Le folklore japonais compte des centaines de yôkais. Difficile de choisir ses préférés tant l’imaginaire des conteurs et artistes japonais fut foisonnant dans l’histoire. Pour nous aider, nous avons fait appel à Joranne Bagoule, une passionnée du Japon qu’elle aime illustrer sur son site. Avec sa participation et ses propres mots, voici une compilation de ses 10 yôkai préférés ! Nous lui laissons donc la parole, dans son style unique.

N°1 Le kirin – 麒麟

C’est mon yokai chouchou. Bon ok p’têtre parce que je l’aimais déjà avant de connaître le Japon quand j’étais biberonnée de mythologie Chinoise. Le kirin c’est un peu le boss de fin de niveau, mi-dragon, mi-cheval, mi-cerf, il n’apparaît qu’en temps de paix et symbole de justice, vertu et bonté (ouais tout ça ouais). Je trouve ça aussi super drôle que le kirin est maintenant utilisé pour désigner les girafes, les mecs ça a tellement dû faire tilt dans leur tête de voir ce grand quadrupède, avec des tâches en forme d’écailles, et un peu les caractéristique de l’équidé mais avec des cornes.

Ce yôkai ne se montre qu’une fois tous les mille ans lorsque survient un personnage éminent ou un changement important. Il existe aussi en Chine où on changeait le nom de l’ère lorsqu’un kirin était vu ou attrapé.

N°2 Le Sunekosuri – 脛擦り

Bon lui c’est pas dur je l’adore parce que c’est la bestiole choupinou du film « The great Yokai War » (VOYEZ CE FILM !) que j’adore de Takashi Miike. Par contre savoir que ce film que j’adore a été réalisé par le réal d’Audition et Visitor Q… Je sais pas ça me met pas super à l’aise. Le sunekosuri est une petite bestiole ronde et fluffy qui va se frotter à vos tibias ou se mettre en travers de vos pieds pour vous faire trébucher.

Ce yôkai dont le nom signifie « frotteur de tibias » aime égarer les voyageurs la nuit en enlaçant leurs jambes ce qui leur fait perdre leurs repères. On le croise particulièrement sur des chemins étroits, les soirs de pluie. Prudence…

N°3 Le Ittan momen –  一反木綿

Il s’agit d’un morceau de tissu, de 10m sur 34cm (« Ittan ») qui flotte dans les airs à la tombée de la nuit. Il aime s’enrouler autour de la tête des gens qui ont le malheur de croiser sa route pour les étrangler ou les étouffer ! Il fait partie des yôkai de la famille des « tsukumogami », des objets qui prennent vie à l’âge de 100 ans. Il se peut que ce soit un linge mis à sécher qui se soit envolé et ait pris vie. Les adultes font peur aux enfants qui s’attardent trop le soir en les menaçant de la venue de l’ittan momen. Vous ne regarderez plus jamais une serviette comme avant !

N°4 Les Kawauso – 獺

Parce que y en a que pour les Kitsune et les Tanuki alors qu’il existe un YÔKAI LOUTRE ! LOUTRE !!! Bon après c’est le même principe que pour les kitsune et les tanuki, à savoir un yokai qui peut changer d’apparence, eux sont très friand de saké.

On raconte que le Kawauso (« loutre ») se métamorphose en une jeune fille d’une vingtaine d’années ou d’un garçon vêtu d’un kimono à carreaux. Si on lui demande qui il /elle est et d’où il/elle vient, sa réponse sera incompréhensible.

N°5 Les Furi – 風狸

Remballez vos blagues sur un certain fandom. Le fūri est un yokai chinois (oui encore), c’est entre le tanuki, la belette et le singe. Ils ont une fourrure type léopard mais une crinière bleu/vert (parce que pourquoi pas !). Son truc à lui c’est des bonds rapides et impressionnants, il « file » comme le vent. Résistant au feu, aux armes blanches mais pas si on les frappe (va comprendre), ils peuvent même ressusciter avec l’aide du vent.

« Furi » signifie « blaireau du vent ». Ce yôkai peut voler et se montre très timide devant les humains. Il se nourrit d’oiseaux qu’il chasse en lançant sur eux des plantes étranges qu’il ramasse (on ignore lesquelles).

N°6 Le Kyōrinrin – 経凛々

Un tsukumogami (un yōkai d’objet) de parchemin et de livre. C’est comme un dragon mais avec des parchemins ! Qui en plus s’attaque aux personnes qui ont la flemme de se cultiver !

Le Kyôrinrin naît quand des livres ou des parchemins ont accumulé trop de poussière, délaissés par leurs propriétaires. Il se matérialise sous la forme d’un dragon et se pare des plus beaux livres tel un kimono. Un bec et de longs bras vont attaquer leurs possesseurs qui ont négligé le savoir contenu dans les livres !

N°7 Le bakeneko – 化け猫

Parce qu’il fallait bien un chat à ma liste, j’ai hésité entre le nekomata, le gotokuneko et le bakeneko, mais c’est le dernier mon préféré. Comme pour tous les autres animaux yōkai, il se transforme une fois qu’il atteint un âge avancé. Si comme ses petits camarades chats yōkai, le bakeneko fricote beaucoup avec le feu et risque à tout moment de cramer votre maison, le bakeneko peut être sympa si son propriétaire a été sympa avec lui. Ils peuvent devenir très gros (plus gros qu’un humain). Ou se déguiser en humain. Mais apparemment, ils aiment beaucoup danser sur leur pattes arrières avec une serviette sur la tête.

N°8 Le Nurikabe – ぬりかべ

C’est un yōkai mur. Je crois que de tous les tsukumogami c’est celui qui me fait le plus wtf et celui qui me fait le plus marrer. Il va être invisible et se mettre sur votre chemin. Reposez-vous et il ira voir ailleurs. Je l’imagine toujours avec des tous petits pieds et se déplaçant à petit pas en faisant *plom plom plom* d’un air débonnaire.

Originaire de Fukuoka, ce yôkai apparaissait pour bloquer le chemin des passants. Pour le faire bouger, on dit qu’il fallait brandir un bâton au ras du sol. Il semblerait aussi qu’il se matérialise devant les personnes hors d’elles, énervées ou stressées. Il apparaît dans l’excellent jeu Ôkami que Poulpy a eu l’occasion de vous présenter.

N°9 Les Kodama – 木霊

Miyazaki les a popularisés avec Princesse Mononoké en de petits personnages blancs. Les kodama sont les esprits des arbres, la plupart du temps ils sont à l’intérieur de leur arbre mais s’ils sont à l’extérieur ils auront une forme évanescente et lumineuse. Je les trouve très poétiques, j’aime bien les kodama parce qu’ils sont très proches des yōkai originels quand ils étaient encore mixés avec les mitama shinto et qu’ils étaient lié au nigimitama et au aramitama (les « bon et mauvais esprits »). Si vous voulez voir une chouette représentation des yōkai « originaux » lisez ou regardez l’anime Mushishi.

Un Kodama est littéralement « l’âme de l’arbre » et seuls certains grands et vieux arbres en possèdent une. Si un tel arbre est abattu alors le malheur se répandra dans le village et chez le bûcheron qui l’aura coupé. Les arbres qui ont une âme sont difficiles à identifier, on dit que seules les personnes âgées peuvent les reconnaître.

N°10 Les Maruge ou Marumo – 丸毛

Un yōkai qui n’en ai pas vraiment un vu qu’il a été inventé de toute pièce par le maître en la matière le mangaka Shigeru Mizuki. Un petit yōkai qui ressemble à une boule de fourrure ou à un gros mouton de poussière. Ils ont leur bouche au sommet de leur tête. Donc les humains les confondent avec des tirelires et ils volent de l’argent comme ça.

Loin de se cantonner aux vieux contes et légendes, les yôkais pullulent dans les mangas. On les retrouve par exemple dans : Kitaro le repoussant, Natsume Yuujinchou, Nonemba, Otogi matsuri, XXX Holic, Elegant Yokai Apartment Life, Nurarihyon no Mago, Hoozuki no Reitetsu, Ai ni Yuku, Mushishi, Inu Yasha, Toshokan no Youkai, Mononoke, Morose Mononokean, Hotarubi no Mori e, Itou-kun wa Koi wo Shiranai, Inugamihime ni Kuchizuke, Tactics, Koi to kemono to seitokai, Gedara, Mokke, Ayakashi-Zoushi, Neko musume michikusa nikki, Nonnonbâ. De quoi remplir vos étagères !

Et pour creuser le sujet Joranne et Poulpy vous conseillent ces sites :

-Le site anglophone yokai.com qui liste des dizaines de yôkais

-Le twitter de la librairie yôkai

-Les illustrations de fujinami_uzura et de senryoya.

Joranne Bagoule & S. Barret


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