Rassembler de grands architectes et designers japonais pour penser l’habitat du futur ? C’est ce que réalise pour la seconde fois Kenya Hara avec Home Vision 2, une exposition de divers projets urbanistiques en bois qui se tiendra à Aomi jusqu’au 28 août prochain.
Au Japon comme ailleurs, la transition écologique se fait urgente. Celle-ci est d’autant plus délicate dans le domaine de l’habitat que la situation sismique impose de nombreuses contraintes urbanistiques. En matière d’isolation, par exemple, il n’est pas rare que celle-ci soit très faible ou inexistante. Hivers comme étés, des climatiseurs doivent donc prendre le relais pour chauffer ou refroidir les maisons. Dans les ryokan (旅館) traditionnels, il est même courant que seule la pièce de vie soit chauffée.
Le projet House Vision, qui entre dans sa deuxième année, a été lancé par Kenya Hara, un important designer japonais réputé pour son minimalisme radical. « Ce n’est pas qu’une question de logement. L’habitation est une arène où différentes industries peuvent se réunir. » explique-t-il. C’est ainsi qu’est venue naturellement l’idée de rassembler le top des sociétés japonaises d’architecture et de design pour concevoir des installations grandeur nature à la fois esthétiques et pratiques, dans l’esprit minimaliste propre à la culture nippone.
C’est donc un complexe géant qui fut installé à proximité de la gare Aomi, non loin de Tokyo sur la ligne Yurikamome. Pour 1500¥ (12 euros), on peut y visiter pas moins de 12 aires et structures originales le tout exposé sur un très large espace ouvert. Tout au long du mois d’août, il sera également possible de rencontrer les architectes en personne. Le thème de cette année, intitulé « Co-dividual », se penche sur la vie collective très parcellée au Japon et sur les possibilités de reconnecter les individus à travers l’urbanisme et, notamment, les lieux partagés.
L’un des projets phares est sans doute une maison totalement réalisée en cèdre de Yoshino par l’architecte Go Hasegawa en partenariat avec Airbnb, le site de maisons partagées à louer. La partie centrale de ce type d’habitation est l’espace communautaire, cherchant à générer de nouveaux rapports sociaux qui, il faut le reconnaitre, se font parfois rare dans les centres urbains de l’archipel. L’étage est réservé aux zones utilitaires et privées. Une fois l’exposition terminée, la maison sera démontée et assemblée à nouveau à Yoshino d’où son bois provient. L’utilisation de matériaux locaux, à faible impact environnemental, est donc central dans la logique de l’architecte.
Parmi les autres habitats tous plus originaux les uns que les autres, on trouve la terrasse-bureau Tanada. Conçue pour les cultivateurs du riz, celle-ci est une invitation à la jeune génération Y de se réapproprier les campagnes avec un habitat à la fois prévu pour la production du riz traditionnel (avec sa terrasse adaptée) ainsi qu’une extension surélevée « hyper-connectée », adaptée aux plus jeunes. Cette station de travail à mi-chemin entre tradition et modernité permettrait, selon les concepteurs, de passer du champ au bureau de manière facilitée, créant un pont entre deux univers qui semblent parfois se bouder.
Source : house-vision.jp