Même si les cerisiers commencent à perdre leurs pétales à Tokyo, le Hanami n’est pas encore fini sur l’Archipel. Au nord, il ne fait même que débuter timidement. L’un des trois cerisiers géants du Japon, le cerisier millénaire « Takizakura » situé dans la préfecture de Fukushima, est en pleine floraison. Un symbole de rudesse et de renaissance perpétuelle pour cette région lourdement touchée en 2011 par trois catastrophes…

C’est le trésor de la ville de Miharu que l’on nomme « Miharu Takizakura«  (三春滝桜). Un nom signifiant « cerisier en cascade de Miharu » et qui trouve toute sa signification au moment où les dizaines de milliers de fleurs de l’arbre éclosent entre la fin du mois d’avril et le début du mois de mai. Si l’arbre n’est pas très haut, culminant à seulement 12 mètres de hauteur, toute sa beauté provient de son tronc – d’une circonférence de 9,5 mètres ! – qui envoie dans toutes les directions d’immenses branches chargées de dizaines de milliers de fleurs en ce mois d’avril. Ainsi, l’envergure de l’arbre dépasse largement sa hauteur avec 22 mètres dans la direction est-ouest et 18 mètres dans la direction nord-sud.

Des poutres aident au soutien des longues branches. Source : wikimedia commons

Attachés au respect de la nature de part la religion shintoïste, les Japonais vénèrent cet arbre et le désignent régulièrement dans les sondages comme leur arbre préféré. Et à le voir majestueusement en fleurs on comprend aisément pourquoi ! Le Takizakura est un cerisier pleureur appartenant au genre « Prunus pendula » typique du Japon qui mesure en moyenne 4 mètres de haut pour 5 mètres de large. Les mensurations du Takizakura sont donc exceptionnelles tout comme son âge, estimé à plus de 1000 ans. Il est aussi le père de nombreux autres cerisiers dans la campagne entourant Miharu.

Le cerisier a réussi à traverser dix siècles d’histoire sans subir les outrages du temps ou de la main de l’homme. C’est la neige que le colosse redoute surtout. En janvier 2005, il a affronté d’importantes chutes de neige dont le poids a cassé plusieurs de ses branches. Les habitants de Miharu se sont mobilisés pour retirer la neige puis lui installer des poutres de soutien. Le terrible séisme qui a frappé Fukushima le 11 mars 2011 ne lui a heureusement causé aucun dommage. Il a aussi résisté à la contamination nucléaire alors qu’il se trouve dans une zone qui fut fortement contaminée. Les Japonais y voit le symbole de la renaissance de la région, tant souhaitée par les autorités (ce qui ne manque d’ailleurs pas de faire polémique).

Sa présence dans la petite ville agricole de Miharu (au nord du Tohoku) en fait l’attraction principale et il faut bien le dire, une importante source de revenus, plus de 300 000 touristes s’y rendant chaque année pour admirer le cerisier géant. Son accès pendant la floraison est facturé 300 yen (2,3 euros) et l’argent récolté sert à la protection de l’arbre et des lieux. Des estrades sont même spécialement installées pour faire des photos de groupe. Sur place les visiteurs pourront acheter des souvenirs et des produits locaux au goût sakura (glaces, thé, gâteaux).

Depuis 1922, le Takizakura est classé trésor national, ce qui le désigne comme « bien culturel important d’une valeur exceptionnelle et de portée universelle appartenant au patrimoine culturel matériel de la nation ». Les biens reconnus « trésor national » au Japon bénéficient de fonds pour leur protection et leur conservation. Pour se rendre sur place en partant de Tokyo, il faut prendre le JR Tohoku Shinkansen jusqu’à Koriyama. De là, on prendra la ligne JR Banetsu-to jusqu’à la station Miharu où un bus temporaire en avril conduit les curieux jusqu’au mythique cerisier. Bien sûr, on peut aussi s’y rendre directement en voiture.

Le cerisier est éclairé de 18h à 21h, pour un spectacle grandiose. Source : wikimedia commons

S. Barret


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