Le Pavillon des hommes : amour et intrigue au palais du Shogun

Nouvelle série japonaise proposée par Netflix, « Le Pavillon des hommes » est aussi palpitante dans son histoire que réussie dans son esthétique. Difficile de s’arrêter au milieu des 10 épisodes qui composent cette première saison qui, on l’espère, ne sera pas la seule ! Une belle réussite sur un sujet qui s’amuse de la triste réalité de l’époque qu’elle décrit. Plongée immédiate en plein Edo, à une exception près…

Le Pavillon des hommes est l’adaptation du manga de Fumi Yoshinaga qui compte 19 tomes. L’œuvre s’anime pour la première fois alors qu’elle a déjà inspiré deux films et deux drama.

Nous y sommes plongés dans le Japon du XVIIe siècle qui ressemble en tout point à celui retenu par l’Histoire à une différence près. En effet, le pays est ravagé par une épidémie qui ne cible que les hommes. Ces derniers tombent malades et finissent par rapidement mourir. Quel est donc ce mal qui ronge une grande partie de la population ? Pourquoi le shogun a-t-il décidé de s’entourer de jeunes hommes dans son palais ? Les réponses se cachent entre les murs de cette cité aux 1000 secrets.

Au-delà du réel

Le scénario de la série part d’un postulat très intéressant qui s’appuie sur une réalité – celle du shogunat des Tokugawa – pour mieux la tordre grâce à un détail qui va tout changer. À l’époque, c’est bien le shogun qui était entouré de femmes dans son immense palais. Mais dans la série, une épidémie tue quasiment tous les hommes du Japon. Ainsi, ces derniers deviennent une « denrée » rare et recherchée. Alors tout s’inverse ! Dans le quartier des prostituées par exemple, on ne trouve plus que des hommes… Il faut dire que leur semence est maintenant aussi rare que l’or.

Ainsi, la population ne grandit plus aussi vite qu’avant et on peut presque y voir un écho à la situation actuelle de l’archipel qui vieillit mais ne se renouvelle plus. Sans cure pour guérir les hommes qui attrapent cette maladie mortelle, il faut s’adapter et même pousser des traditions vers des extrêmes que l’on pensait défendus

Femme fatale

Tant qu’à pousser l’uchronie dans ces derniers retranchements, le manque d’héritiers hommes fait naître un véritable casse-tête quant à la personne qui devra pourtant bien s’asseoir sur le trône. Après un long premier épisode magistrale de plus d’une heure (comme pour Oshi no Ko, ce qui n’est pas pour nous déplaire), les bases sont posées et on comprend que la plus grand trouvaille de la série, c’est bien qu’une femme va devenir shogun ! Dans les premiers temps, il faudra bien-sûr le cacher. Vous voyez combien la société japonaise est encore hiérarchisée et patriarcale en 2023 ? Alors, imaginez il y a quatre siècles ! Sans oublier les luttes intestines pour garder les places de pouvoir autour de la tête du gouvernement.

Nous sommes ainsi témoins de l’impact que ce « simple » changement dû à l’épidémie peut avoir sur une civilisation entière. C’est ce qui rend l’animé absolument captivant, à suivre ce jeu de trônes où les têtes tombent (au sens propre comme au figuré) et parfois tournent sous le coup de l’émotion.

Le Pavillon des hommes : amour, gloire et palais

Si la série se focalise bien sur les luttes intestines et sur ce combat pour rester au pouvoir, elle est également traversée de grandes histoires d’amour. Sa force est ainsi qu’elle s’étale sur plusieurs générations et que nous avons la chance de voir évoluer les relations entre les murs du palais. Les personnages principaux n’en sortent d’ailleurs quasiment jamais, soulignant encore plus le côté « carcérale » de cette cité interdite. Mais le romantisme y a sa place, pour le pire et le meilleur.

Même si certaines introductions de la 3D ont un rendu un peu moyen (nous sommes de la vieille école!), le reste est un éblouissement pour les yeux. Les détails sont légions, que ce soit sur les habitations ou les motifs des kimonos. Il y a une grâce qui se dégage de cet animé, une beauté omniprésente qui souligne celle des sentiments souvent cachés et qui contrebalance avec une certaine violence sous-jacente de l’époque. De la délicatesse s’invite en effet dans cet océan de larmes et de violence.

Le Pavillon des hommes est une œuvre admirable et d’une grande minutie sur la vie que pouvaient mener les shoguns, ses courtisanes et son entourage à l’époque. Grandeurs et décadences, amour et trahison, l’animé est un régal pour les amoureux d’intrigue et de tradition japonaise.

le pavillon des hommes netflix

La première saison de 10 épisodes est d’ores et déjà disponible sur Netflix.

Stéphane Hubert