Okayuri ou les aquarelles flottantes d’une jeunesse japonaise fleurie

18 septembre 2021

Au royaume de l’intime, les émois restent des secrets difficilement dicibles. C’est avec une palette de couleurs aussi vives que douces que l’artiste japonaise Okayuri met en images son affect. Elle signe d’émouvants portraits de jeunes filles évanescentes, que l’on imagine en prise avec un maelstrom de sentiments. Jeunesse et féminité prennent vie dans des aquarelles transparentes, des peintures à l’acrylique et quelques dessins aux crayons de couleur. À travers ces portraits, l’artiste peintre évoque son ressenti, et livre une part d’elle-même. Découverte.

Le mantra d’Okayuri (connue aussi sous Blackistat2 ou Silent Heart) : dessiner et colorer les sentiments que l’œil humain ne peut percevoir. Son sujet de prédilection : la jeunesse fleurie. L’artiste, aussi connue sous le nom d’Okayuri, signe des portraits de ravissantes jeunes filles japonaise, à en croire leurs vêtements. Elles portent généralement des costumes de marins, le fameux Sailor Fuku, aux larges cols à liserés et aux manches bouffantes.

Omniprésentes dans l’œuvre, les fleurs sont nouées aux cheveux, portées en bouquets, ou encore attachées aux vêtements. Silent Heart s’est intéressée dès l’enfance à l’univers des anime et des mangas, des sources d’inspiration lisibles dans les visages ronds, les grands yeux expressifs et les bouches discrètes. Mais sa touche artistique est vraiment unique, douce et flottante.

La vivacité de la palette de couleurs est adoucie par la légèreté et la transparence de l’aquarelle. La prédominance du rose est certaine, auquel le vert d’eau fait souvent écho. La technique de l’aquarelle donne aux regards, aux chevelures, aux drapés des tissus et aux contours mêmes des personnages un caractère glissant, délicieusement impalpable et légèrement onirique. Les contours flous apportent aux illustrations la légèreté de formes mouvant au gré de la bise. L’eau des aquarelles laisse parfois supposer des larmes qui perleraient dans les yeux grands ouverts des adolescentes.

Lumineuse et sensible, l’œuvre de Blackistat2 dépeint une jeunesse éphémère comme un papillon de nuit, des fleurs à l’éclosion passagère, autant de trésors voués à ne pas durer, destinés à s’évaporer dans le temps. La contemplation de beautés caduques et fragiles constitue un élément majeur dans une culture japonaise particulièrement attachée au hanami, l’admiration printanière des fleurs de cerisiers.

Okayuri exprime avec délicatesse tout ce qui est invisible et momentané, indicible et fugace, et qui, en s’épanouissant comme par miracle ou enchantement, touche au cœur. L’aquarelliste dessine et peint à travers ses portraits les émotions qui tourbillonnent en elle, le flot de sentiments passagers que les mots ne sauraient traduire.

Diplômée de l’université d’Art et de Design de Yokomama, Okayuri a présenté plusieurs expositions collectives ou personnelles : d’abord sur le campus de l’université, puis dans des galeries, à l’occasion de festivals et d’événements. Elle a un temps travaillé dans un bureau d’études, où elle était en charge de la conception des illustrations et des visuels pour les brochures et les sites web.

Désormais spécialisée dans le portrait, elle crée des productions libres selon l’inspiration, mais travaille aussi sur commande à des travaux sur mesure. Elle réalise des illustrations personnalisées pour des particuliers, comme des dessins commerciaux pour le compte d’entreprises. Ses images originales sont imprimées sur une large gamme de supports : vêtements, tote bags, étuis pour smartphones, mugs, sacoches, chapeaux, cartes postales et autocollants… Ces objets sont destinés à être soit des articles promotionnels, soit des cadeaux originaux, porteurs de messages personnalisés. Tous ces produits sont disponibles via des sites de vente par correspondance.

Pour Okayuri, l’illustration sert de tribune pour exprimer la profondeur des émotions. Et l’aquarelle en camaïeu représente au plus juste les degrés de la pensée. L’aquarelliste envisage les fleurs comme l’incarnation de la beauté éphémère, les marinières, sans doute comme un signe de dualité et d’ambiguïté, l’adolescence comme un bref état de transition dans un long phénomène de changement. Dans ces schémas complexes, un dénominateur commun : le charme de l’instant, la beauté en changement perpétuel, entre mutation et floraison.