Loin des sempiternelles luttes entre le bien et le mal qui pullulent dans les animés, « Tsurune » préfère se pencher sur une pratique autant sportive que spirituelle : le Kyudo (弓道), littéralement, la voie de l’arc. Notre avis sur cette œuvre soignée qui ne manque pas sa cible.

Tsurune est un anime adapté du light-novel du même nom écrit par Kotoko Ayano et publié depuis 2016 sur l’archipel. On y suit Minato Narumiya, un adolescent autrefois passionné de tir à l’arc qui a perdu sa confiance en lui après un incident traumatisant.

Il rejoint le club de Kyudo de son lycée où il rencontre des amis qui l’encouragent à retrouver sa passion. Avec leur soutien et sa détermination, Minato entreprend un voyage spirituel personnel et de redécouverte de soi à travers ce sport, surmontant ses doutes et ses peurs pour atteindre de nouveaux sommets.

Dans un carquois soyeux

Ce qui marque dès les premières secondes de l’animé, c’est la qualité de la production. Rien d’étonnant puisque Tsurune est produit par le studio Kyoto Animation, reconnu pour son travail dans l’animation japonaise depuis presque 40 ans. À leur palmarès ? Des succès sur petit et grand écran comme A Silent Voice, Violet Evergarden, Sound! Euphonium ou K-on!.

La réalisation, elle, a été confiée à Takuya Yamamura, fidèle du studio qui débute ici à ce poste, mais dont le C.V d’animateur est particulièrement riche. Pour cette série, le metteur en scène jongle ainsi parfaitement entre les moments de tension et de relâchement propres au Kyudo.

Tsurune

Le scénario de Michiko Yokote nous offre une histoire relevant des tourments adolescents, se penchant sur les thèmes de l’amitié, de la confiance en soi et de l’évolution personnelle à travers l’art du tir à l’arc.

L’anime se fait ainsi l’occasion d’une narration nuancée et de personnages bien développés, chacun avec ses propres luttes et aspirations. Les relations entre les membres du club sont richement explorées, insufflant un sentiment de camaraderie authentique et de soutien mutuel.

Et si la beauté visuelle frappe la rétine, la bande originale n’est pas en reste, bercée de mélodies somptueuses composées par Harumi Fuuki. Avec leurs nappes de violons, de flûtes et leurs délicates mélopées de piano, certaines pistes n’auraient pas à rougir face à celles des films du Studio Ghibli. De quoi conférer des bases solides à un animé qui s’éloigne des sentiers battus pour aborder un thème tout japonais.

Tsurune : quand l’esprit monte en flèche

Tsurune se distingue du genre –au-delà de ses qualités techniques indéniables- par le thème choisi du Kyudo. L’accent mis sur le tir à l’arc ajoute en effet une dimension unique au scénario, offrant une perspective fascinante sur cet art traditionnel japonais et son impact sur la vie des personnages.

弓道

« La voie de l’arc »

L’animé explore en effet en profondeur cette pratique enracinée dans l’archipel en transcendant sa dimension sportive. Aussi sert-elle de toile de fond pour l’exploration des émotions, des relations et de l’émancipation des personnages. À travers le Kyudo comme métaphore de la vie, les personnages trouvent un moyen de s’exprimer, de surmonter leurs luttes intérieures et de se connecter les uns aux autres. Minato, Seiya, Ryohei et Nanao forment alors une équipe, se soutiennent et s’inspirent des principes fondamentaux de cette discipline.

La rigueur, la concentration et la maîtrise de soi sont ainsi constamment intégrés dans le récit, offrant des leçons de vie profondes et des moments de réflexion aux personnages autant qu’aux spectateurs. De quoi se lancer dans le tir à l’arc pour trouver l’équilibre ?

Plus qu’un sport

« le Kyudo vise à atteindre un état de symbiose entre le tireur, l’arc et la cible, mettant l’accent sur la recherche de l’harmonie intérieure et extérieure »

Le Kyudo est en effet bien plus qu’une simple pratique sportive ; c’est une discipline profondément enracinée dans la philosophie japonaise. Fondamentalement, le Kyudo vise à atteindre un état de symbiose entre le tireur, l’arc et la cible, mettant l’accent sur la recherche de l’harmonie intérieure et extérieure.

D’après le site de Kyudo français, son origine est d’abord militaire. Issu du kyūjutsu (弓術), à savoir le tir à l’arc guerrier des samouraïs (侍), cet art martial est tombé en désuétude avec l’introduction au xvie siècle des armes à feu au Japon, survivant depuis dans sa version purement spirituelle :

« En tant qu’art martial, il provient de l’histoire des samouraï qui l’utilisaient sur les champs de bataille. Pénétré et nourri dans un second temps par l’influence du Zen, le kyudo devint Voie de l’arc pour trouver sa place au sein des méthodes orientales dédiées à la transformation de soi vers un mieux être et une recherche de vérité personnelle. »

La pratique du Kyudo enseigne ainsi, à travers un arc de plus de deux mètres, la patience, la concentration et le contrôle de soi, favorisant le développement d’une mentalité tempérée et équilibrée. C’est une voie spirituelle autant qu’une technique physique, encourageant la recherche de la perfection à travers la répétition et la méditation.

Le respect des traditions et des rituels y est également crucial, renforçant les valeurs de respect, d’honneur et de gratitude envers les ancêtres et les enseignements transmis. Enfin, le Kyudo offre une voie vers la croissance personnelle et la compréhension de soi, en encourageant les pratiquants à transcender l’ego et à trouver la paix intérieure à travers la pratique.

Un terreau riche qui convient parfaitement à un animé mettant en scène des adolescents pas encore adultes mais en voie de le devenir. Dans Tsurune, chaque membre de l’équipe va grandir au gré des enseignements de dignité, de valeur et de maturité à travers l’art du tir à l’arc.

Grâce à une animation hypnotique, une musique envoûtante et une profondeur émotionnelle captivante, Tsurune se distingue pour offrir au spectateur une expérience unique qui touche le cœur et inspire l’esprit.

La première saison est disponible sur Crunchyroll. La deuxième l’est sur ADN.