Les matsuri les plus connus auprès des touristes sont sans aucun doute ceux qui ont lieu en été et dans les régions touristiques. Cependant, de nombreux festivals ont lieu toute l’année partout à travers le Japon. À la croisée entre mythes et traditions locales, les matsuri des régions reculées sont d’autant plus fascinants que les observateurs sont rares ! Dans cet article, Poulpy vous emmène découvrir un matsuri local tout en authenticité : le Kasedori de la préfecture de Yamagata ou Festival de l’oiseau de paille.
La préfecture de Yamagata
Assez méconnue des touristes, la préfecture de Yamagata est située dans la partie Nord de Honshu et s’ouvre sur la mer du Japon. Dans cette région, en témoignent les images, la nature domine. Comme le nom de la préfecture l’indique, Yamagata (山形->山=Montagne 形=Forme) est une région réputée pour ses montagnes.
Chemins de randonnée, temples et sources thermales contribuent également à la renommée de cette dernière. Pourtant, le lieu peu médiatisé reste assez peu visité des étrangers. Non loin de la capitale régionale (Yamagata) se situe la ville de Kaminoyama 上山. C’est dans cette ville aux mythes millénaires que se tient chaque année le Kasedori 加勢鳥 !
Le festival Kasedori
Le festival Kasedori ou « Festival de l’oiseau de paille » prend place le 11 février, et ce, tous les ans depuis sa création au début de la période Edo (1603-1868).
La célébration met en scène de jeunes hommes simplement vêtus d’un manteau de paille recouvrant leurs sous-vêtements appelé « Kendai » ケンダイ.
La forme singulière du costume rappelle celle d’un oiseau, en honneur au légendaire Kasedori. Le jour du matsuri, les jeunes hommes revêtus de ce dernier deviennent alors des réincarnations divines.
Le festival qui vous met au défi du froid !
Lors du matsuri, arroser un Kasedori fait office de prière. Pour les commerces et agriculteurs, cela garantit une récolte abondante et des affaires florissantes pour la nouvelle année. Pour les habitants de la ville, la prière assure la sécurité de leur famille, et la protection contre les incendies.
Le matsuri étant ouvert à tous, il est possible pour un touriste de passage d’arroser aussi un Kasedori et de se voir accorder ses bienfaits. Rappelons tout de même que nous sommes au plus fort de l’hiver au nord du Japon avec des températures généralement sous la barre du zéro degré. Les participants semblent pourtant prendre un grand plaisir à l’exercice qui renforcera leur système immunitaire pour l’année à venir.
Le festival est également l’opportunité de réunir les habitants et de créer du lien entre les différentes générations. Enfants comme retraités, tout le monde est invité à arroser les Kasedori ! Une opportunité de se mélanger aux Japonais et de vivre une expérience immersive dans la culture du pays.
L’histoire du Kasedori matsuri
L’origine du Kasedori matsuri remonte aux années 1600, à une période où de grands incendies frappaient la région. En effet, l’hiver japonais est réputé pour être particulièrement sec. La légende raconte que les terres, autrefois ravagées par le feu, furent sauvées par un oiseau de paille légendaire. Ce dernier apporta de l’eau et sauva des cendres Kaminoyama et sa région. Le légendaire oiseau nommé Kasedori gagna ainsi le cœur des locaux qui le célèbrent chaque année depuis.
Aujourd’hui encore, le mythe à la base du matsuri, ainsi que les rites et différentes étapes du matsuri se déroulent de la même manière qu’à l’époque Edo. En presque 400 ans de tradition, un aspect du festival a cependant dû évoluer. En effet, le Kasedori matsuri était originellement célébré sur deux jours consécutifs dans différents villages.
De nos jours, les villages qui parsemaient la région ont grossi jusqu’à fusionner pour devenir une seule et même ville. Le développement de la région n’a cependant pas impacté le déroulement en deux étapes du festival. Ces dernières se déroulent simplement sur une seule et même journée.
Le déroulement du festival
La première partie du festival se déroule au château de Kaminoyama pour une cérémonie Shinto. A la fin de la cérémonie, les Kasedori se mettent à danser autour d’un feu en chantant : « Ka! Ka! Ka—! » , en hommage au chant de l’oiseau légendaire. On arrose alors les Kasedori d’eau sacrée afin de commémorer et de remercier l’oiseau qui sauva la région des flammes.
Durant la seconde partie du festival, les Kasedori s’en vont danser et chanter dans les rues de la ville. Les habitants ont alors l’occasion d’arroser les Kasedori pour apporter la bonne fortune à leurs familles et aux commerces de leur ville.
Les différentes manières de profiter du festival
Enrouler une serviette en haut du Kentai d’un Kasedori
Si possible, pensez à venir au festival avec une petite serviette. Vous pourrez ainsi l’enrouler sur le haut du Kendai de l’un des Kasedori. Il est également possible d’attacher la serviette au bras de ce dernier.
Une manière amusante de prier le dieu-oiseau et de garantir pour un an la sécurité à votre famille, des affaires prospères pour votre commerce, la sécurité face aux incendies, et des récoltes abondantes pour la région ! Sans être religieux, les japonais sont toujours très attachés à ces petites superstitions locales.
Arroser un homme-oiseau d’eau sacrée
Si vous n’avez pas de serviette, pas de panique ! Comme expliqué plus haut, la tradition invite les personnes participant au festival à arroser les Kasedori avec de l’eau. Seulement, il n’est pas possible d’arroser les hommes oiseaux avec n’importe quelle eau. Elle doit être sacrée afin d’honorer l’oiseau légendaire.
Lors du matsuri il est possible de se procurer cette dernière auprès d’un stand. Vous pourrez alors la déverser sur le Kasedori de votre choix. Le contact de l’eau glacée sur la peau doit sûrement les aider à chanter plus fort le chant de l’oiseau légendaire. « Ka! Ka! Ka—! »
La paille porte-bonheur du Kasedori
Le temps d’une journée, les hommes oiseaux du festival Kasedori sont considérés comme des réincarnations divines. C’est pourquoi les brins de paille qui tombent de leurs tuniques sont récupérés par les japonais et utilisés comme porte-bonheur !
Il est dit que ces pailles apportent la bonne fortune lorsqu’elles sont attachées aux cheveux d’une jeune fille – la bénissant et lui garantissant une belle chevelure noire à vie. Rappelons que le Japon reste profondément hégémonique et que la couleur des cheveux étaient exclusivement noire pendant des siècles, développant ce type de rituels spécifique sans rapport avec une quelconque idéologique de race.
Attention cependant à ne surtout pas prendre directement la paille sur les costumes, auquel cas la bénédiction ne fera pas effet. On ne déplume pas une réincarnation d’oiseau légendaire ! 😉
Le Kasedori matsuri est en définitive l’un des festival les plus loufoques du Japon. Une expérience qui vous garantira des souvenirs uniques de votre voyage dans l’archipel !
LARUE Mathis & Mr Japanization