Comme nombre d’entre vous, Poulpy est fan du studio Ghibli. On n’a pas pu résister bien longtemps lorsqu’une exposition temporaire consacrée au célèbre studio a ouvert ses portes cette semaine à Tokyo, à deux pas d’Akihabara. Un musée éphémère réalisé avec le concours de Toshio Suzuki, producteur en chef de Ghibli au rôle trop souvent méconnu. On vous fait la visite !

Son nom est moins connu que celui du génial réalisateur Hayao Miyazaki qu’on ne présente plus. Pourtant, si le studio Ghibli a pu exister, c’est aussi grâce à l’acharnement et au travail mené dans l’ombre par l’ancien président du studio, Toshio Suzuki.

À son sujet, Miyazaki a même déclaré : « S’il n’y avait pas eu M. Suzuki, il n’y aurait pas eu de studio Ghibli ». Cette exposition est dès lors l’occasion vitale de révéler l’influence importante qu’a eue M. Suzuki sur les productions Ghibli.

Photographie : Mr Japanization

De ce fait, cette exposition temporaire nommée Toshio Suzuki and Ghibli Exhibition, organisée par le studio même, expose des œuvres – affiches, images géantes, installations – dans le but de dévoiler au visiteur les messages cachées qui auraient pu lui échapper au visionnage des films. Dans l’une des salles, ces messages secrets ont pris la forme de phrases, de mots calligraphiés au pinceau, avec le talent de Toshio Suzuki lui-même.

Ces « mots magiques » suspendus dans les airs donnent l’impression de camoufler une large partie des affiches, indiquant une symbolique à décrypter pour les plus attentifs. Ils sont d’ailleurs des éléments cruciaux dans la promotion des films. Dans la pièce suivante, de nombreux croquis, notes et dessins originaux de M. Suzuki nous font découvrir comment les scènes sont imaginées seconde par seconde. On réalise à nouveau à quel point la production d’un film d’animation est un travail d’équipe acharné et minutieux. Avec comme autre objectif commun, celui de retracer les moments les plus forts de la production des films Ghibli.

Point incontournable de l’exposition, une double statue des sorcières jumelles Yubaba & Zeniba du Voyage de Chihiro haute de trois mètres ! Les visiteurs pourront aller retirer des prévisions d’amour du coté de Yubaba ou de réussite du coté de Zeniba. À condition de ne pas redouter de mettre la main dans leur bouche pleine de dents, fendue d’une grimace peu rassurante ! Des petites palettes en bois pendent dans leur bouche.

Quand on tire dessus, la sorcière se met à parler. Parfois elle se moque de la personne en face d’elle, parfois celle-ci est acclamée. Il suffit ensuite de prendre un papier correspondant au numéro donné par la sorcière. Un principe similaire à celui des « omikuji » que l’on trouve dans les sanctuaires shinto. Les prévisions sont mêmes agrémentées d’une calligraphie de Toshio Suzuki. Évidemment, nous avons tiré la pire des cartes possibles, nous promettant les pires déceptions amoureuses !

En gros, on a tiré la pire des cartes possible 😀

Enfin, on pourra aussi admirer une représentation très détaillée du château abritant les thermes Aburaya (Le Voyage de Chihiro). L’ajout de sons et de lumières changeantes lui donnent une impression de vie comme dans si l’on replongeait un instant dans le film ! Bien entendu, le musée temporaire regorge d’autres éléments et de détails difficiles à décrire sans image. En effet, il nous a été autorisé de photographier dans seulement 3 pièces sur l’ensemble du parcours…

Modestement, Toshio Suzuki déclare à propos de sa contribution : « Miya-san (Miyazaki) a fait les dessins, j’ai dessiné les mots ». Comme pour la minimiser alors que ses ajouts essentiels permettent de mettre en lumière la profondeur et la richesse des productions du studio. Et qui de mieux placé pour ce rôle que l’homme qui a travaillé avec Hayao Miyazaki et Isao Takahata depuis quarante ans à la réalisation de chefs d’oeuvre comme Le Voyage de Chihiro, Nausicaä de la vallée du vent, Le château ambulant et tant d’autres encore ?

En partant, les amateurs de goodies seront tentés d’assassiner leur portefeuille pour s’offrir un t-shirt, une plaque ema, une peluche, une figurine, une amulette « omamori », une poupée kokeshi à l’image de Yubaba, des douceurs… Mais ces goodies sont assez chers, « marque » Ghibli oblige, surtout que certains sont exclusifs à l’exposition. Sur place aussi les gourmands pourront se régaler de menus, quatre au choix, pensés à partir de films Ghibli évidemment, comme la glace inspirée par la forêt de Mon voisin Totoro ou le thé avec une boule de riz au sésame, référence au Voyage de Chihiro.

Petite précision d’importance, l’exposition ne dispose pas de traduction anglaise, le touriste de passage n’en étant pas le public-cible. Tout est en japonais (sauf les prévisions, traduites en anglais) mais cela n’empêche nullement les fans de se fondre dans l’ambiance « Ghibliesque » de l’exposition. Éphémère, celle-ci se tient du 20 avril au 12 mai au sanctuaire Kanda Myojin, à l’adresse 2 Chome-16-2 Sotokanda, Chiyoda City. Très peu touristique, le lieu méconnu vient d’être rénové et est véritablement somptueux. Comptez 1300 yens l’entrée (10 euros).

Si des amoureux des films d’animation pourront regretter de ne pas visiter cette exposition de courte durée, qu’ils se rassurent, le studio Ghibli compte ouvrir un parc d’attraction à Nagoya en 2022. Comptez sur Poulpy pour aller y faire un tour et vous ramener quelques images à vous en faire baver !

S. Barret


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