Il existe de ces films japonais lumineux dont l’empreinte émotionnelle reste sur votre cœur pendant de longues heures après le générique de fin. Her Love boils Bathwater est de ceux-là. Avec lui, le cinéma japonais nous prouve une fois de plus sa propension à nous offrir des œuvres belles et marquantes. Découverte.
Her Love boils Bathwater est un long-métrage réalisé par Ryōta Nakano en 2016, qui en signe également le scénario. Il pourrait presque se retrouver sur la liste de vos feel-good movies alors même que son synopsis appellerait plutôt à la déprime.
Derniers instants de grâce
Her Love boils Bathwater raconte en effet le quotidien compliqué de Futaba Sachino, quarantenaire célibataire qui élève sa fille Azumi comme elle le peut, jonglant entre son travail dans une boulangerie et son rôle de figure maternelle autoritaire à la maison. Cette mère courage ne perd pourtant jamais son sourire et fait tout pour rendre la plus légère possible l’existence des personnes autour d’elle. Hélas, la maladie s’en mêle et elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer en phase terminale au pancréas et que ses jours sont comptés.
Sa relation avec sa fille est à un tournant puisque la jeune Azumi, 16 ans, est à un âge charnière où elle n’est plus vraiment un enfant mais pas encore une adulte. À l’école, son côté introverti et rêveur en fait la cible parfaite pour être victime de harcèlement de la part de certaines de ses camarades. Futaba ne veut pas la laisser livrée à elle-même et va partir dans une quête contre le temps pour la préparer à cette vie d’après qu’elle devra vivre sans sa mère.
Mélancolie joyeuse
Toujours accrochés au sourire de cette mère qui cache tant bien que mal sa tristesse de savoir qu’elle ne verra pas sa progéniture devenir une femme adulte, on suit l’envie de bien faire de Futaba avec force et respect. Elle a accepté son destin et veut partir l’esprit serein en sachant que l’avenir qui attend sa fille après sa disparition sera porteur de belles promesses.
Her Love boils Bathwater est un film doux-amer qui nous bouleverse et nous amène sur le terrain glissant de la comédie dramatique. La mise en scène fait dans la sobriété de cette émotion et offre certains plans très beaux qui n’ont pas besoin de mots pour nous marquer de leur puissance.
Même si les larmes nous viennent souvent au coin des yeux, le long-métrage se veut optimiste dans son message finalement positif qui laisse une grande place au courage, à la rédemption et nous rappelle que rien n’est jamais tout blanc ou tout gris.
Her Love Boils Water : un duo de grandes actrices
Si le film est aussi réussi, c’est pour sa belle histoire, mais également pour les partitions plus vraies que nature de Rie Miyazawa et d’Hana Sugisaki.
Difficile de ne pas sourire et pleurer en même temps que la première qui interprète cette mère avec justesse, sobriété et loin des pathos. La seconde est d’une fragilité déconcertante. Comme un oisillon tombé du nid, on n’a qu’une envie, c’est de la prendre sous notre aile et de la défendre contre cette vie qu’elle n’est pas prête à affronter toute seule.
L’ensemble des professionnels du cinéma japonais ne sont pas passés à côté des performances exceptionnelles des deux interprètes. Les actrices ont reçu de nombreuses récompenses sur l’archipel : Rye Miyazawa a reçu le prix de la meilleure actrice au Hochi Film Award, au Nikkan Sports Film Award, aux Japanese Movie Critics Awards et au Japan Academy Prize, qui est l’équivalent nippon des César en France. Hana Sugisaki a été honorée du prix de la meilleure actrice dans un second rôle dans les mêmes cérémonies et est repartie également avec celui de l’espoir de l’année au Japan Academy Prize.
Stéphane Hubert
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