre lui avec leurs épées déferlantes. Ces armes transmises depuis des générations ne suffisent hélas pas à défaire le démon qui triomphe. Seul un des guerriers survit à cette attaque : Fūma. Ce dernier, fou de rage et de vengeance, se jette dans l’aventure pour récupérer les trois épées volées et reprendre le monde des mains de son ravisseur…
35 ans après sa sortie, Konami remet le couvert en nous offrant GetsuFūmaDen Undying Moon, une relecture esthétiquement sublime de ce conte qui, contrairement à son aîné, a la chance de débarquer sous nos latitudes avec une signature graphique « HD » adaptée à son temps.
GetsuFūmaDen Undying Moon : quand les yôkaï s’en mêlent (les pinceaux)
GetsuFūmaDen Undying Moon version 2022 reprend à peu près la même histoire que son prédécesseur avec Fūma qui doit encore une fois se débarrasser du démon Ryūkotsuki et de ses minions. Petite différence, il est ici possible de jouer avec Renge, un personnage féminin plus rapide que son homologue masculin issu du même clan. Mais là où le premier jeu du nom se contentait – époque oblige – d’un amas de pixels, cette version moderne a décidé de rendre un bel hommage à l’art japonais des Ukiyo-e. Ces peintures sont reconnaissables parmi 1000, son plus grand représentant par sa renommée mondiale étant incontestablement Hokusaï (1770-1849). Difficile d’ailleurs ne pas ressentir l’influence du maître dans certains niveaux dont les arrières plans sont directement inspirés de ses chefs-d’œuvre. La plus évidente se retrouve dans un tableau au bord de la mer déchaînée, référence flagrante à La Grande Vague de Kanagawa (1830), issue de sa série d’estampes appelée Trente-six vues du Mont Fuji.
Les graphismes sont très fins et transpirent l’amour des traditions du Japon. Tout le folklore lié aux Yôkaï et aux enfers est bien là, avec sa galerie de monstres effrayants plus ou moins connus en occident. Squelettes aux yeux de feu, kasha voleur d’âme de défunt, dragons à 5 têtes, nurre-ona (serpent géant à visage de femme), araignée de la taille d’un immeuble… Le bestiaire est varié, très réussi et abominable à souhait.
Un vrai cauchemar comme les Japonais savent si bien les décrire et un grand plaisir pour les yeux même si vous ne jouez pas. Les amoureux de l’archipel seront heureux de découvrir des décors familiers, du quartier des plaisirs aux forêts de cerisiers en fleurs en passant par les montagnes enneigées. La bande-son n’est pas en reste avec des airs de Satsuma Biwa, l’instrument à corde traditionnel japonais. L’immersion est totale et on se croirait presque à une représentation de kabuki. Certaines musiques proviennent d’ailleurs de cet univers théâtral.
Une virée compliquée
GetsuFūmaDen Undying Moon est un rogue-lite. Il faudra donc s’accrocher. La difficulté est très élevée et à chaque fois que vous perdez, vous repartez à zéro alors que les tableaux sont générés au hasard. Vous gardez toutefois vos armes et votre expérience, ce qui vous permet à chaque nouvelle partie de recommencer mais plus fort ! C’est donc surtout un jeu à mettre entre les mains de celles et ceux qui aiment les challenges corsés. Il ne faut également pas avoir peur de la redondance des combats qui finissent par se répéter forcément. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le jeu, nous vous laissons découvrir le test de nos confrères de Geeknplay.
GetsuFūmaDen Undying Moon est disponible sur PC et sur Nintendo Switch.
Stéphane Hubert