Nouvelle sortie animée à découvrir sur Netflix, « L’Imaginaire » nous offre un récit poétique et enchanteur sur le pouvoir de l’imagination et pourquoi, même adulte, nous ne devons jamais lui fermer la porte. Ouvrez grands vos yeux et profitez de ce spectacle envoûtant offert par le studio Ponoc !
L’Imaginaire est un film d’animation japonais réalisé par Yoshiyuki Momose. On y suit Amanda et son ami imaginaire Rudger qui s’inventent de palpitantes aventures dans le grenier de la maison.
Depuis 3 mois, 3 semaines et 3 jours, rien ne les arrête et ils semblent inséparables. Pourtant, un incident dramatique va les éloigner l’un de l’autre. Rudger, alors seul et livré à lui-même, se retrouve rapidement confronté à une mystérieuse menace. Commence alors sa lutte pour ne pas disparaître aux côtés d’autres Imaginaires comme lui.
Le pouvoir de l’irréel plus fort que tout ?
L’Imaginaire est au départ un roman écrit par A.F. Harrold, illustré par Emily Gravett et intitulé Amanda et les amis imaginaires. Son histoire est ainsi un plaidoyer pour la lecture comme catalyseur d’imagination.
Sa version animée en reprend le message, l’art en général – et le récit d’aventure en particulier – sont des activateurs de créativité et d’évasion intérieure. On ressent ainsi un peu d’amertume quand, en début de film, nous voyons Lizzie, la mère d’Amanda, fermer sa librairie. Comme un cri d’alarme sur une société qui perd peu à peu le sens des priorités de son attention.
« c’est à nous de continuer à voir, dans le ciel, des géants et châteaux plutôt que de simples nuages ».
Loin de ces préoccupations, Amanda et Rutger ont fait un pacte : «Quoi qu’il arrive, ne disparais jamais, protège l’autre et ne pleure jamais». Le film est ainsi une ode à l’imagination, et surtout à cette envie que jamais elle ne nous quitte. Car en grandissant, les obstacles de la vie nous voilent peu à peu la vision et c’est à nous de continuer à voir, dans le ciel, des géants et châteaux plutôt que de simples nuages.
L’Imaginaire nous rappelle que c’est à nous de cultiver et garder l’idée quelque peu enfantine de cette réalité fantasmée pour justement réussir à accepter celle, véritable, qui manque souvent de mystère et de folie. Pour être heureux, vivons dans une autre dimension ?
L’imagination comme bulle de survie ?
Oui, l’histoire de L’Imaginaire nous le certifie : notre imagination est un bouclier et un super pouvoir qui embellit le réel, quel que soit notre âge. Tout comme certains personnages de film, de roman ou de manga vont nous réconforter ou nous inspirer de leurs mots ou de leurs actions, parfois plus que des personnes de chair et de sang.
Alors pourquoi se priver de ces influences ? Dans le film, Amanda a eu une bonne raison de créer Rudger après un événement d’une immense tristesse, trouvant en sa présence même irréelle un réconfort salvateur. Face au deuil, son ami imaginaire sera sa réponse au chagrin, pour ne pas oublier celui qui lui manque et accepter ce qui lui semble inacceptable.
Pour ne pas devenir fous, nous devons tous être des Amanda et garder nos Rudger dans un coin de nos âmes. Et si le message est magnifique, touchant, poétique et nous marque autant, c’est qu’il nous est partagé de bien belle manière.
L’Imaginaire : une symphonie de couleurs et d’émotions
Le film est en effet très beau et le rendu absolument féerique. Il faut dire que le matériau scénaristique prête justement à toutes les folies artistiques. Ainsi va la promesse de l’imagination d’un enfant : tout est possible !
L’Imaginaire s’efforce ainsi de coller à cette ligne de conduite : des dragons y côtoient des dinosaures et des géants de pierre alors que les enfants volent sur le dos d’oiseaux géants. Les Imaginaires vivent même dans leur propre ville qui vibre de mille lumières. Encore mieux, la cité change d’aspect chaque jour ! C’est techniquement brillant, au sens propre comme au figuré. .
Le long-métrage sera également un vrai régal pour les enfants, même si quelques séquences pourront un peu effrayer les plus jeunes. Bunting et son assistante tout droit sortie d’une télévision dans Ring pourront faire sursauter les moins de 8 ans (et certains adultes !). Le thème du deuil est aussi présent, pouvant provoquer quelques larmes chaudes et poignantes.
Enfin à la hauteur des attentes ?
Le studio Ponoc fait ici un travail admirable que ce soit dans l’animation comme dans le rendu graphique. Il s’y trouve ainsi une patte plus personnel que sur leur première production Mary et la fleur de la sorcière qui faisait penser à du Ghibli sans en avoir la saveur et la magie du récit.
Le réalisateur Yoshiyuki Momose est un vétéran de l’animation au C.V déjà bien chargé. Il a travaillé comme animateur sur des productions du studio d’Hayao Miyazaki et d’Isao Takahata comme Pompoko, Le Tombeau des lucioles, Le Voyage de Chihiro ou Princesse Mononoke pour n’en citer que quelques-uns. Pourtant, L’Imaginaire n’est que le deuxième film que le Japonais de 70 ans met en scène après Ni No Kuni adapté du jeu vidéo du même nom :
Le long-métrage va ravir toutes celles et ceux pour qui un parapluie sera toujours une épée, un vieux carton rien d’autre qu’un traîneau et les arc-en-ciel des cartes aux trésors. Époustouflant visuellement, bien écrit, poétique et bouleversant dans son message, L’Imaginaire est une belle réussite pour le studio Ponoc qui, espérons-le, en appellera bien d’autres.
Il est disponible sur Netflix depuis le 5 juillet.
– Stéphane Hubert