Monami Ohno 大野萌菜美 est une artiste spécialisée dans la sculpture, mais sur base d’un matériau vraiment spécifique ! Sa matière de prédilection : le carton recyclé. Entre ses mains, cette matière banale se transforme en sculptures particulièrement réalistes et détaillées. Découverte artistique.

Un coup d’œil à ses réalisations suffit à comprendre pourquoi Monami Ohno est surnommée au Japon la « cardboard girl » (la fille-carton). Depuis plus de 10 ans, l’artiste japonaise utilise en effet exclusivement du carton d’emballage recyclé pour générer son art.

Ce choix lui permet de ne pas manquer d’une matière première abondante et bon marché : Monami Ohno récupère ce carton principalement à partir de colis d’Amazon qu’elle trouve dans les poubelles ou qu’elle a reçus suite à des commandes, ainsi que d’emballages de bières. En recyclant ces matériaux au lieu de les envoyer aux déchetteries, elle leur donne une nouvelle vie sous la forme d’œuvres d’art uniques. Cette utilisation de carton est née d’une nécessité économique. Alors qu’elle étudiait l’animation 3D à l’Université des Arts d’Osaka, des études assez coûteuses au Japon, elle a dû imaginer des solutions pour travailler avec un budget limité.

Le carton lui permit de se passer de coûteux logiciels d’animation 3D ; puis à l’usage, elle s’est rendue compte qu’il s’agit d’une matière amusante à travailler et en a finalement fait sa spécialité devant l’enthousiasme de ses professeurs et amis. Elle raconte que sa première sculpture était « un truc qui ressemble à un vélo ».

le roi des kaijus, Godzilla

Une fois le carton récupéré, Monami Ohno n’a besoin que de ciseaux, d’un cutter, d’une règle, de pinces, de colle et de ruban adhésif (et beaucoup de patience !) pour que son talent fasse naître une nouvelle œuvre. Ce matériau se prête ainsi parfaitement à son style artistique. Elle utilise souvent plusieurs couches de carton pour créer des textures et des reliefs complexes, tout en ajoutant des détails fins pour donner vie à ses sculptures. Sa capacité à transformer un matériau de récupération en œuvre d’art délicate et expressive est un témoignage de son talent créatif.

Elle ne sert pas de plan pour les confectionner, préférant dessiner ses idées directement sur le carton. Selon la taille de l’œuvre, sa réalisation prend une dizaine de jours à trois mois. En pliant, découpant et assemblant des morceaux de carton avec minutie, elle parvient à créer toutes les formes et motifs qu’elle souhaite avec un sens du détail tout aussi travaillé pour un maximum de réalisme. Le plus difficile pour elle étant de donner une forme arrondie au carton.

Elle laisse volontairement visible la couleur et l’aspect d’origine du carton pour faire ressortir sa beauté intrinsèque. Comme elle le détaille : « l’un de mes objectifs est de montrer le carton d’une manière mignonne donc je vais lisser les bords pour les rendre plus ronds et mignons. » Et le caractère rudimentaire qui en émane contribue à mettre en valeur la complexité de l’œuvre finale.

Une montre géante
Des nouilles instantanées « Cup Noodles »

L’artiste de 29 ans puise son inspiration principalement dans la pop-culture et des objets de la vie quotidienne. Elle a ainsi recrée des Pokemon, Mario, des kaijus comme Godzilla, des robots issus du « Château dans le Ciel » et de Gundam, des Lego, Pac-Man, des montres, une boite de nouilles instantanées, une paire de chaussures (qui peuvent être portées), une canette de bière, un plateau de fast-food, des maquettes…

Grogu, plus connu sous le nom de « Bébé Yoda »
Le robot gardien du « Château dans le Ciel »

Monami Ohnoa déjà réalisé 200 œuvres en carton. Un livre leur a été consacré et certaines ont été exposées dans des galeries au Japon et l’étranger, signe de sa popularité et de reconnaissance artistique.

Elle conserve une partie de ses œuvres chez elle, comme élément de décoration. « Je réalise des objets avec lesquels j’aimerais vraiment décorer ma maison. » déclare-t-elle.

Le kaiju Twin Tail dans Ultraman
Fresque inspirée de deux célèbres estampes : la Grande Vague de Kanagawa (Hokusai) & Takiyasha la sorcière et le fantôme du squelette (Kuniyoshi)

Sans toutefois revendiquer une position écologique, Monami Ohno concède : « Honnêtement, je ne sais pas vraiment si est lié aux questions environnementales. Mais éventuellement, si ça fait sens, ce serait bien que les gens puissent voir mon travail, qui est fait de carton et de matériaux recyclés plutôt que de plastique, et réaliser qu’il y a ce genre de personnes engagées dans le recyclage. »

Retrouvez les œuvres de Monami Ohno sur sa page facebook et son compte instagram.

S. Barret