Takashi Miike ajoute une nouvelle ligne à son C.V avec « Lumberjack the Monster ». Un film qui part dans tous les sens, n’est pas toujours facile à suivre, mais nous offre de vrais moments fascinants de cinéma. À découvrir l’esprit ouvert en ce moment sur Netflix !

Lumberjack the Monster (怪物の木こり, Kaibutsu no kikori, littéralement « Monstre Bûcheron ») est un film de 2023 réalisé par Takashi Miike. Il s’agit d’une adaptation d’un roman écrit par Mayusuke Kurai.

Nous y suivons Akira Ninomiya (Kazuya Kamenashi), un avocat impitoyable, qui se retrouve pourchassé par le Bûcheron, un tueur en série masqué et voleur de cerveaux, muni d’une hache. Déterminé à retrouver cet agresseur, Akira plonge dans une enquête qui révèle des secrets sombres et troublants du passé. Ce face-à-face intense va emmener avec lui de nombreux personnages dans un tourbillon de violence et de révélations.

Tout sourit à Miike

Le réalisateur Takashi Miike vient de fêter ses 64 ans et son rythme de production ne semble pas ralentir. Sa carrière a commencé en 1991 et, depuis, le Japonais a mis en scène pas moins de 116 œuvres !

Que ce soit pour le marché vidéo, la télévision ou le cinéma, il ne recule devant aucun défi. Ce maître de l’angoisse a signé quelques chefs-d’œuvre qui ont permis à son nom de dépasser les frontières de l’archipel. Ainsi, de Audition (1999) à Ichi the Killer (2001) à sa trilogie Dead or Alive (1999-2000-2002), son cinéma fait le bonheur des amoureux de thriller et de films -il faut le dire- souvent complètement fous !

Ici réside sa marque de fabrique et ce qui fait aussi que ses réalisations sortent du lot. Ce qui ne l’empêche pas de cachetonner parfois avec des œuvres davantage grands publics, via des adaptations de jeux vidéo comme Yakuza (2007), Ace Attorney (2012) ou Onimusha (2023). Alors, bien sûr, quand on tourne autant, difficile de ne produire que des succès. Alors où se situe Lumberjack the Monster ?

Lumberjack the Monster : ça va trancher, chérie !

Dans les premières minutes du film, on retrouve le goût pour l’esthétique macabre du réalisateur. C’est sombre, les personnages dérangés sourient le regard empreint de folie et notre sang se glace, alors que celui d’un protagoniste éclabousse l’écran dans une gerbe hypnotique au rouge flamboyant.

Cette entrée en matière nous rappelle les meilleurs moments de Miike, le peintre de la violence ! Hélas, ce talent se fera plus discret ensuite, le film revenant en catimini au cœur d’une intrigue aux pistes floues, suivant une recette qui a un peu de mal à doser les ingrédients.

En effet, si vous pensez voir un film autour d’un serial-killer qui, comme son nom l’indique, enchaîne les meurtres, vous risquez d’être déçu sur la longueur. Si c’est bien le cas au début, cette prémisse est ensuite mise à l’écart et les actes de notre bûcheron énervé sont même souvent passés sous le prisme de l’ellipse. Nous arrivons directement sur la scène de crime et le cadavre est déjà froid depuis un moment. Ce sont ces moments que nous passons avec Inui Toto (Kiyohiko Shibukawa), un inspecteur, et Ranko Toshiro (Nanao), une profileuse.

Car, oui, le film est aussi une enquête policière. Il faut bien élucider ses crimes, non ? Pourtant, là n’est toujours pas le véritable thème du long-métrage.

La puce à l’oreille

Lumberjack the Monster est en effet également un film qui penche vers la science-fiction. Le héros, Akira, découvre ainsi rapidement qu’il a une puce dans la tête ! Celle-ci a un effet sur ses émotions. Ce qui est bien pratique puisqu’il n’est pas qu’avocat, mais aussi tueur professionnel. Bien aidé dans ses errements meurtriers par son ami Kuro Sugitani (Shōta Sometani, croisé dernièrement dans La Mélancolie), médecin mais pas seulement.

Ce thriller psychologique mêle ainsi critique sur les expérimentations humaines, suspense et horreur dans une atmosphère oppressante, où la frontière entre le chasseur et la proie devient ambiguë. Takashi Miike nous fait donc sursauter comme il se doit avec son bûcheron sinistre au costume et masque effrayants et très réussis. Il signe également quelques plans sublimant l’hémoglobine qui fascinent par leur froideur.

Lumberjack the monster aurait peut-être mérité un peaufinage pour densifier son intrigue et éviter quelques errements dus à sa complexité pas toujours justifiée. Néanmoins, on ne s’ennuie pas et, portés par un esprit aventureux à la recherche d’un cinéma différent, nous savourons cet OVNI filmique piloté de main de maître par un Miike, qui malgré les années, semble toujours autant s’amuser.

Le film est à découvrir sur Netflix.