Une grande collection de netsuke – La Collection de Netsuke de Guy de Lasteyrie – est mise en vente à Paris ce 14 juin par la maison Bonhams. Le nom de la vente « Mythes, Malice et Magie » attire immédiatement la curiosité et nous plonge dans le petit monde merveilleux du netsuke, ces sculptures japonaises antiques aux apparences étranges et intrigantes. Découverte.

De l’utile à l’agréable

Il est toujours bon de rappeler aux profanes l’histoire qui entoure ces objets mystérieux. Un netsuke (根付) est à l’origine un simple bouton vestimentaire traditionnel porté par les Japonais à la ceinture (Obi) de leur kimono. À l’origine, la plupart des netsuke avaient une fonction purement utilitaire, celle de suspendre un objet à sa ceinture : une pipe, une boite à médicaments ou encore un porte-monnaie. Peu à peu, durant la période Edo, les netsuke des classes aisées vont se complexifier au point de devenir des objets ornementaux très prisés, fabriqués par des sculpteurs de renom. On en trouve en de nombreux matériaux différents, du bois en passant par de la corne de cerf sika ou de l’ivoire.

NETSUKE EN BOIS DE CERF REPRÉSENTANT UN KAPPA. XIXe siècle. Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.

Les Japonais les plus riches étaient très fiers d’exposer ces sculptures faisant le plus souvent référence à des mythes anciens et intrigants, parfois coquins. Avec la restauration de l’empereur Meiji et la révolution vestimentaire, les netsuke ont soudainement perdu leur utilité première pour devenir des objets de contemplation et d’exposition. Particulièrement rares aujourd’hui, ces micro-sculptures sont très convoitées par les collectionneurs du monde entier. Mais prudence, 80% du marché actuel est constitué de copies chinoises ! Pour s’assurer de posséder un netsuke authentique, il faut nécessairement se tourner vers des antiquaires respectables et des maisons d’enchères sérieuses comme Bonhams ou des vendeurs réputés comme Sagemonoya à Tokyo.

La Collection Guy de Lasteyrie

Dans quelques jours à Paris aura lieu la vente de la Collection Guy de Lasteyrie. C’est également la première vente aux enchères d’art japonais organisée par Bonhams à Paris, la maison de ventes aux enchères britannique fondée à Londres en 1793. Et ce n’est pas sans raison que la vente est organisée dans la capitale française. C’est la Ville Lumière qui a vu naître le Japonisme à la fin du XIXe siècle. L’Art japonais va soudainement fasciner les Français et influencer de nombreux artistes européens.

NETSUKE EN BOIS REPRÉSENTANT UN TIGRE. Par Tomokazu, Gifu, milieu du XIXe siècle. Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.

« J’ai découvert le monde des netsuke dans une bibliothèque chez ma grand-mère où ces petits objets exerçaient sur moi une fascination d’autant plus particulière qu’il était absolument interdit de s’en approcher. » exprime Guy de Lasteyrie qui héritera de cette précieuse collection pour en devenir, à son tour, un ardent gardien pendant plus de cinquante ans. « Je m’estime très chanceux d’avoir été pendant un temps le dépositaire de ces petites œuvres d’art dont l’étude et l’acquisition m’ont procuré tant de joie. C’est avec émotion que je m’en sépare aujourd’hui mais aussi avec la conviction qu’elles procureront à d’autres amateurs le même plaisir que celui qui a été le mien depuis que, petit, je regardais avec envie la bibliothèque de ma grand-mère. » ajoute le collectionneur.

Se déroulant au 6 avenue Hoche à Paris ce 14 juin, cette vente exceptionnelle est composée de plus de 180 lots, principalement des netsuke et d’autres objets japonais décoratifs datés principalement de la période Edo (1615-1868). Avec ses créatures étranges et fantastiques, cette collection particulière transporte le spectateur dans un vaste univers de mythes nippons et nous enivre de cette magie sculpturale si propre au Japon.

NETSUKE EN BOIS REPRÉSENTANT UN MASQUE D’HANNYA. XIXe siècle. Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.

Si la qualité des netsuke présentés varie autant que leur valeur, certaines pièces sont remarquables, dignes de musées, signées par des grands maîtres tels Tadayoshi, Toyomasa ou encore Masanao. Il faudra par exemple compter entre 10 000 à 15 000 € pour un tigre à dents de sabre de 3,8 cm de long signé Shugasai Toyokazu. Mais certaines pièces sont beaucoup plus « abordables » comme ce splendide masque Nô signé Deme Uman. Une chose est certaine, on ne voit pas souvent des netsuke de cette qualité passer sur nos yeux…

Tous les netsuke de la collection sont à découvrir sur la page de la vente qui se déroulera en direct, en ligne, et en présentiel à Paris. Plus d’infos sur Bonhams.com.

Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.
Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.
Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.
Photographie : Bonhams, Tous droits réservés.