Au hasard d’une balade dans Yanaka, le quartier historique de Tokyo, Poulpy découvre une exposition tenue par Ayaka Iida. Comment ne pas être immédiatement séduit par les œuvres exposées tant elles retranscrivent un certain goût pour la beauté Japonaise ? La conversation s’engage facilement avec l’artiste et celle-ci accepte de répondre à quelques questions pour nos lecteurs francophones. Elle confie : « J’ai voyagé en France l’an dernier. Il y avait beaucoup de merveilleux musées, j’ai été très impressionnée. Je serais ravie si vous me présentiez à vos lecteurs. » Dont acte !
Mr J : Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Ayaka-san : J’aime dessiner depuis que je suis petite et j’ai commencé la peinture japonaise quand je suis devenue étudiante à l’université. L’université proposait un cours de peinture à l’huile et un cours de peinture japonaise, et c’est ce dernier que j’ai choisi. Ma professeure de dessin, lorsque j’étais enfant, était une peintre japonaise. J’ai été influencée en découvrant ses œuvres lors d’une exposition.
Je suis donc entrée à l’université d’art de Tama. Là-bas, les élèves étaient encouragés à dessiner des œuvres de grand format. C’était un très bon stimulus car il y avait beaucoup de camarades de classe qui travaillaient avec énergie. Je regardais souvent les peintures de mes amis tout en travaillant dans la même classe.
Quand avez-vous commencé et qu’est-ce qui vous a poussé à exprimer vos sentiments ?
Ayaka-san : J’ai commencé à dessiner sérieusement quand je suis devenue étudiante, et j’ai fait ma première exposition solo à l’âge de 22 ans. Mon exposition était basée sur les poèmes et romans de Kenji Miyazawa (Kenji Miyazawa est un poète, romancier et auteur de contes et nouvelles japonais). Inspirée d’eux, j’ai dessiné un mélange de motifs et décors réels mêlés au monde de l’imaginaire.
En ce moment, je recherche l’inspiration dans des endroits familiers. Il y a toujours beaucoup de nouvelles découvertes à faire dans ce qui est familier, ce qui me procure un grand plaisir. En observant, en dessinant quelque chose et en comprenant pourquoi j’ai été fascinée, je me rends compte que cette chose renferme beaucoup de secrets…
Cela me donne aussi la motivation de dessiner, de lire, de converser avec des gens, et de ressentir de la surprise et de l’excitation dans les endroits que je visite pour la première fois. Pour moi, le sentiment de vouloir savoir ou de vouloir quelque chose peut être digéré en dessinant. Le dessin est semblable à une collecte de trésors.
J’espère qu’un jour, en les additionnant, ma peinture s’étendra au-delà de mon imagination et créera un monde que nous n’avons jamais vu auparavant.
Des objets japonais (fleurs, poulpes, kimonos etc.) sont reconnaissables dans vos œuvres. Comment le Japon vous inspire-t-il ?
Ayaka-san : J’adore l’artisanat traditionnel et j’adore les plantes qui prennent racine dans ce pays. Depuis que je vis au Japon, ces motifs me donnent beaucoup d’inspiration.
De plus, parfois je dessine consciemment des motifs japonais mais aussi quand je n’en suis pas consciente. Je pense que l’influence sur la peinture de l’endroit où je vis est très grande. Quand j’ai voyagé en France, j’ai été étonnée de la beauté des couleurs en demi-teintes de la nature. La couleur du soleil était aussi différente !
Même les arbres du même type (comme le ginkgo et le cerisier) ont des formes différentes. Les arbres que je vois au Japon sont droits et vigoureux, mais les arbres que j’ai vus en France étaient sinueux et élégants. Après mon retour au Japon, mon style a changé. Mes façons d’exprimer les formes et ma gamme de couleurs se sont agrandies.
Pour moi, aller dans un pays avec une autre culture, c’était non seulement rencontrer de nouvelles choses, mais aussi redécouvrir la culture japonaise. Je voudrais aller dans différents pays si j’en ai l’occasion.
La figure de la femme est également très présente dans vos œuvres. Quelle en est la raison principale et le but ?
Ayaka-san : Presque toutes les femmes que je représente sont en réalité ma sœur. Je suis contente parce qu’elle est heureuse de me servir de modèle.
Le fait d’inclure une personne dans l’image, c’est comme dessiner un personnage dans l’histoire, j’ai toujours admiré les illustrateurs de livres, ce peut en être la conséquence.
Quel est votre dessin favori et pourquoi ?
Ayaka-san : L’œuvre de 7 mètres de large que je dessine actuellement va être ma préférée. Un grand travail prend du temps et de l’énergie, mais je veux m’y essayer régulièrement, à quelques années d’écart. Quand vient ce moment, je veux réaliser un travail qui surpasse le précédent. Donc, mon travail de fin d’études « Automne en circulation » et « Ceci est la base secrète de demain » me sont également très chers.
La voici :
Avez-vous un souvenir de votre enfance qui vous inspire en particulier ?
Ayaka-san : La maison des parents de ma mère se trouve à la campagne au milieu d’une nature abondante. J’aimais y aller lors des vacances d’été et d’hiver quand j’étais enfant.
Il y avait des arbres intimement entrelacés, des montagnes dont quelque chose semble sortir quand on y entre, un sentier entre les rizières… Je pense que ce paysage où les éléments naturels coexistent de manière complexe a formé les racines de mon monde artistique.
Nous remercions chaleureusement Ayaka pour ce moment privilégié. Vous pouvez retrouver les œuvres d’Ayaka Iida sur son site internet ou Instagram.
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