Les adaptations de manga ne sont pas toujours des réussites. Mais « Look back », disponible sur Prime Vidéo, est une de celles qui subliment les œuvres dont elles s’inspirent. Notre avis sans spoiler.
Look Back est un film d’animation de Kiyotaka Oshiyama, adapté du manga éponyme de Tatsuki Fujimoto.
On y suit Fujino, une jeune fille surdouée qui a une confiance absolue en son talent de mangaka en herbe. Elle n’est pourtant encore qu’en école primaire ! Face à elle, Kyômoto se terre dans sa chambre et pratique sans relâche le même art.
Les deux jeunes filles d’une même ville de province vont se rapprocher, unies par cette même passion pour le dessin. Elles vont vite comprendre que leurs destins seront liés à jamais.
Une adaptation entre de bonnes mains
Il y a deux ans et demi sortait en France Look Back, le manga de Tatsuki Fujimoto. Déjà à l’époque, nous avions été bluffés par la force du manga du père de Chainsaw Man et Fire Punch.
Alors l’annonce d’une adaptation animée ne pouvait que nous réjouir, même si ce genre de pari n’est pas toujours gagné d’avance. Pourtant, la confiance était de mise dès le moment où le nom de Kiyotaka Oshiyama a été associé au projet au poste de réalisateur.
Le Japonais de 42 ans est en effet fortement renommé dans le monde de l’animation nippone. Il a travaillé en tant qu’animateur clé sur les films Evangelion: 2.0 You Can (Not) Advance, Arrietty le petit monde des chapardeurs, et Le Vent se lève. En 2016, il réalise la série Flip Flappers avant de monter son propre studio en 2017, le studio Durian. Il trouve alors des rôles de designer pour les animés comme Deca-Dence, Rising Impact, Make My Day ou… Chainsaw Man.
C’est probablement cette première connexion avec les créations de Fujimoto qui l’a mené à son premier long-métrage.
Look Back : juste ce qu’il faut
Look Back est-il vraiment un long-métrage avec ses 58 minutes ? La durée est-elle vraiment un critère de qualité ? Nous avons bien ici la plus grande preuve que non et c’était déjà le cas avec le manga d’origine qui ne compte que 140 pages. Combien de films d’animations de plus de 1h30 avons-nous vues ces dernières années qui nous ont laissé de marbre devant nos écrans ? Alors Oshiyama, lui, privilégie l’efficacité, la fidélité et la densité.
En moins d’une heure, nous passons ainsi par toutes les émotions. À bord de ces véritables montagnes russes cinématographiques, nous montons très haut, descendons très bas et remontons la pente, lessivés, émus. Quel voyage !
Cette histoire d’amitiés avec en toile de fond la passion pour la création artistique n’est vraiment pas comme les autres et marquera les cœurs pour longtemps.
3 fois mieux ?
Le titre de ce paragraphe est ouvertement trompeur mais, en passant du format papier à celui de la pellicule, Look Back reçoit trois bénédictions qui ne manqueront pas d’ajouter encore plus de force au matériel de départ déjà excellent.
« le long-métrage magnifie nombre de scènes déjà présentes dans le manga »
La première, c’est l’animation. Réalisé quasiment entièrement en numérique, le long-métrage magnifie nombre de scènes déjà présentes dans le manga par une énergie et une poésie qui transportent. La mise en scène virevolte, la caméra se rapproche de corps tremblants, s’éloigne de dos courbés sur des bureaux… Nos deux héroïnes nous emmènent ainsi avec elles dans cette valse de la vie qui les lie mais qu’elles ne dansent pourtant pas tout le temps ensemble.
La deuxième, c’est la couleur. De ce côté-là, Look Back est tout simplement magnifique de ses aplats pastel et sa palette luxuriante. La représentation de la solitude est parfois plus sombre quand celle de la beauté de la campagne japonaise qui passe par toutes les saisons est flamboyante. La responsable des couleurs, Maya Kusumoto, rajoute ici une belle ligne à son C.V, elle qui a déjà travaillé sur Wonderland le royaume sans pluie, Détective Conan : Le Sous-marin noir ou My Hero Academia : Two Heroes.
Enfin, la troisième et peut-être celle qui a le plus d’impact sur le spectateur, c’est bien la musique. Signée Haruka Nakamura, elle habille avec délicatesse les tourments, victoires, défaites et beaux moments partagés par nos deux héroïnes que l’on suit de l’école primaire à l’âge adulte.
Notes de piano et nappes de violon nous transportent dans ce voyage simple et fou qui fait la part belle aux séquences contemplatives sans dialogue. Le musicien japonais nous prouve par son talent mélodique qu’il n’y a pas toujours besoin de mots pour nous faire frémir.
Et quand il faut bien que les jeunes filles s’expriment, elles le font avec tout le talent de Yumi Kawai – extraordinaire dans Desert of Namibia en ce moment au cinéma en France – qui incarne l’exubérante Fujino, et Mizuki Yoshida (Alice in Borderland) et qui prête sa voix à la fragile Kyômoto.
Look Back le manga était un chef d’œuvre. Son adaptation animée en est un également, gardant le caractère envoûtant de son récit de départ en y ajoutant la puissance combinée de sa mise en scène, de sa beauté visuelle et de sa bande-son. Sa courte durée ne lui apporte finalement que plus de force.
C’est ainsi un concentré d’émotions sublime qui ne connaît aucun temps mort ni scène inutile. Un sans-faute de la part de Kiyotaka Oshiyama dont on attend maintenant le prochain long-métrage avec impatience. N’attendez pas une seconde de plus pour le découvrir !
Look Back est disponible sur Prime Video depuis le 7 novembre.
– Stéphane Hubert