Décédé en 2009, l’artiste et designer Shigeo Fukuda a laissé derrière lui un héritage artistique, et non des moindres. Artiste engagé politiquement pour la paix, il a contribué à la création de nombreuses affiches pacifistes qui restent aujourd’hui des références en termes de graphisme et de modernité. Mais Fukuda savait également jouer avec ce monde fait d’ombres et de lumières. En témoignent ces sculptures « à base de déchets » qui se transforment sous le bon éclairage, et qui sont aujourd’hui encore source d’inspiration pour d’autres.
Artiste créateur d’illusions
Shigeo Fukuda aimait bousculer les apparences. Il connaissait également la part d’ombre et de lumière de ce monde, et s’est fait une spécialité d’en jouer dans des créations étonnantes et riches de sens. Véritables prouesses artistiques, ses « sculptures d’ombre » témoignaient de son talent et de son ingéniosité, mais aussi de son goût pour l’illusion. Des amoncellements de déchets, d’objets divers et sans valeur, sous sa lumière, devenaient tout autre chose, et invitaient au travers de leurs ombres à reconsidérer notre regard.
Ainsi, l’œuvre intitulée « Lunch with a Helmet On » (1987), réalisée à partir de centaines de pièces de coutelleries (couteaux, fourchettes, cuillères…), une fois éclairée d’une certaine façon, nous dévoile l’ombre projetée d’une moto dont le soucis du détail ne peut que laisser sans voix. Pour « One cannot cut the sea » (1988), ce sont 2000 ciseaux soudés qui reconstituent un navire et ses multiples voiles. Pour son « Aquarium for Swimming Characters » (1988), des poissons de papier colorés qui flottent dans l’air se transforment en caractères japonais. Tout au long de sa vie, l’artiste va ainsi accumuler nombre de créations aussi éphémères que symboliques.
Révéler la beauté derrière le banal et l’usité
Réalisées à partir d’objets divers et variés que nombre d’entre nous classeraient dans la catégorie « déchets » ou « encombrants », les « Shadow sculptures » de Shigeo Fukuda ont encore le mérite de questionner notre rapport à l’usure et aux apparences. Car en effet, l’artiste Tokyoïte réussissait à chaque fois l’exploit de donner un nouvel éclairage à l’informe pour le transformer en quelque chose de beau ou d’inattendu.
Interrogé sur son art, Shigeo Fukuda évoquait sa faculté à trouver du sens à des objets ordinaires et banals. Des objets qui à première vue n’attirent pas l’œil, mais qui, une fois qu’on y revient, nous interpellent. Aujourd’hui, son travail trouve écho dans certaines œuvres ou performances qui reprennent le concept de ses « sculptures d’ombre ». Ainsi dans les années 2000, les artistes britanniques Tim Noble et Sue Webster se sont fait connaître avec leur sculpture « Dirty White Trash (with gulls) » inspirée de lui. Réalisée à partir de déchets ménagers sortie de n’importe quelle poubelle occidentale, l’œuvre révèle deux silhouettes assises dos à dos, dévoilant une scène qui exprime l’hédonisme contemporain. Les assemblages de Tim Noble et Sue Webster, sont encore aujourd’hui exposés, et acclamés à un niveau international.
Sources : Spoon-Tamago.com / Artefake.com / ThisIsMarvelous.com