Si les mois de juillet-août constituent la période de prédilection des événements festifs dits matsuri (祭り/祭), le mois de septembre n’est pas en reste, assurant la transition entre fin de l’été et début de l’automne…

Voici une sélection de matsuri singuliers se tenant durant ce mois, un pour chacune des huit régions majeures du Japon, plus Okinawa et Tōkyō.

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Chūbu : Owara Kaze no Bon (Toyama)

Du 1er au 3 septembre, dans le quartier Yatsuo à Toyama, l’Owara Kaze no Bon se distingue avec ses danses nocturnes rythmées par la musique des shamisen, des kokyu et des taiko.

« Le but est d’apaiser la divinité des vents, alors que la violence des typhons est susceptible de détruire les récoltes ».

Source : Akiko Yanagawa ; flickr CC

Depuis 300 ans, ce festival a pour but d’apaiser la divinité des vents, alors que la violence des typhons est susceptible de détruire les récoltes.

Les principales danses aux mouvements synchronisés sont effectuées par des femmes, toutes revêtues du même kimono et coiffées d’un chapeau de paille typique, baignées par la lumière des lanternes éclairant les rues.

Tōhoku : All Japan Kokeshi Festival (Naruko Onsen)

Du 6 et 7 septembre, Naruko Onsen (préfecture de Miyagi) célèbre les poupées Kokeshi avec ce festival qui leur est spécialement dédié depuis 1948.

La veille au soir se tient un service religieux au cours duquel des kokeshi abîmées sont jetées dans un feu purificateur en signe de gratitude. On prie également pour le succès des affaires des artisans. Le festival débute officiellement le lendemain par une cérémonie de consécration au sanctuaire Naruko Onsen.

Tout le samedi et dimanche, les visiteurs peuvent admirer les artisans en train de fabriquer des kokeshi, en acheter bien sûr, mais ils ont également l’opportunité de créer leur propre poupée. Une parade réunissant des habitants déguisés en kokeshi et des mikoshi prend place le samedi soir.

Kansai : Rite Choyo & Karasuzumo (Kyoto)

Cette singulière célébration, davantage un rituel même, se déroule le 9 septembre au sanctuaire Kamigamo de Kyoto. La journée débute avec le rite Choyo, au cours duquel des prêtres shinto offrent des chrysanthèmes (symbole protecteur et de longue vie) à la divinité du sanctuaire, Kamo Wakeikazuchi no Okami.

Devant des cônes de sable ‘tatesuna’ symbolisant le mont Koyama, des hommes imitent le comportement des corbeaux.

Ceci se réfère à une vieille légende liant les origines du sanctuaire aux corbeaux : le grand-père divin de Kamo Wakeikazuchi no Okami se serait incarné sous la forme d’un corbeau à trois pattes ‘yatagarasu’ pour guider l’Empereur Jinmu, le premier souverain mythique du Japon.

Source : Japanexperterna.se ; flickr CC

Puis, des enfants du quartier, répartis en deux équipes, se livrent à des combats de sumo pour divertir la divinité et la grande prêtresse Saiodai, fille et représentante de l’Empereur au VIIIe siècle, incarnée par une jeune femme. C’est le Karasuzumo, ‘sumo des corbeaux’.

La journée se termine par une cérémonie au cours de laquelle du saké avec des pétales jaunes de chrysanthème, réputé pour porter chance, est servi aux spectateurs.

Hokkaidō : Sapporo Autumn Fest (Sapporo)

Le festival d’automne de Sapporo se tient entre le 12 septembre et le 4 octobre, au parc Odori, de 10h à 20h30. Ici, pas de parades ou de danses car il s’agit d’un événement gastronomique permettant de découvrir les spécialités culinaires locales.

Source : MIKI Yoshihito ; flickr CC

Crée en 2008, cet événement a pour but de revitaliser l’économie de la région. Plus de 300 stands régalent 2 millions de gourmands par an. Impossible de ne pas trouver de plats seyant à son palais !

Okinawa : Zento Eisa Matsuri

Cette année, du 12 au 14 septembre, la ville d’Okinawa bat au rythme des tambours, des chants et du sanshin pour l’Okinawa Zento Eisa Matsuri, le festival des danses eisa, l’un des plus importants évènements de l’île qui attire 300 000 visiteurs. 

« La jeunesse est mise à l’honneur »

Le vendredi soir, le carrefour de Goya voit passer le défilé ‘Michijunee’ de danseurs aux costumes colorés et tambours battants. La jeunesse est mise à l’honneur le samedi avec ‘Festival de la jeunesse de la ville d’Okinawa’, organisé par l’Association de la jeunesse locale.

Puis le dimanche, c’est l’apothéose au Koza Sports Park où se succèdent des troupes d’eisa venues de toute l’île, rivalisant de maîtrise. Simultanément, au sous-sol du stade, se tient ‘l’Orion Beer Fest‘ si le besoin d’un rafraîchissement se fait sentir dans l’ambiance survoltée des danses.

Shikoku : Yokaichi Machinami Kangetsukai (Uchiko)

À la mi-septembre, à l’occasion de la fête de la lune ‘tsukimi’ (‘voir la lune’), le Festival des lanternes ‘Yokaichi Machinami Kangetsukai‘ d’Uchiko met en valeur les ruelles historiques et l’architecture traditionnelle qui font la réputation de cette bourgade.

Les habitants fabriquent eux-mêmes les lanternes de bambou et papier qui seront accrochées aux avant-toits des maisons du centre historique. En plus de l’atmosphère féérique que ces dernières créent, les visiteurs peuvent profiter de concerts de koto en dégustant un tsukumi dango (boulette de mochi blanche et ronde comme la lune) de saison.

Tōkyō : Akasaka Hikawa Matsuri

Du 19 au 21 septembre, le quartier tokyoïte d’Akasaka s’anime pour trois jours festifs avec les parades de mikoshi & de chars ‘dashi’ ainsi que les danses ‘Bon Odori’ du Akasaka Hikawa Matsuri.

« les chars qui défilent datent de l’époque Edo »

Détail non négligeable : les chars qui défilent datent de l’époque Edo, ayant miraculeusement réussi à survire aux vicissitudes du temps. Des stands ‘yatai’ permettent de se restaurer en appréciant le spectacle.

Kyūshū : Nagasaki Kyoryuchi Matsuri (Nagasaki)

Du 20 au 23 septembre, le Nagasaki Kyoryuchi Matsuri met en valeur les différentes influences culturelles étrangères qui ont imprégné la ville. Historiquement petit village portuaire, Nagasaki devint au XVIe siècle une ville prospère grâce à l’établissement de marchands portugais, et l’une des rares autorisées à commercer avec l’étranger durant la période ‘Sakoku’ de fermeture du pays entre 1650 et 1842.

Le festival essaime dans toute la ville, proposant un bazar, une chorale, une parade, et même une course dans la pittoresque rue en pente Oranda-zaka dite aussi ‘pente des Hollandais’.

Kantō : Ohara Hadaka Matsuri (Isumi)

Le 23 et 24 septembre, c’est le (mal nommé) ‘festival de l’homme nu‘ dans la ville d’Isumi qui marque le début de l’automne. Comme pour nombre de matsuri, on y prie dans l’espoir de pêches et récoltes fructueuses.

Ce festival se caractérise par son ‘shiofumi’ : des hommes, de fait vêtus d’un long pagne blanc, transportent des mikoshi jusqu’à la mer, sur la plage Ohara. En plus du poids du mikoshi qu’ils soulèvent au-dessus de leur tête, les porteurs doivent être attentifs aux vagues menaçant de les renverser. Le soir, ils ramènent les temples portatifs en courant à travers les rues, démontrant ainsi leur force et leur endurance.

Chūgoku : Kumano Fude Matsuri (Kumano)

Fin septembre, au moment de l’équinoxe d’automne, la ville de Kumano célèbre les pinceaux de calligraphie ‘fude’ pour la fabrication desquels elle est réputée. Kumano produit en effet plus de 80% des pinceaux de calligraphie, de peinture et de maquillage du Japon.

Source : GetHiroshima.com ; flickr CC

Le Kumano Fude Matsuri rend ainsi hommage à la production phare de la ville avec des performances de calligraphies géantes, des cours et même des compétitions, des danses ‘fude odori’ effectuées pinceaux en main, des ateliers de fabrication de pinceaux et de papier washi.

Pas moins de 10 000 pinceaux sont suspendus de chaque côté de l’escalier menant au sanctuaire Sakakiyama et un marché aux pinceaux ‘fudenoichi’ se tient au bas de ses marches.

Autres temps fort de la journée, le défilé d’un char en forme de bateau ‘higan-bune’, le lancer de mochi porte-bonheur à la foule, et un marché aux puces. On effectue aussi la crémation de pinceaux usés, en remerciement de leurs services.

Vous l’aurez compris, quelle que soit la région où vous vous trouviez en septembre, il y aura forcément un matsuri à découvrir !

– S. Barret


Image d’entête @Source : Akiko Yanagawa ; flickr CC