Au Japon, à la folie et l’énergie des grandes villes répondent le calme et la sérénité de la campagne. C’est ce charme entre tourbillon et lenteur que « Bread of Happiness » met brillamment en lumière. Retour sur cette douceur du cinéma japonais. 

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Bread of Happiness est un film de Yukiko Mishima (The Housewife) sorti au Japon en 2012.

On y suit Rie et Nao, un couple qui tient le café Mani dans la petite ville de Tsukiura, à 3h d’Hokkaido. Ici, habitués et gens de passage peuvent déguster de bons breuvages chauds et des pains cuits sur place. On peut même y rester la nuit et profiter d’un repas cuisiné avec les ingrédients de saisons cultivés dans les environs.

Des histoires s’y écrivent, s’y entremêlent et font de ce lieu celui qui réchauffe les âmes.

Là où s’écoule le temps

Si Bread of Hapiness est bien une histoire de relations humaines, c’est également un projecteur fixé sur un lieu de grande beauté. Le café Mani est en effet situé au bord du lac Toya, dans la région d’Hokkaido. La réalisatrice a ainsi la bonne idée de faire évoluer son scénario au gré des saisons.

Nous profitons alors, tout au long du film, de cette nature changeante et magnifique. Le grand soleil qui se reflète sur l’eau tandis qu’il se couche… La neige abondante dans cette région du nord qui blanchit l’horizon.

Il y a aussi les sons qui font partie intégrante du charme de ce cocon. Les clapotis de l’eau paisible. Le vent dans les champs qui fait vibrer les brindilles. Le bois qui crépite dans la cheminée. Les sens s’y éveillent et, au milieu, se trouve le café Mani où trouver le réconfort et une oreille bienveillante.

Bread of Hapiness : à la croisée des chemins

Le film de Yukiko Mishima s’articule autour de quatre histoires bien différentes mais toujours très touchantes et humaines. Dans le style, elles nous rappellent celles de Midnight Diner, la série Netflix. Là aussi, tout tourne autour d’un lieu de restauration. Ici, il est tenu par ce couple rayonnant et aux visages toujours souriants.

On y prend son temps. On vient y panser ses blessures avec de la nourriture parfois synonyme de souvenirs. On vient y recoller les morceaux en partageant un plat richement parfumé. Les épaules y sont offertes pour s’y soutenir moralement et physiquement.

Le film nous en dévoile petit à petit un peu plus sur les personnages et leurs parcours de vie. Qu’est-ce qui, par exemple, se cache dans la valise de Abe, l’homme au chapeau melon ? C’est un des mystères qui nous sera dévoilé dans une scène aussi belle que surprenante.

Bread of Hapiness met l’entraide au centre de son récit. Que ce soit chez les habitués, les propriétaires ou les invités du destin, on finit toujours par trouver la réponse à son problème. Le long-métrage nous rappelle ainsi une règle parfois oubliée : si nous ne trouvons pas d’issue en nous-mêmes, alors laissons ceux qui nous soutiennent nous aider à la trouver en eux. Ici, au bord du lac, tout se fait en plus dans une grande quiétude.

Retour à l’essentiel

Il est vrai que le café Mani est un écrin parfait pour ce que l’on pourrait appeler une vie simple. On y vient pour se ressourcer et s’éloigner de la folie et du stress des grandes villes. Le café est desservi par un bus, lui aussi symbole d’une vie plus lente. Le bon pain et le café sont des sources de réconfort. Mais même si on y prend son temps, on n’en oublie pas un principe primordial chez les Japonais : la qualité.

Rie met donc tout son cœur pour que son pain soit le meilleur possible. Il n’hésite pas non plus à innover pour surprendre. « Je voulais que les gens ressentent les saisons en mangeant mon pain » confie-t-il. C’est l’amour du travail bien fait.

Yoko, l’énigmatique souffleuse de verre qui semble lire dans les pensées, en est également le parfait exemple, elle qui jette une pièce quand elle juge qu’elle n’est pas parfaite. C’est cet état d’esprit qui a fait de l’artisanat japonais un des plus prisés de la planète.

Les acteurs ont également un capital sympathie indéniable qui sert le film. Tomoyo Harada et Yô Ôizumi sont rayonnants. Ils sont très bien entourés et on sent que tout ce petit monde est très heureux de se retrouver devant la caméra discrète et délicate de Yukiko Mishima.

Bread of Hapiness est un film qui fait du bien et qui réconforte par son humanisme et sa beauté. On sort de ses presque deux heures un grand sourire aux lèvres avec l’envie de redonner plus de place dans nos existences au mot « Compagno », le préféré de Rie.

Le film est à retrouver en streaming gratuit et légal sur le site du Japan Film Festival jusqu’au 1er mai.