« Le Château solitaire dans le miroir » est le dernier film d’animation japonais à trouver la route des cinémas français ! Cette fable moderne animée, à découvrir dès les 6 septembre, s’attaque à un sujet de société qui fait des ravages sur l’archipel mais aussi un peu partout dans le monde : le harcèlement scolaire.

Le Château solitaire dans le miroir est le nouveau film de Keiichi Hara, réalisateur de Wonderland, le royaume sans pluie, Miss Hokusai ou Un été avec Coo. Il s’agit d’une adaptation du roman du même nom de Mizuki Tsujimura, publié au Japon en 2017 et en 2022 en France chez Milan.

On y suit Kokoro, une collégienne qui a la surprise de voir, un jour, le miroir de sa chambre scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette portant d’un masque de loup lui soumet un défi. Elle a un an pour l’accomplir et ainsi réaliser le souhait qui lui tient le plus à cœur. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.

Alice, tu es là ?

Le Château solitaire dans le miroir commence comme un conte de fée. Difficile ainsi de ne pas penser à Alice au pays des merveilles en voyant Kokoro traverser le miroir de sa chambre comme l’héroïne de Lewis Carroll il y a bientôt 160 ans. Mais à l’inverse de cette dernière, la jeune Japonaise ne va pas y rencontrer d’étranges et loufoques créatures mais simplement des collégiens comme elle. Ils sont tout de même accueillis par une jeune fille mystérieuse qui cache son visage derrière un masque de loup. Elle leur confie qu’elle a le pouvoir de réaliser les rêves et que celui ou celle qui relèvera son défi aura droit de donner vie au sien. Rapidement, le spectateur découvre que les invités ont tous un point en commun…

Seuls contre tous

En effet, chacun subit dans le monde réel un harcèlement scolaire qui l’a poussé à être déscolarisé. Injure public, pression sociale, attaque physique… Comment trouver la force de se rendre au collège quand ces agressions deviennent votre quotidien ? Le film s’empare de ce sujet difficile et nous montre une réalité que beaucoup d’étudiants de l’archipel aimeraient ne pas connaître. Ce sujet de société est vraiment un des plus préoccupants et a pris encore plus d’ampleur ces dernières années au Japon, l’avènement des réseaux sociaux n’ayant pas vraiment aidé à régler le problème, mais plutôt à l’amplifier.

Au Japon, en 2022, ce ne sont pas moins de 514 collégiens qui se sont donnés la mort. Combien d’autres souffrent en silence et supportent le harcèlement pendant des années ? Bien entendu, la pression scolaire joue également un rôle dans cette problématique. Mais avant d’en arriver à de tels drames, comment se relever face à ce combat qui semble perdu d’avance ? La réponse se trouve peut-être dans le château…

Le Château solitaire dans le miroir : un havre de paix ?

L’intrigue du film se passe sur un an et possède un scénario vraiment malin. Les collégiens ne sont en effet pas enfermés dans le château mais peuvent aller et venir entre les réalités à leur guise par le biais des miroirs. Et si au départ, chacun est excité par l’idée de pouvoir réaliser son rêve, la rivalité laisse rapidement place à de nouveaux sentiments : l’entraide et la solidarité. Au long des discussions, il s’avère que cette souffrance dans le monde réel les rapproche…

Alors cet univers fantastique devient leur hameau secret. Celui où ces jeunes maltraités peuvent se retrouver et tout simplement vivre comme des amis. On y joue, on rigole, on discute, on prépare de bons dîners et, surtout, on se soutient. Cette confrérie improvisée va essayer de se donner la force d’affronter le « vrai » monde. Mais cette rencontre fantastique est-elle vraiment due au hasard ?

Appel à l’aide

Le scénario du film possède en effet une belle trame captivante qui s’étoffe petit à petit pour se terminer en apothéose. Il y a quelques moments de flottement pour en arriver là, mais Le Château solitaire dans le miroir n’est pas avare de belles séquences narratives qui ne manqueront pas de vous surprendre. Surtout, il se veut réconfortant dans son message.

À toutes les personnes ayant subi du harcèlement scolaire, le long-métrage de Keiichi Hara répond : « Vous n’êtes pas seules. ». Et cette expérience négative passée doit aussi servir à aider ceux qui la subissent au présent. Pour apaiser la peine, faire qu’elle cesse au plus vite et montrer que l’on peut s’en sortir quand même.

Techniquement, l’œuvre du réalisateur de 64 ans est un peu à la traine par rapport aux standards d’excellence imposés par les derniers films de Makoto Shinkai (Suzume) et Mamoru Hosoda (Belle). Certaines utilisations de la 3D offrent ainsi un rendu assez moyen dans les textures. Néanmoins, pointer ce manque de finition est vraiment là pour chipoter car l’intérêt du film est ailleurs. L’émotion est là, bien réelle, nous faisant rire et pleurer au rythme des pérégrinations de nos 7 jeunes Japonais en détresse. Au-delà de réaliser leurs rêves, leur quête est finalement déjà de commencer à se sentir assez bien pour avoir l’envie d’en avoir.

Le Château solitaire dans le miroir

Distribué par Eurozoom, Le Château solitaire dans le miroir est à retrouver au cinéma en France dès le 6 septembre.

Stéphane Hubert